Rencontre avec Fathallah Oualalou à Agadir : “Le passé nous sert pour les valeurs et nous orientons notre projet en fonction du présent et de l’avenir”


M’BARK CHBANI
Jeudi 26 Août 2010

Rencontre avec Fathallah Oualalou à Agadir : “Le passé nous sert pour les valeurs et nous orientons notre projet en fonction du présent et de l’avenir”
Le cycle de rencontres ouvertes des responsables de l’USFP avec les bases militantes du parti et les citoyens se poursuit à travers le pays en ce mois sacré de Ramadan. C’est dans ce cadre que s’inscrit la rencontre qui a eu lieu mardi soir à la salle des fêtes de la municipalité d’Agadir avec Fathallah Oualalou,  premier secrétaire-adjoint du parti, sous le thème : « L’Union socialiste des forces populaires dans le paysage politique actuel au Maroc».
Au début de cette rencontre, qui s’est déroulée devant une assistance très nombreuse, Fathallah Oualalou a exprimé sa grande joie de se retrouver encore une fois dans le Souss et précisément  à Agadir,  une région et une ville qui ont joué un rôle important au sein du mouvement national et dans la libération du pays. Agadir et le Souss en général,  a dit M.  Oualalou,  ont affronté les mêmes difficultés que l’USFP au cours de son long combat pour la liberté et l’indépendance.
Partant de ce passé historique qu’il a tenu à rappeler, pour le militant qu’il est, ce qui importe surtout, a-t-il poursuivi, c’est les valeurs dont nous devons inspirer; les qualités morales qui ont marqué l’orientation militante de l’USFP de manière générale et dans le Souss en  particulier. Vu  l’évolution que connaît cette région, elle est à même d’être un laboratoire avancé de l’évolution de notre pays tant sur le plan économique, et ce dans tous les secteurs : agriculture, pêche , tourisme, industrie, services et activité universitaire et culturelle également.  Ceci est essentiellement le fait de la créativité des ressources humaines de la région aussi bien celles qui s’y rattachent que celles venues d’autres régions du Royaume, a ajouté M.  Oualalou.
Et M.  Oualalou de poursuivre :« Le passé nous sert pour les valeurs, quant au  présent et à l’avenir, nous en tirons l’orientation de notre projet. Aujourd’hui, au Maroc, nous avons besoin de cette dualité : Les valeurs, et en même temps l’interrogation du présent et de  l’avenir. Une grande évolution a lieu dans notre pays et dans la société marocaine. Car n’oublions pas que nous sommes dans un monde qui évolue à grande vitesse. Donc, le  passé est la source du militantisme, des valeurs, et l’avenir source de travail, d’effort. La créativité, l’adaptation aux changements et le lien entre les valeurs qui nous proviennent du passé et cette culture de l’effort, de la créativité, la culture de la sortie de l’inertie qui peuvent nous servir de  base essentielle au projet politique. J’ai employé l’expression «projet politique» parce que je constate qu’il existe actuellement dans notre pays une crise de l’exercice de la politique. Ce n’est pas  une crise politique, mais une crise de l’exercice politique. Nous devons donc la définir pour la dépasser, car cela est dans l’intérêt du pays; c’est l’objectif essentiel».
L’USFP doit donc chercher son positionnement parce que c’est un parti pour tous les Marocains et particulièrement les Marocains qu’il défend, à savoir: les intellectuels, les Marocains marginalisés, et tous ceux qui ne doivent pas l’être principalement.
S’agissant de limiter les responsabilités, M. Oualalou souligne qu’il faut certes voir,  en toute objectivité, quelle est la responsabilité des autres, mais aussi quelle la part de l’USFP dans cette régression  que connaît ces dernières années l’exercice politique qui est en crise ouverte, et que l’on doit surmonter.
M. Oualalou a ensuite passé en revue tous les changements qu’a connus notre pays depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui en passant par l’expérience de l’alternance démocratique notamment, soulignant que l’USFP a toujours été un grand acteur du champ politique national à travers son histoire, tout en rappelant les sacrifices consentis dans ce domaine : Mehdi Ben Barka, Omar Benjelloun, etc, et le rôle joué à la tête du parti par Abderrahim Bouabid, le 7ème congrès historique du parti, la Marche Verte lancée par Feu Hassan II à partir d’Agadir justement. Tout n’était pas facile dans le paysage politique  d’alors et dans le cadre de la lutte et de la rupture.
Et M. Oualalou de rappeler également l’expérience de la Koutla démocratique (USFP, Istiqlal, PPS) dans les années soixante-dix.
Depuis plusieurs décennies, le Maroc n’a pas pu améliorer les moyens de son développement.
Tandis que l’on assiste à une poussée démographique à l’origine de difficultés  dans le domaine du logement, l’enseignement, la santé. Et à cause des dérapages de la politique économique de l’époque, le pays fut contraint de s’engager dans la politique d’ajustement structurel, ce qui est à l’origine du gouffre entre le militantisme politique et l’immobilisme des structures économiques. Et M. Oualalou de noter que maintenant, c’est l’inverse qui se produit : Evolution dans le domaine économique et de l’équipement et inertie des structures politiques. Et de souligner qu’on ne doit pas oublier les changements intervenus dans un monde qui évolue rapidement : disparition de l’URSS, apparition de la culture des droits de l’Homme et c’est justement dans ce cadre que s’inscrit l’action de la Koutla qui a conduit finalement aux grandes réformes essentielles. Nous étions dans une zone négative et nous commencions à entrer dans la zone positive du début des années 90 et celui du siècle actuel.
Il est à noter aussi que c’est dans ce cadre qu’est venu le gouvernement de l’alternance et l’amorce d’une nouvelle ère de changements essentiels que le Maroc a connus. Aujourd’hui, nous constatons l’inverse. Nous nous trouvons dans une dynamique de la vie économique, dans les équipements, des autoroutes, des ports, des zones industrielles, touristiques, dans les politiques sectorielles, mais un recul  dans l’exercice politique. Et  c’est ce qu’il faut donc surmonter parce que le paysage politique est de plus en plus marqué par plus de flou.
Le Premier secrétaire-adjoint reconnaît que c’est dans ce cadre également que les partis, et en particulier l’USFP, n’ont pas pu et ne sont pas arrivés, pour des raisons  objectives et non seulement propres,  à profiter des grandes mutations qu’a connues notre pays et auxquelles ce dernier a apporté une grande contribution. Ceci rappelle le début de l’indépendance, car en ce temps, le mouvement national et le mouvement progressiste ont joué un rôle, mais ce n’est pas eux qui ont pu en profiter. Le profit s’entend ici au plan moral bien sûr et non matériel.
Même lors de ces dix dernières années, il y a eu plusieurs mutations, émergence d’une grande  puissance, de locomotives économiques, la Chine et l’Inde, la crise économique que le monde a vécue ces deux dernières années, la gouvernance internationale qui change…
Cette situation a fait, a encore dit M. Oualalou qu’à l’USFP, on se pose, aujourd’hui, la question suivante : « De quoi avons-nous besoin aujourd’hui?» et de répondre : «Nous avons besoin d’un nouveau souffle  de réformes qui doit donner à la politique son rôle. Ce souffle, est une chose essentielle. Car au cours des dernières années, il s’est creusé une sorte de gouffre entre les progrès qu’a connus le Maroc dans des domaines très importants: La Moudawana, le statut  de la femme, la réhabilitation de la langue amazighe, la réconciliation avec le passé, la réconciliation avec les provinces qui étaient marginalisées, au Nord, le projet d’autonomie, …, et à côté de cela, une dynamique économique qui commence à être visible dans le taux de croissance, les équipements, les grands projets, les politiques sectorielles, elle peut réussir ou ne pas réussir mais elle existe, elle a des points faibles et des points forts :Domaine agricole, tourisme, services, offshoring, etc. et en même temps une recul dans le champ politique.  
D’aucuns disent que cette situation est apparue en 2002 lorsque la méthodologie démocratique n’a pas été respectée. Mais ce qui est important maintenant, c’est que  le dépassement de l’immobilisme  économique et de l’équipement qu’a connu le Maroc a donné l’importance à ce côté-là aux dépens, peut-être, de la dynamique politique. C’est donc là le fond de la problématique.
Malgré cela, l’USFP a continué sa présence au sein du gouvernement parce qu’il a considéré qu’il n’était pas utile  qu’il y ait une nouvelle rupture comme dans les années soixante, d’autant plus que le monde a changé et la pluralité politique qui n’était pas respectée est devenue présente aujourd’hui. Ce point faible sera mis à nu lors des élections du 7 septembre 2007, et nous avons vu apparaître plusieurs choses : l’abstentionnisme, la dégradation du paysage politique, le manque de confiance en la politique. Or, la mobilité au niveau constitutionnel et politique  ne saurait avoir lieu sans des partis forts. Il apparaît alors une sorte de flou dans la gouvernance politique qui devient la proie des interventions ouvertes comme ce qui s’est passé lors des élections dans les années soixante-dix principalement et quatre-vingts, des interventions d’un autre genre, des moyens et notamment l’argent et l’utilisation des positions sociales. Puis il y a eu un faux débat sur la modernité. Modernité totale  comme on la définit dans le parti: économique, sociale, culturelle et politique.
Par ailleurs, lors du 8e congrès, a relevé M.  Oualalou, nous avons analysé cette situation, et nous en avons déduit qu’il y avait nécessité d’affirmer  l’identité du parti. Il faut qu’on dise : Qui sommes-nous? Il faut que tout le monde nous connaisse. 10 ans après les souffles des quatre-vingt-dix, début du 21e siècle, il faut un nouveau souffle : Réformes institutionnelles, constitutionnelles et politiques. Mais ce n’est pas tant les réformes en soi sur le plan  juridique, ce n’est pas cela l’important, parce que ce ne sont pas les réformes juridiques qui amènent le changement, nous visons la réhabilitation de la politique.
Abordant le volet de la régionalisation, M. Oualalou considère que cette initiative annoncée dans le discours Royal figure parmi les champs essentiels pour les décennies à venir. La régionalisation n’est pas facile et demande des réformes dans la décentralisation, la déconcentration, des moyens existants dans les provinces et des ressources humaines à même de donner aux régions cette force de poussée. Il faut créer en général une réalité qui fait que ce qui se passe dans les régions ne doit pas être décidé seulement à Rabat.
Et M. Oualalou d’énumérer les enjeux futurs :
 Premier enjeu : Dire aux Marocains, alliés, amis, compagnons de route et rivaux, qui sommes-nous et leur demander qu’ils aient un projet. Que chacun ait un projet et que la vie politique ne soit pas  liée à l’absolutisme qui tourne toujours à l’opportunisme, car la vie politique doit être liée au projet. Nous représentons l’orientation patriotique, démocratique, socialiste et moderniste. Tout n’est pas pareil? Mais cela n’exclut pas les alliances.
Deuxième enjeu : Le renforcement de soi. Il faut que le parti soit à la disposition du Maroc et des Marocains.
Troisième enjeu : Notre parti doit connaître les conditions économiques et sociales de vie du peuple marocain. Nous devons être conscients, quelle  que soit notre position, au gouvernement ou dans l’opposition, de la nécessité de l’immunisation de l’économie marocaine pour éviter les dérapages. Ceci nous oblige à nous intéresser à notre agriculture, notre industrie, notre tourisme, notre pêche, nos services, notre enseignement, notre formation.
C’est la diversification, ajoute M. Oualalou, qui est à l’origine de l’enrichissement essentiel de la démocratie. Cette importance accordée aux  affaires économiques  doit être liée à l’orientation sociale, ce qui implique une répartition équitable du produit national brut. Cette dimension sociale contribue à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion et au renforcement du pouvoir d’achat.
Mais on ne doit pas oublier pour autant le monde de l’immigration et l’organisation du secteur syndical.
Quatrième enjeu : La réhabilitation de la politique. Combattre toutes les dérives dans ce domaine. La culture de projet doit surplanter la culture de l’opportunisme et de l’absolutisme.  
Depuis 1944, les réformes positives ont toujours été dues à l’initiative de Sa Majesté le Roi, et avec l’accompagnement des forces patriotiques et démocratiques.
Cinquième enjeu : L’ouverture sur la société. Il faut qu’on interpelle ce changement dans sa dynamique. Il faut qu’on soit présent dans ce Maroc qui change et qui évolue ; nous pouvons l’écouter pour apporter des réponses à ses attentes. On doit s’ouvrir sur les cadres et les intellectuels. Le parti a pendant des décennies attiré la culture  et les intellectuels. Nous souhaitons une orientation maghrébine, africaine, méditerranéenne, et le renforcement des relations avec les voisins européens en vue la réhabilitation de la politique internationalement.
 Il nous faut un souffle  nouveau pour renforcer les acquis créés au Maroc et jeter les bases des dix ou vingt années à venir.
Et M. Oualalou de conclure : «De nouveau, nous sommes fiers de notre  passé et nous en tirons nos valeurs, notre histoire et notre identité. Le présent et l’avenir, c’est le projet militant, démocratique». 


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1.Posté par bakanzize mohamed le 29/08/2010 15:08
Les rencontres avec mr Oulalou connaissent toujours une grande assistance ; par ces qualités , son savoir et son expérience dans différents domaines , il reste l'un des dirigents de l'USFP qui seront marqué par l'histoire du parti.
Le passé, le present et l'avenir ont beaucoup préoccupé mr Oulalou, car le monde et en perpetuel changement .
Pour mr Oulalou definir le concept "projet politique" est essentiel pour mieux tracer ces objectifs politiques.
L'USFP par son histoire et ses hommes est un parti de tout le monde et dans chacun trouveva sa place.
Parler d'histoire, economie, politique., social ...du pays , montre bien que notre conférencier est un vrai militant nationaliste.
Enumérer les enjeux futurs par mr Oulalou ets chose préponderente pour le projet militant démocratique.
Espérant que ce genre de rencontre avec le grand public se répéte plusieurs fois da ns l'année car le projet politique et le citoyen militant sont les pières angulaires de tout développemet.


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