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Mais, derrière cette approche séduisante et la bonne volonté de ses promoteurs, plusieurs questions demeurent sans réponse. Il y a d’abord celle de l’utilité de la mise en œuvre de cet outil dans un système éducatif miné par des problèmes innombrables. En fait, nombreux sont les directeurs d’écoles, les enseignants et les parents d’élèves qui estiment que les difficultés rencontrées dans leurs établissements respectifs relèvent de la responsabilité des services centraux du ministère de l’Education nationale. Ils se posent donc des questions en vue d’apporter des réponses aux problèmes de surpopulation des établissements scolaires, de manque de moyens pédagogiques, de ressources humaines, d’emplois du temps trop chargés, de multiplication des programmes et d’absence d’outils didactiques…
Se pose ensuite la lancinante question du cadre institutionnel et juridique qui régit la mise en place de cette approche. En fait, il n’en existe pas et l’adoption de ce projet demeure liée en grande partie à la bonne volonté des partenaires. Un constat qui remet en cause la pérennité de ce projet et l’implication des partenaires faute d’un cadre juridique contraignant. Ceci d’autant plus que les pratiques gouvernementales en la matière découragent toute reddition des comptes. Le cas de Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, reste légendaire. En réponse à une question orale au Parlement sur le bilan du Programme d’urgence 2009-2012 pour la réforme du système éducatif et de la formation supérieure quatre ans après sa mise en application, le ministre a répondu laconiquement : « Dieu seul le connaît ». En fait, si la reddition des comptes constitue l’un des principaux apports de la Constitution de 2011, son opérationnalisation n’est pas encore à l’ordre du jour.
Enfin, la viabilité de ce concept de redevabilité sociale force les interrogations. En vogue depuis quelques années au niveau international, cet outil est promu et défendu par différents organismes, dont la Banque mondiale (BM) qui définit la redevabilité sociale comme un «processus proactif par lequel les fonctionnaires divulguent et justifient leurs plans d’action, leur comportement et leurs résultats, et sont évalués en conséquence ». Mais peut-on croire à ce concept qui a été concocté par cette institution qui ne cache pas ses tendances néolibérales et qui milite pour une privatisation à outrance de l’enseignement dans les pays en développement. En fait, cette institution de Bretton Woods ne cesse de conseiller aux Etats d’établir des droits de scolarité sélectifs dans l’enseignement secondaire et des frais de scolarité dans l’enseignement supérieur applicables à tous les étudiants. Elle prône aussi la diversification des établissements d’enseignement, notamment par le renforcement du secteur privé. Des interrogations des plus légitimes s’imposent donc puisque la BM a déjà plaidé pour le lancement d’un processus de privatisation de l’école publique marocaine en 1983 avec le Plan d’ajustement structurel qui sera consacré à la Charte nationale de l’éducation et de la formation adoptée en 2000 et à la déclaration de 2014 d’Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement, lors de la cérémonie marquant le cinquantenaire de la Banque africaine de développement (BAD), dans laquelle il a affirmé qu’ «il est temps que l’Etat lève la main sur certains secteurs, comme la santé et l’enseignement … Le rôle de l’Etat doit se limiter à assister les opérateurs privés qui veulent s’engager dans ces secteurs ».
Azzedine Akesbi, professeur d’économie et membre du comité chargé de présenter le projet Care ne semble pas avoir été préoccupé outre mesure par les considérations théoriques qui sous-tendent le concept de redevabilité sociale. Pour lui, ce projet est encore en phase expérimentale et rencontrera sûrement des difficultés dans la mise en œuvre. Il s’est également déclaré conscient que la réussite de ce projet est liée à l’institutionnalisation de ce mécanisme et à la promulgation des lois.