Les étudiants en médecine ne sont pas près de lâcher prise

Face à la répression et aux réformes de la discorde


Hassan Bentaleb
Mercredi 2 Octobre 2024

Les étudiants en médecine ne sont pas près de lâcher prise
« Une mobilisation nationale samedi prochain », telle est la réponse des étudiants en médecine aux sept mesures proposées dernièrement par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, destinées à « rétablir le fonctionnement normal de la division médicale des Facultés de médecine et de pharmacie ».

Pour le Comité national des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie, « le ministère de tutelle tente de retarder la médiation en cours avec l’institution du Médiateur du Royaume en adoptant, de façon unilatérale, une programmation des  examens ».
 
Solidarité des enseignants et mobilisation

Une mobilisation qui aura lieu  quelques jours après le sit-in organisé à Casablanca par les enseignants et les étudiants, en signe de protestation contre les violences et les poursuites judiciaires dont sont victimes les étudiants et les médecins en grève depuis plusieurs mois. « Les enseignants de la Faculté de médecine de Casablanca, ainsi que ceux d’autres Facultés à travers le pays, ont décidé de se solidariser avec les étudiants et les médecins grévistes en organisant des manifestations, comme le sit-in d’aujourd’hui. Il s’agit d’un acte de solidarité symbolique pour démontrer la convergence entre le corps enseignant et les étudiants face à un gouvernement perçu comme sourd à leurs revendications », nous a déclaré M.M, professeur de médecine. Et d’ajouter : « L’engagement des enseignants renforce ainsi la légitimité des demandes des étudiants et souligne le malaise grandissant dans le secteur de l’enseignement supérieur médical au Maroc ».

Selon Mohammed Chaoui, analyste de politique publique,  « l’usage de la violence contre les étudiants, couplé à des poursuites judiciaires à leur encontre, a été l’un des éléments déclencheurs de cette mobilisation ». « En effet, le recours à la répression a choqué non seulement les étudiants, mais aussi l’opinion publique et le corps professoral, qui estiment que ces mesures n’apportent aucune solution et ne font qu’aggraver le climat de tension. En organisant des manifestations et en boycottant les cours, les enseignants souhaitent dénoncer cette répression et soutenir les victimes de ces violences », nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Le boycott des cours, initié dans plusieurs facultés, est un signal fort de cette solidarité entre les différents corps d’étudiants et un moyen de faire pression sur les autorités pour qu’elles répondent favorablement aux revendications. Ce mouvement de protestation n’est pas limité à la Faculté de médecine de Casablanca, il s’étend à d’autres institutions, comme la Faculté des sciences juridiques de Rabat. Les slogans scandés par les étudiants témoignent de leur détermination et du sentiment de solidarité entre facultés, renforçant l’idée que la crise touche l’ensemble du secteur éducatif supérieur ».
 
Médiation et tentatives de résolution

Concernant le recours à l’institution du Médiateur, notre interlocuteur estime que « l’intervention de cet organisme, qui a abouti à un accord avec certains représentants des étudiants en pharmacie, montre que des tentatives de dialogue existent, mais que les solutions proposées ne répondent pas encore pleinement aux attentes des grévistes ». « Le procès-verbal signé en septembre 2024 est un pas dans la bonne direction, mais les manifestations montrent que la confiance des étudiants et des enseignants dans ces mesures reste limitée », observe-t-il.

 Prise de décision unilatérale

Pour notre source, cette crise dans le secteur de la santé pose plusieurs défis pour le gouvernement et le système éducatif marocain. « D'une part, elle révèle des dysfonctionnements structurels, tels que l'absence de dialogue participatif dans la prise de décision concernant les réformes éducatives. D’autre part, elle illustre un climat de méfiance grandissant entre les étudiants, les enseignants et les autorités. Les tentatives de médiation doivent être intensifiées pour éviter une escalade, mais ces efforts doivent également prendre en compte les revendications des étudiants et des professeurs, en particulier en ce qui concerne la qualité des formations et les conditions d’apprentissage », a-t-elle constaté. Et d’ajouter : « L’avenir de cette mobilisation dépendra de la capacité des autorités à offrir des solutions concrètes aux problèmes soulevés. Si le mouvement se radicalise ou si les répressions continuent, cela pourrait avoir des répercussions plus larges sur d’autres secteurs éducatifs et professionnels, déclenchant une mobilisation plus générale. A l’inverse, une réponse appropriée de la part du gouvernement pourrait désamorcer la crise et restaurer un climat d’apaisement dans les Facultés de médecine ».

En conclusion, Mohammed Chaoui soutient que « cette situation de crise met en lumière des enjeux cruciaux liés à l’enseignement supérieur et à la santé au Maroc ». « La solidarité entre enseignants et étudiants ainsi que la mobilisation nationale témoignent de la gravité de la situation et de l’urgence de trouver des solutions durables. Il est impératif que le dialogue soit relancé et que les réformes futures se fassent de manière inclusive et transparente, afin de garantir des conditions de formation optimales pour les futurs médecins et professionnels de santé ».

Hassan Bentaleb


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