Les visites familiales deviennent durant ce mois un rite sacré et très fréquent entre proches et amis. Haja Fatima, une Casablancaise de pure souche qui a élu domicile il y a de cela une soixantaine d'années au quartier populaire Bournazel, assure à ce sujet que les familles casablancaises ont pris l'habitude depuis longtemps de s'échanger les visites après la rupture du jeûne, et ce, pour maintenir et resserrer les liens et partager ensemble d'agréables moments, surtout après une journée d'abstinence, particulièrement prenante pour les ménagères.
Sans oublier, tient-elle à souligner, le devoir d'aider les indigents parmi les voisins ou encore les infortunés de passage dans le quartier en leur offrant le F'tour, le repas rassasiant tant attendu après une journée de jeûne.
Un devoir de solidarité, rappelle-t-elle, qui est inscrit dans les fondamentaux et les préceptes de l'Islam et ancrée dans les traditions séculaires marocaines qui font que l'hospitalité marocaine soit appréciée au-delà de nos frontières.
Sur le registre culinaire, le mois de Ramadan est un pur moment de plaisir où toutes les recettes et mets de l'occasion trônent sur la table du F'tour et du Shour, l'ultime repas avant l'entame d'une nouvelle journée de jeûne. Chbakia, dattes, jus et aussi les poissons particulièrement prisés durant ce mois de Ramadan sans oublier l'incontournable soupe marocaine: Harira.
Et sur ce registre, il faut relever que la préparation de cette soupe très nourrissante diffère d'une région à l'autre comme tient à le préciser Rabiaâ, native de Sidi Kacem et qui réside depuis des décennies au quartier Derb Milan.
Pour elle, la réussite de cette soupe nécessite la conjugaison de différents ingrédients, entre autres, de petites tranches de viande, les tomates, le pois chiche, un peu de beurre rance et aussi de la bonne farine et des épices. Et l'art et la manière de la ménagère feront le reste.
A cela, Hadda, sa voisine dans le même quartier, Zagora, livre son secret pour réussir une bonne harira à la fois nourrissante et nutritive, à savoir les plantes médicinales que cette vieille dame mais toujours en excellente forme, se procure dans sa région natale, Zagora.
Quant à l'aspect vestimentaire des Casablancaises et Casablancais en ce mois de Ramadan, il change complètement avec une prédilection pour les habits traditionnels, lesquels subissent aussi les changements incessants de la mode.
A la grande fortune des couturiers comme en témoigne Mme Naïma, couturière au quartier Moulay Rachid, qui croule sous les commandes des clients pour la confection des caftans, djellaba et autres gandoura.
Un retour à la tradition et aux habits d'antan qui apparaît ostentatoirement dans les mosquées où affluent en grand nombre les fidèles durant ce mois de piété et de recueillement.
Un retour et un attachement aux traditions et des rites anciens et aussi d'époque qui font que le mois de Ramadan à Casablanca comme d'ailleurs dans tout le Maroc, s'écoule allègrement dans un climat de piété et de solidarité, des valeurs qui consolident les attaches et renforcent la cohésion sociale.