Qui a encore peur des jeunes ?


Mustapha Elouizi
Mardi 3 Mai 2011

Les défilés du 1er mai ont démontré que plusieurs parties ont encore peur des jeunes. Du moins, elles ne leur font pas confiance ou sous-estiment leurs actions. Hormis l’initiative de Rabat où l’on a «osé» laisser les jeunes du Mouvement du 20 février prendre la tête de la marche, dans d’autres villes la lutte était serrée. Les jeunes qui ont, à vrai dire, le vent en poupe ces derniers temps, ont essayé de s’imposer sans succès dans certains cas. A Fès, à titre d’exemple, certains syndicalistes les ont bousculés violemment, les obligeant à reculer. Est-ce un conflit de générations ? Une persistance de l’ancien face au nouveau ? Un excès de zèle du nouveau face à l’ancien?
Il ne faut pas se leurrer non plus, les jeunes du Mouvement du 20 février ne scandent que des slogans, longtemps prônés avant eux par des militants des forces démocratiques. «Monarchie parlementaire», «reddition des comptes par tous les acteurs politiques», «séparation des pouvoirs», «lutte contre la dépravation, le népotisme et tous genres de corruption»…sont autant de sujets qui demeurent toujours inscrits dans plusieurs programmes politiques de partis et même de certaines ONG. Ces mêmes revendications qui ont provoqué l’arrestation de centaines d’entre eux dans les années 60, 70, 80 et même 90. Ces revendications qui n’avaient pas droit d’être soulevées en public. Mais nous devons aussi nous souvenir, toutes et tous, de ce grand Abderrahim Bouabid, leader politique, et ses positions fermes en faveur de la séparation des pouvoirs et la fin du despotisme. Cet honnête leader de l’Armée de libération, Bensaid Aït Ydder, qui refusait le caractère obsolète de certains rituels et dénonçait publiquement l’abject politique de l’ancienne ère. Il ne faut pas non plus oublier que lorsqu’une grande majorité de la nouvelle classe politique s’est mise sous l’ordre de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri, un militant de l’USFP comme Abdelhadi Kheirat lui avait dit NON et sans détour. Donc, rien n’est créé ex nihilo.
Le rôle du Mouvement du 20 février est d’avoir actualisé ces revendications, dans un contexte régional et international favorable. Cette énergie nouvelle avec laquelle les jeunes accélèrent la cadence. Cette volonté, ce courage, cette abnégation dont ils font montre à chaque fois pour clamer et réclamer un Maroc nouveau garantissant la dignité de tous ses citoyens. Ils ont crié haut et fort ce qu’on n’osait exprimer ouvertement. Nommé quelques symboles de la corruption. Pointé du doigt ceux qui se croient jusqu’ici intouchables. C’est donc la fin de l’ère de l’impunité.  


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