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Les défis actuels de la régionalisation : Un état des lieux détaillé
La régionalisation avancée au Maroc fait face à une série de défis interconnectés. Parmi les plus significatifs, on trouve le manque de coordination entre les différentes régions et l'Etat central. Le chevauchement des compétences entre les différents niveaux de gouvernance, ainsi que l’absence de mécanismes de concertation efficaces, engendrent des incohérences dans la mise en œuvre des politiques publiques et une distribution inégale des ressources. Par exemple, des régions comme Casablanca-Settat bénéficient de plus de financements et de projets majeurs par rapport aux régions rurales, ce qui accentue les disparités territoriales.
Le deuxième défi majeur réside dans l'indépendance financière des régions.
Malgré la Constitution de 2011, qui garantit une certaine autonomie aux collectivités territoriales, de nombreuses régions demeurent dépendantes des subventions de l’Etat central. Cette dépendance limite leur capacité à prendre des décisions autonomes et à investir dans des projets locaux à long terme. Les régions les moins développées, telles que celles du Centre, du Nord ou de l'Oriental, souffrent particulièrement de cette situation.
Pour que les régions jouent un rôle efficace, elles doivent disposer d’un véritable pouvoir financier. L'Etat central doit réévaluer le mécanisme de répartition des ressources, notamment en augmentant les transferts aux régions les plus défavorisées. Un système de financement incitatif, fondé sur des critères de performance et de résultats, encouragera également une meilleure gestion financière et favorisera une plus grande autonomie des régions dans la mise en œuvre de leurs projets.
Il est aussi important d’encourager les régions à diversifier leurs sources de financement en explorant des partenariats public-privé, notamment dans des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, le tourisme durable et l’agriculture. Une plus grande autonomie dans la levée de fonds locaux pourrait stimuler l’innovation et encourager l’entrepreneuriat à l’échelle régionale.
Enfin, la gestion politique des régions reste trop influencée par des considérations électorales, ce qui empêche une vision claire et à long terme du développement régional. Il est essentiel de séparer les enjeux électoraux de la gestion régionale afin de garantir un développement durable et équitable.
Repenser la gouvernance locale : Clarification des rôles et renforcement de la coordination
Afin de répondre aux défis structurels et institutionnels, il est impératif de clarifier les responsabilités des différentes instances administratives. Une redéfinition des compétences de chaque niveau de gouvernance (communes, provinces et régions) permettra d’éviter les conflits de compétences et de renforcer l'efficacité des politiques publiques. La mise en place d’un système de coordination interrégional, avec des plateformes de partage des bonnes pratiques et de dialogue continu entre les régions, pourrait faciliter cette démarche.
La révision des modes de scrutin, notamment pour l'élection des présidents de région, est également essentielle.
Il est important que les citoyens aient une plus grande influence sur la sélection des dirigeants locaux, ce qui renforcera leur légitimité et leur capacité à représenter de manière effective les intérêts locaux. De plus, une réforme visant à renforcer la transparence et la responsabilité des élus locaux permettra d’éviter l’opacité dans la gestion des ressources publiques.
Promouvoir une démocratie participative et inclusive
Une des clés du succès de la régionalisation réside dans la promotion de la démocratie participative. Il est crucial de créer des mécanismes permettant aux citoyens de s’impliquer activement dans la prise de décisions. Des exemples de telles initiatives pourraient inclure des budgets participatifs au niveau régional, où les citoyens peuvent proposer et choisir des projets à financer. De plus, la mise en place de forums locaux de consultation publique pourrait permettre une meilleure prise en compte des besoins réels des populations dans les stratégies de développement.
Le soutien de l'Etat central : Une approche flexible et collaborative
L'Etat central doit adopter une approche plus flexible et décentralisée pour garantir la réussite de la régionalisation. Cette approche doit inclure un soutien technique et stratégique pour les régions dans la gestion de leurs projets, ainsi que des outils pour améliorer la planification et l’évaluation des politiques publiques. En outre, un suivi régulier des réalisations régionales et une révision périodique des politiques permettront de maintenir une dynamique positive et d’adapter les stratégies en fonction des évolutions des besoins locaux.
Les orientations futures pour une régionalisation réussie
Pour que la régionalisation avancée devienne un levier réel de développement durable et équitable, il est crucial de mettre en œuvre des réformes structurelles et de renforcer les mécanismes de coordination entre les différents acteurs. Cela inclut la mise en place de mécanismes de financement innovants et équitables, la révision des modes de gouvernance locale et la promotion de la démocratie participative. Une plus grande autonomie des régions, associée à un soutien renforcé de l'Etat central, favorisera une véritable cohésion territoriale et un développement local équilibré et inclusif.
Ainsi, la régionalisation avancée au Maroc constitue une occasion unique de réinventer la gouvernance locale et de promouvoir un développement économique et social plus harmonieux. Cependant, pour garantir le succès de cette réforme, il est essentiel de surmonter les défis structurels, financiers et politiques qui freinent sa mise en œuvre. Une collaboration étroite entre l'Etat central, les autorités locales et les citoyens sera déterminante pour réussir cette transition vers un développement durable et équitable à l'échelle nationale.
Par Mohamed Assouali
Membre de la Commission nationale d'arbitrage et d'éthique de l’USFP