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"J'ai vu un nombre incalculable de dépouilles", souffle Hasina, une réfugiée de 50 ans, en résumant son voyage jusqu'au Bangladesh où elle à rejoint le million de réfugiés de sa minorité persécutée, entassés dans des camps de Cox's Bazar (sud) depuis 2017.
Les Rohingyas, pour la plupart musulmans, y survivent dans des camps insalubres à l'abri de baraques faites de bâches, tôles et bambous et refusent de retourner en Birmanie, à majorité bouddhiste, tant qu'ils n'y auront pas obtenu la citoyenneté et les droits qui s'y rattachent.
Les premiers réfugiés avaient fui les exactions de l'armée birmane. Les plus récents sont partis du fait des violences qui ont éclaté en novembre 2023 dans l'Etat de Rakhine, lorsqu'un groupe armé ethno-nationaliste, l'armée d'Arakhan (AA), a attaqué des forces de la junte.
Lorsque l'AA, qui revendique son propre territoire, s'est emparée de la région de Maungdaw début décembre et qu'un obus s'est écrasé juste devant sa maison, tuant ses voisins dont deux enfants, Hasina s'est décidée à partir.
"Après la frappe, l'armée d'Arakhan a pris d'assaut ma maison et m'a pris tout ce que j'avais", raconte la réfugiée qui souhaite taire son patronyme de peur d'être identifiée. "Je suis veuve et sans enfant mais il n'y avait même plus assez de nourriture pour une seule bouche", dit-elle.
Plus grande population apatride au monde, les Rohingyas souffrent de discrimination depuis des décennies en Birmanie, où ils sont considérés comme des étrangers indésirables.
Mais les affrontements qui ont pris de l'ampleur dans le pays depuis le coup d'Etat militaire de 2021 ont ajouté à leur calvaire.
"Les combats se sont propagés, village après village. Les bombardements étaient tellement intenses et incessants que la terre a tremblé pendant des jours", relate Mohammad Yasin, un matelot rohingya réfugié au Bangladesh. "Beaucoup ont été tués".
Muhammad Yunus, chef du gouvernement intérimaire du Bangladesh, estime que quelque 80.000 Rohingyas sont arrivés dans son pays depuis le dernier cycle de violence, sans préciser de date.
Originaire d'un village de Maungdaw, Abu Bakkar, arrivé à Cox's Bazar début décembre, est l'un d'entre eux.
"L'armée d'Arakhan est arrivée et a pris avec elle de jeunes rohingyas des villages. Certains ont réussi à s'échapper, je suis venu au Bangladesh avec eux", raconte-t-il. Lui, trop âgé, n'a pas été enrôlé et il a payé "un prix exorbitant" pour embarquer vers le pays voisin. Son épouse a été tuée en chemin. "Les bombardements étaient ininterrompus", dit-il.
L'AA se défend de viser les Rohingyas et de les recruter dans ses rangs. L'armée birmane, accusée des mêmes torts, nie tout autant.
Dans les camps, l'arrivée des nouveaux réfugiés aggrave les conditions de vie déjà très difficiles.
"Les camps de réfugiés de Cox's Bazar, déjà bondés et qui peinaient à loger les précédents exilés, sont dépassés par les nouvelles arrivées", alerte Moshor Rof, de l'organisation de défense des droits humains CRRIC-Rohingya Response.
La plupart des réfugiés sont arrivés "avec très peu" et s'en remettent à leurs proches, souligne Mir Mosharaf Hossain, un responsable du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Cox's Bazar.
"Alors que l'escalade de violence dans l'Etat de Rakhine en Birmanie se poursuit, les Rohingyas partagent les logements, la nourriture et les autres produits de base avec les nouveaux arrivants et cela augmente la misère générale", se désole M. Hossain.