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Consacré Meilleur album de jazz contemporain aux Sama Awards 2010 (victoire de la musique sud-africaine), ce musicien blanc appartient à une nouvelle génération d'acharnés de l'harmonica, un instrument habituellement associé au blues, mais pas au jazz.
Qu'il s'agisse de Grégoire Maret (Suisse) ou Olivier Ker Ourio (France), ils sont peu nombreux à jouer de l'harmonica chromatique, huit centimètres de métal réputés indomptables qui se distinguent par un piston sur le côté et permettent de jouer comme des notes d'un piano, touches noires et blanches comprises.
Au panthéon de l'harmonica jazz, la place est pour l'instant occupée par Jean "Toots" Thielemans, monument du jazz belge, âgé de 90 ans et qui a élevé l'harmonica chromatique au rang d'instrument de scène pouvant sans rougir soutenir la comparaison avec la noblesse de son d'un saxophone.
A l'image de "Toots", qui a d'abord été guitariste avant de passer à l'harmonica, Adam Glasser a d'abord été pianiste, formé sur le tas et éclipsé par un père, le compositeur sud-africain Stanley Glasser, directeur musical de l'opéra jazz "King Kong", un immense succès de la fin des années 1950 racontant l'histoire d'un boxeur noir, qui lança la carrière de la chanteuse Miriam Makeba et s'exporta à Londres.
Londonien d'adoption à partir des années 1970, Adam passe les années 80 et 90 au piano de bars à hôtesses de Picadilly Circus ou de restaurants à la clientèle avide de guimauve musicale italienne.
Le jazz sud-africain ne sera cependant jamais très loin. Né en 1955, élevé au Cap et Johannesburg, Adam Glasser a grandi à l'opposé des moeurs racistes de l'Afrique du Sud de l'apartheid, voyant défiler dans le salon familial quantité de musiciens noirs, avec lesquels il finira par jouer.
A Londres, il sera pendant 16 ans le pianiste du groupe vocal des Manhattan Brothers avec lesquels il a produit en 2006 le disque Inyembezi.
Il lui faudra cependant attendre le déclic pour l'harmonica pour que viennent les honneurs et la consécration personnelle, marquée fin mars par un concert au 13ème Festival international de jazz du Cap et des invitations à monter sur scène de plus en plus fréquentes.
"En 1983, j'ai eu un job sur un paquebot de croisière avec des artistes de cabaret, dont l'un jouait très bien de l'harmonica. Je lui ai tendu le Hohner que je gardais dans un tiroir et que mon père m'avait offert à Noël dix ans avant. Je pensais qu'il ne marchait pas, mais il l'a pris et en a joué à la perfection", raconte Adam.
La même année, malgré l'extrême difficulté et l'intense entraînement que demande l'harmonica, l'oeuvre de Stevie Wonder achève de l'inspirer et de le convaincre.
"Mais ça m'a pris une éternité pour apprendre à en jouer", avoue ce quinquagénaire aux allures de jeune homme, également chroniqueur cycliste à ses heures. "Le son d'un harmonica peut être abominable, mes amis me trouvaient complètement fou, ils me disaient de ranger ce truc".
Le commun des mortels et les professionnels ne s'y tromperont pas en l'écoutant administrer de magnifiques solos d'une envergure allant de la balade de jazz à la furie d'un saxo des townships.
Adam jouera avec les Eurythmics, Sting ou le BBC Concert Orchestra, collaborera avec le grand "Toots", tout en continuant à renouer avec l'Afrique du Sud où l'harmonica lui sert de viatique pour revenir aux sources.
La veille de son concert au Cap, il était avec les enfants de Gugulethu, une des grandes townships noires de l'agglomération, animant un atelier musical et faisant redécouvrir à l'harmonica "Bahleli Bonke", un hymne dédié aux prisonniers de l'apartheid.
Son dernier album "Mzansi", pour "sud" en zoulou est une "déclaration d'amour inconditionnel pour le jazz de mon pays", dit-il. On y trouve la signature sonore de son harmonica sur des oeuvres cultes du saxophoniste Dudu Pukwana, ou des pianistes Adbullah Ibrahim et Tete Mbambisa, un ensemble qui lui vaut une nouvelle nomination aux Sama Awards 2012.