Prévention et lutte contre la violence à l’égard des femmes


Par Zoheir Maazi *
Vendredi 14 Février 2014

Prévention et lutte contre la violence à l’égard des femmes
La violence à l’égard des femmes, parce qu’elles sont des femmes, est un problème sociétal majeur qui demande une réponse intersectorielle et une convergence des politiques publiques dont la santé a un rôle de leadership à jouer. Cet article veut contribuer à la promotion du rôle du secteur de la santé dans la lutte contre la violence fondée sur le genre (VFG).
 
Analyse du problème
Selon les statistiques de l’enquête nationale menée par le Haut-commissariat au plan, la prévalence de la violence fondée sur le genre est élevée, surtout la violence conjugale et sexuelle. Il s’agit essentiellement d’un phénomène urbain qui concerne les jeunes.
 En outre, les associations féministes dénoncent une défaillance alarmante de la réponse sanitaire. Les rapports des ONG (Observatoire national de violence à l’égard des femmes par exemple) soulignent des difficultés d’accès aux soins pour les femmes victimes de violence (FVV), tels que le mauvais accueil aux services des urgences, le non-respect de la pudeur de la femme, les soins non gratuits (visites, certificats médicaux et examens) et la prise en charge inadéquate…
L’OMS juge dans un rapport qu’il est «urgent d’améliorer les soins prodigués aux femmes victimes de violence», et les professionnels de santé déclarent qu’ils ne sont ni formés ni sensibilisés pour reconnaître et traiter la violence à l’égard des femmes, comme ils ne savent pas si cet écart va être pris en considération dans le projet de réforme des études de médecine et des sciences infirmières. D’ailleurs, ils ont une expérience de proximité et peuvent proposer des mesures législatives et politiques pour prévenir, lutter contre la violence fondée sur le genre et enrichir le plan sectoriel de santé.
Le manque d’activités d’IEC (information, éducation et communication) et de partenariat avec les ONG,  l’absence de statut de l’assistant(e)  social(e), la coopération insuffisante en intra et extrahospitalière, les problèmes de suivi et d’évaluation, la faiblesse institutionnelle et de manque de moyens (ou moyens mal-exploités) des comités locaux des FVV s’ajoutent pour aggraver la défaillance de la réponse sanitaire à l’égard des femmes victimes de violence.
 
Impact négatif 
de la VFG sur la société
La violence fondée sur le genre (FVG) a un impact négatif sur la société et des conséquences graves sur la santé physique (handicap, stérilité, grossesse non-désirée, avortement à risque) et mentale (dépression, suicide), et accroît fortement la vulnérabilité des femmes. D’ailleurs, la violence augmente le coût et la pression sur les services de soins. Une réponse sanitaire inadéquate peut aggraver les effets, et provoquer la reproduction du cycle de violence à l’égard des femmes.
 
Socialisation 
et législation
Les professionnels de santé doivent être sensibilisés à la violence fondée sur le genre, formés pour planifier des actions de prévention et prodiguer des soins de qualité pour les FVV, motivés pour être coopérants avec les centres d’écoute et ayant  des compétences pour travailler avec les autres intervenants.
L’hôpital, la Faculté de médecine et les instituts supérieurs des infirmier(e)s sont des institutions de socialisation qui regroupent les jeunes, garçons et filles. Pour nous, il est inadmissible que ces établissements restent une institution de reproduction des stéréotypes culturels envers la femme ; au contraire, ils doivent être un espace d’éducation à la citoyenneté et aux droits humains, et de sensibilisation contre la discrimination et la violence à l’encontre de la femme. Bref, des actions de prévention de base dans ces institutions sont indispensables. Les professionnels de santé ont une expérience de proximité et accumulent de bonnes pratiques de soins des femmes victimes de violences. Il faut capitaliser cette expérience, partager les bonnes pratiques et recueillir les propositions pour améliorer les politiques, enrichir le plan sectoriel et proposer des législations.   
Pour conclure, le secteur de la santé peut jouer un rôle essentiel dans la lutte contre la violence fondée sur le genre. Pour ce, il faut reconnaître le phénomène comme priorité politique, donner plus d’importance à la prévention, notamment la sensibilisation et l’éducation des prestataires des services de santé et enfin promouvoir la coordination inter et intra-sectorielle.
 
* Secrétaire de la Jeunesse 
ittihadia à Azilal 


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