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Pourtant, bon nombre de pays ont ratifié la Convention n° 182 de l'Organisation internationale du travail et s'engagent de ce fait à agir immédiatement pour interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants. Parallèlement, la Convention n° 138 de l'OIT, offre un cadre plus large pour l'abolition effective du travail des enfants. Un tel engagement dans les ratifications de ces deux conventions démontre clairement que la mobilisation contre le travail des enfants ne cesse d'augmenter partout dans le monde.
Cependant, la réalité quotidienne est tout autre. C'est le cas du Maroc où malgré l'existence de lois interdisant le travail des enfants de moins de 15 ans (Code du travail, Code pénal), ce phénomène perdure. Certes quelques progrès ont été réalisés dans la lutte contre ce fléau comme cela ressort de l'enquête du Haut commissariat au plan (HCP) pour l'année 2011, mais le chemin à parcourir reste long. Une nouvelle loi devrait intervenir bientôt afin de renforcer davantage le dispositif législatif et frapper plus fort-tout contrevenant qui encouragerait le travail des enfants mineurs.
Dans l’attente, l’enquête effectuée de façon permanente par le HCP touche un échantillon de 60.000 ménages. D‘emblée, les chiffres indiquent une nette régression de ce phénomène. Ainsi s’ils étaient 517.000 enfants âgés de 7 à moins de 15 ans à travailler en 2009, soit 9,7% de l’ensemble des enfants de cette tranche d’âge, ils ne sont plus que 123.000 en 2011 soit 2,5%.Des enfants qui travaillent pour la plupart en milieu rural: plus de neuf enfants actifs occupés sur dix (91,7%). Par ailleurs, ce phénomène touche beaucoup plus les garçons que les filles, près de 6 enfants sur 10 sont de sexe masculin. Cette proportion varie de 53,3% en milieu rural à 87,3% en milieu urbain. Les secteurs économiques les plus prisés sont plutôt l’agriculture, forêt et pêche pour 93,6% des ruraux. Chez les citadins, les services viennent en premier avec 54,3% suivis de l’industrie y compris l’artisanat avec 26,5%.
Et la scolarité dans tout cela dont le Maroc avait décrété l’obligation à l’aube de l’indépendance? La place de ces enfants n’est elle pas sur les bancs de l’école ? Les chiffres ne sont pas très rassurants. L’école est vite sacrifiée. Seuls 24,9% des enfants continuent à fréquenter l’école parallèlement à leur travail. 53,9% ont quitté l’école et 21,2% ne l’ont jamais fréquentée. Comment en est-on arrivé là? Au manque d’intérêt total pour les études des uns (37,3%), il faut ajouter l’absence de moyens financiers couvrant les frais de scolarité pour les autres (19,4%), en passant par la non disponibilité d’établissement d’enseignement dans le lieu de résidence ou leur inaccessibilité (16,2%). En fait, toutes les excuses sont bonnes.
Sont-ce les mêmes raisons qui continuent à grossir les rangs des petites filles employées comme bonnes à tout faire chez les ménages? On les estime à 30.000, selon un Collectif associatif qui milite pour l’éradication du travail à domicile des mineures. Un point noir devenu malheureusement « normal» vu sa fréquence. Une loi interdisant cette pratique peine à voir le jour depuis qu’un projet de loi a été déposé par l’ancien gouvernement. Avec tous les changements qui s’en sont suivis, cet élan a accusé du retard. Et pourtant, le gouvernement se veut rassurant : « Il existe une ferme volonté d’assurer la protection des travailleurs domestiques au Maroc en mettant la législation en vigueur en adéquation avec les dispositions de la nouvelle Constitution et les Conventions internationales du travail », dixit Abdelouahed Souhail, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle (devant le Parlement en février dernier). Des paroles qui devraient trouver leur concrétisation dans des actes, car ce qui préoccupe le plus, c’est la mise en application des lois, comme l’a souligné cet acteur de la société civile. En attendant, des petites filles continuent à souffrir le martyre, à la merci d’employées souvent sans scrupules. Le souvenir de Khadija, la petite bonne qui a succombé aux sévices de sa patronne est encore vivace dans nos mémoires!