De là, un ventilateur relié à une fenêtre expulse le tout à l’extérieur. De l’air fraîs peut entrer par une deuxième fenêtre entrouverte. De premières mesures effectuées par le prestigieux institut Max Planck de chimie, où travaille M. Helleis, ont montré que le système pouvait débarrasser la salle de classe de plus de 90% des aérosols, soit autant que les filtres les plus performants et onéreux du marché. Mais contrairement à ces machines, l’installation de M. Helleis est entièrement faite de pièces disponibles dans des magasins de bricolage et ne coûte que 200 euros. Mieux encore: une poignée d’enseignants et de parents l’ont assemblée en une matinée. Les plans sont désormais disponibles pour tous sur le site de l’institut Max Planck. L’innovation arrive à temps: les premiers frimas sont là tandis que les chiffres des nouvelles contaminations battent des records en Allemagne. Le pays a fermé restaurants, bars et lieux de loisir jusqu’à la fin du mois, mais les écoles restent ouvertes. Avec les règles de distanciation physique et le port du masque, l’aération régulière des espaces fermés est l’un des mantras du gouvernement.
La chancelière Angela Merkel elle-même rappelle régulièrement à ses concitoyens d’ouvrir lesfenêtres. Comme Sophia Wetting, 18 ans, certains élèves gardent donc un pull supplémentaire dans leurs casiers. Masquée comme ses camarades et enseignants, elle trouve les cours dans la salle au système futuriste “bien plus agréables” qu’ailleurs. M. Helleis a déjà reçu quelque 3.000 demandes d’information pour son invention et s’attend à la voir se multiplier dans d’autres écoles. Des entreprises s’y intéressent également. L’inspiration est venue d’une idée simple. “On s’est dit: la chose qu’on peut faire, c’est mettre les saletés dehors”, se rappelle le scientifique. Roland Wollowski, le directeur du lycée — situé à cinq minutes du siège de l’entreprise BioNTech, qui développe le vaccin le plus avancé contre la Covid-19 — a immédiatement donné son accord. L’agence allemande pour l’environnement recommande aux écoles allemandes d’ouvrir les fenêtres toutes les 20 minutes pour réduire le risque de contamination par aérosols. Mais les 40.000 écoles du pays ne sont pas toutes dotées d’une architecture le permettant. Et l’installation de purificateurs d’air reste une option complexe et coûteuse dans un marché qui a explosé avec la pandémie. “Nous sommes inondés” par des entreprises proposant leurs produits, explique Heinz-Peter Meidinger, président de la fédération nationale des enseignants. Le prix d’un appareil: entre 1.500 et 6.000 euros. Sur les seize Länder allemands, six ont prévu des fonds pour financer des installations améliorant l’aération.
En Bavière, le gouvernement régional a dégagé une enveloppe de 50 millions d’euros. Une partie devrait cependant, selon M. Meidinger, être utilisée pour des outils peu évolués, qui mesurent la concentration de CO2 et informent les enseignants qu’il est temps d’ouvrir les fenêtres. Des purificateurs d’air portables, même équipés de filtres performants, n’empêchent pas le CO2, responsable de fatigue et maux de tête, de s’accumuler, relève M. Helleis — en plus d’être plus chers et bruyants que son invention. A l’IGS Mainz-Brentzenheim de M. Wollowski, parents, enseignants et élèves en installeront dans toutes les salles dans les prochaines semaines. “Tout le monde est très motivé”, se réjouit le directeur.