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"Le temps est venu pour une solution radicale" afin de mettre fin au conflit, a déclaré le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, indiquant que son gouvernement irait "jusqu'au bout, quelque soit le prix". Depuis deux semaines, le ministre de l'Intérieur, Besir Atalay, rencontre les représentants de la société civile pour les convaincre d'adhérer à un plan destiné à hâter la réconciliation avec les Kurdes, baptisé "ouverture démocratique", mais qui reste encore très flou. Il y a 25 ans, le 15 août 1984, des rebelles séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation alors très peu connue, avaient tué deux soldats dans le sud-est, majoritairement peuplé de kurdes. Depuis le PKK s'est renforcé au fil des années et a été classé terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne. Le conflit a coûté la vie à quelque 45.000 personnes.
Si la guerre a baissé d'intensité depuis les années 90, le conflit kurde continue de peser sur la modernisation de la Turquie et de faire obstacle à sa candidature à l'UE.
Le chef du PKK emprisonné, Abdullah Ícalan, devrait faire parvenir ses propositions de paix au gouvernement via ses avocats, si les autorités pénitentiaires le permettent.
Mais bon nombre de Turcs s'opposent à ce que le gouvernement propose une réconciliation alors que le PKK refuse de déposer les armes.
Le parti Action nationaliste (MHP, opposition) est très critique et a accusé le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, de vouloir "diviser" la Turquie par un projet "réclamée par les Américains".
Washington, quittant l'Irak, ne veulent plus des rebelles du PKK réfugiés dans les montagnes du nord de ce pays, d'où ils s'infiltrent en Turquie voisine, et presse Ankara d'en finir avec eux, affirme le MHP et certains commentateurs de presse. Le Conseil national de sécurité (MGK), qui regroupe les principaux responsables civils et militaires turcs, a apporté un précieux soutien au gouvernement en recommandant la poursuite des efforts de paix, soulignant cependant l'importance de l'unité du pays.
Le grand romancier turc d'origine kurde, Yasar Kemal, a de son côté indiqué "respecter toute approche sincère en vue d'arrêter l'effusion de sang et de surmonter le plus grand obstacle devant la démocratie" en Turquie.
L'auteur de "Memed le Faucon", âgé de 86 ans, a été condamné dans le passé pour des écrits dénonçant le traitement de la question kurde par l'Etat.
"Il faut écouter les gens qui ont un poids au sein du peuple kurde. S'il y a moyen d'en finir avec ce conflit qui assombrit notre avenir, il faut le saisir et ne pas le rejeter avant même qu'il soit annoncé", a estimé à l'AFP un responsable gouvernemental sous couvert d'anonymat.
Parmi les initiatives destinées à la réconciliation: renommer des milliers de villages kurdes ayant aujourd'hui des noms turcs, instaurer l'éducation de la langue kurde dans les écoles publiques et supprimer les références à l'appartenance "turque" dans la définition de la nationalité.
Des démarches qui ne font pas l'unanimité au sein d'une nation fatiguée par les combats.
"Ne pas écouter les réactions du peuple concernant cette +ouverture+ peut faire échouer ce projet à ses débuts", estime Emre Kongar, un éminent sociologue dans le journal Cumhuriyet. Il exhorte le gouvernement à faire en sorte que son projet soit un élément catalyseur au sein de la société et non de discorde.