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En 1995, au Canada, des chercheurs de l'Université Columbia ont testé le niveau de "bonheur" de plus de 1.700 adultes n'ayant pas de problèmes cardiaques. Au bout d'une décennie, ils ont examiné les 145 personnes qui avaient eu un problème cardiaque, et ils ont constaté que les gens les plus joyeux étaient moins susceptibles de connaître ce genre de désagrément.
Leur étude a été publiée jeudi dans l'édition en ligne du "European Heart Journal".
"Si vous n'êtes pas naturellement une personne joyeuse, essayez quand même de vous comporter comme si c'était le cas", souligne le Dr Karina Davidson, du Centre médical de l'Université Columbia, responsable de l'étude. "Cela pourrait aider votre coeur."
Le Dr Davidson et ses collègues se sont servis d'une échelle de cinq points pour mesurer le "bonheur" des gens. Ils ont ensuite fait des ajustements statistiques pour prendre en compte des paramètres tels que l'âge, le sexe, et le fait qu'ils soient fumeurs ou non.
Pour chaque point gagné sur cette "échelle du bonheur", les patients avaient 22% moins de chance d'avoir un problème cardiaque. L'étude a été financée par les Instituts américains de la santé (NIH) et d'autres organismes.
Selon le Dr Davidson, les gens joyeux sont plus susceptibles d'avoir un mode de vie plus sain. Il pourrait aussi y avoir un trait génétique inconnu qui prédisposerait à être heureux et avoir moins de maladies cardiaques.
D'après d'autres experts, le bonheur lui-même pourrait générer un coeur en meilleure santé, contrairement à d'autres émotions telles que le stress ou la dépression. Le stress libère souvent des hormones qui peuvent endommager le muscle cardiaque. Il peut aussi provoquer une ouverture trop large des vaisseaux sanguins, entraînant un phénomène susceptible de boucher les artères, selon Joep Perk, professeur en sciences de la santé à l'Université Kalmar, en Suède, et porte-parole de la Société européenne de cardiologie. Joep Perk n'a pas participé à l'étude.
La dépression est considérée depuis longtemps comme un facteur de risque pour les problèmes cardiaques. Selon le Dr Davidson, il est toutefois prématuré de donner des conseils aux patients pour qu'ils augmentent leur niveau de "bonheur" uniquement pour protéger leur coeur -même si cela peut y contribuer- jusqu'à ce que des études en cours, plus approfondies, soient terminées. Mais le Dr Davidson recommande tout de même d'essayer d'être joyeux pour d'autres raisons, par exemple pour avoir une meilleure santé mentale.
"Tout ce que les patients peuvent faire pour augmenter le niveau (de bonheur) dans leur vie sera utile", assure-t-elle.