Portrait d’un groupe de rap

"Donnez-nous du vrai et pas de l'artificiel". Voilà le mot d'ordre du ministère des Affaires populaires qui nous emmène au bout de la terre. Loin des sentiers battus du hip-hop. Originaires de Lille, cinq rappeurs (Dias et HK au micro, Joffrey à l'accordéon, M'sieur Hacen au violon, et Axiom aux machines) viennent nous mettre des coups dans les mollets et prennent leur mégaphone pour nous dire "Debout là d'dans" comme ils l'ont déjà fait en 2007 à Casablanca.  On se rappelle de ce groupe qui s'est produit à côté des Casa Crew dans un méga-concert organisé par l'Institut français de Casablanca, le 12 juin 2007, au Complexe culturel du Maârif. Une soirée  où le groupe Ministère des affaires populaires a invité le public casablancais à partager un voyage décoiffant dans le monde du hip hop français aux envolées maghrébines.  Ils sont cinq sur scène.  Et leur rap est très loin de l'orthodoxie qui imbibe ce mouvement. MAP, c'est un groupe d'amis basé à Lille qui mélange les genres pour éveiller les consciences mais aussi pour faire danser. Avec leur accordéon, leur violon et un goût prononcé pour le métissage musical, les rappeurs Dias et HK élargiront leur musique au grand public de la métropole, comme en témoigne leur sympathique premier album “Debout la d'dans” ! Rencontre avec un groupe éclectique dans son fief, que MAP nomme avec humour "le Grand Nord", "de Roubaix à New York en passant par Alger la Blanche".
Ce crew fait une musique sincère pour réveiller les consciences dans l'hexagone. Il revendique une France plus juste, plus égalitaire et plus ouverte. En ces temps politiques, leurs mots résonnent et délivrent un message humaniste, porteur d'espoir, qui donne à réfléchir, dressant un constat sous concessions. Leur album précité est un pamphlet contre la France inégalitaire, mais donne le ton très rapidement, des moments festifs, chaleureux et de partage. Leur concept artistique, proche de Java et de la Rue Kétanou, a des allures de voyage.
Ils vont piocher dans les racines populaires de la France et de l'Algérie leurs histoires, façonnées par les métissages. C'est ce que déclare aussi Dias : “Géographiquement, nos origines sont sur toute la planète. On a grandi avec le hip-hop de New York et des rappeurs français d'il y a 15 ans. Et aussi avec la musique de nos parents, ainsi qu'avec les Brel et Brassens qui nous ont vite touchés quand on était jeunes”. Et ce, pour révéler l'essence et faire naître une musique fédératrice.
Un violon aux sonorités arabo-andalouses, accordéon franco- tzigane et machine hip-hop accompagnant les deux MC qui faisaient leurs premiers pas dans la cour des grands au Printemps de Bourges en 2006 où ils ont fait le feu en plein après-midi. "C'est une musique populaire, revendicative et festive si on ne veut pas se coller d'étiquette particulière. Après, il y a un soupçon de rap, de chanson française et d'orient. MAP, c'est l'union de tout ça", affirme, avec sérénité, HK, membre du groupe. Et d'ajouter : "On a passé notre vie à voir des gens à la télé dire qu'ils nous représentaient alors qu'ils ne nous ne représentaient pas du tout, ce n'est pas pour faire pareil aujourd'hui. Si des gens se sentent représentés par MAP, par ce qu'on a à dire, tant mieux. Sinon, on ne va pas en faire un fromage".