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Le petit gamin gringalet qui finissait ses journées enfermé dans un casier au collège a vieilli. Et peut-être mûri aussi. Eminem, Marshall Bruce Mathers III de son vrai nom, aura 43 ans le 17 octobre. Jeudi prochain, il donnera un concert au Grand théâtre du Québec, devant plus de 85.000 personnes. Des fans qui attendent le retour du "Kid de Detroit", après plusieurs années d'absence.
Dans son dernier album, Recovery, sorti en 2010, le rappeur parle de ses moments difficiles (dépression, désintoxication) et "tend la main" à ceux qui auraient eu des histoires similaires. De l'intime mais moins de rage. Eminem aurait-il su se renouveler pour assurer sa "survie" (titre de son dernier single) ?
Slim Shady, Kim, et maman
Eminem est un "White trash", comprenez un Américain blanc pauvre. Il a grandi dans la banlieue de Detroit. Une mère qui se drogue, un père qui l'abandonne alors qu'il n'a que quelques mois. Une source d'inspiration pour écrire. Et à l'adolescence, Marshall trouve son support : le rap.
Ses premiers textes sont très violents. Il décide de créer Slim Shady, un alter ego démoniaque qui le décharge de tous ses désirs les plus noirs. Dans Cleaning Out My Closet par exemple, il s'adresse à sa mère et vide son sac. Dans le clip, on le voit creuser une tombe sous la pluie. Et dans la chanson Kim, sortie en 2000, il raconte qu'il tue sa femme.
Un flow d'exception
Car deux femmes inspirent violemment Eminem dans ses premiers morceaux : sa mère et sa femme, Kim. Il déverse sa haine et règle ses comptes avec un "FLOW " qui deviendra sa marque. Le milieu du rap découvrira la voix de ce petit blanc qui "rappe comme un Afro-Américain".
Il s'amuse avec les mots et dit qu'il les "plie". Il en prend un, découpe les syllabes et en crée un autre. "Il faut juste apprendre la science du 'découpage' des mots", confie-t-il lors d'une interview en 2010.
1999-2004 : le "Roi du hip-hop"
Après un premier album, Infinite, en1996, dont personne ne parle, Eminem fait une rencontre cruciale : Dr. Dre, producteur très connu et respecté dans ce milieu.
Dr. Dre sait qu'il "prend des risques" en prenant Eminem, le "blanc-bec", sous son aile. Pour Olivier Cachin, auteur de Eminem, le prince blanc du hip-hop, cela montre que Marshall Mathers est "au croisement des couleurs et des styles musicaux". Sa carrière décolle.
Ses textes mélangent haine, revanche, misogynie et homophobie. Il est la cible des associations de défense des homosexuels, mais se justifie en disant "qu'il n'est pas le seul rappeur à insulter les gays".
En trois ans, il sort trois albums dont deux dépassent les 10 millions de copies vendues :The Marshall Mathers LP et The Eminem Show. Le Rolling Stone Magazine le déclare "Roi du hip-hop". Dans la foulée, il remporte un Oscar : celui de la meilleure musique originale pour 8 mile. Un film largement inspiré de sa vie, et dans lequel il joue le rôle principal.
2005-2009 : dépression et désintoxication
Mais à croire que quand on a tout, on a trop et plus rien à dire. En 2005, après l'album Encore, Eminem annule sa tournée européenne 15 jours avant le début, pour "problèmes de santé". Olivier Cachin explique "qu'il fait une dépression car il n'a plus d'inspiration". Peut-être n'a-t-il plus besoin de régler de comptes ?
Depuis des années, il se drogue pour assurer ses concerts, notamment au Vicodin et au Valium. En 2007, il fait une overdose et chute dans sa salle de bain. "J'étais à deux heures de mourir", confie-t-il dans une interview, "mes organes me lâchaient". Il entre en cure de désintoxication et se fait discret. La guérison deviendra source d'inspiration.
2010 : un come-back en or
Après sa cure, Eminem doit, selon lui, "réapprendre à écrire, rapper et faire des concerts". Dans ses textes, il change de ton. Moins de haine mais toujours autant de lui. En 2010, il sort Recovery et explique ses changements dans une vidéo publiée sur son site Internet : "Dans tout l'album, je raconte que je ne me suis jamais aussi bien senti". Le premier single, Not afraid se place en tête des ventes dès sa sortie. "Cette chanson veut montrer que tout le monde peut combattre ses démons et ses peurs".
Recovery est "l'album de l'année" aux Etats-Unis, meilleure vente de 2010 avec 3,4 millions de CD vendus outre-Atlantique. Comme Eminem, ses textes ont vieilli et ne parlent plus d'enfance et de pauvreté. Toujours à Detroit mais plus un Kid, le rappeur parle de l'amour qui consume et dit "tendre la main à ceux qui auraient vécu la même chose que lui".
Pour Olivier Cachin, cette évolution est normale : "Ce qu'on attend d'un artiste de rap, c'est qu'il soit vrai. Quelqu'un qui est multi-milliardaire ne peut pas raconter qu'il est dans le ghetto donc il commente sur une vie qui n'est plus la même qu'à ses débuts".
Selon Fred Musa, animateur de Planète Rap sur Skyrock, il y a, encore aujourd'hui, une sorte "d'état d'urgence" dans les chansons d'Eminem. "Ce n'est pas parce qu'on a de l'argent qu'on va changer notre regard sur la société".