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Il a été condamné à mort puis exécuté sur la seule foi de témoins oculaires, au mépris de tous les indices plaidant pour son innocence, alors que "même les proches des deux Carlos les confondaient", a déclaré à l'AFP le professeur de droit James Liebman.
Cet expert de la Columbia School of Law et cinq de ses étudiants ont enquêté pendant près de cinq ans sur un cas selon lui "emblématique" des erreurs judiciaires: l'affaire Carlos DeLuna, un Américain d'origine hispanique qui a été mis à mort à l'âge de 27 ans au Texas (sud), au terme d'une "enquête expédiée et inachevée". "Sans aucun doute un échec d'un bout à l'autre de la procédure."
Les auteurs ont identifié les "nombreuses erreurs, les indices perdus, les occasions manquées qui ont conduit les autorités à accuser Carlos DeLuna de meurtre, malgré les preuves non seulement qu'il n'avait pas perpétré le crime mais qu'un autre individu, Carlos Hernandez, l'avait commis", souligne leur enquête de quelque 780 pages.
Après d'autres études, le rapport, intitulé "Los Tocayos Carlos: Anatomy of a wrongful execution" ("Les sosies Carlos: anatomie d'une erreur judiciaire"), refait l'enquête, près de 30 ans après les faits, sur le meurtre de Wanda Lopez, une jeune mère célibataire hispanique, poignardée dans la station-service où elle travaillait.
"Tout a dérapé dans cette affaire", a souligné le professeur Liebman. Depuis le meurtre, un soir de février 1983, dans un quartier désoeuvré de Corpus Christi, où la victime a appelé par deux fois police-secours pour signaler la présence d'un individu avec un cran d'arrêt. "Ils auraient pu la sauver", a commenté le principal auteur.
Quarante minutes après le crime, Carlos DeLuna est arrêté non loin de la station-service. Il est identifié par le seul témoin direct, qui a vu un hispanique sortir de la boutique en courant. Mais il est fraîchement rasé, vêtu d'une chemise blanche et propre à la différence du meurtrier, moustachu et habillé d'une chemise en flanelle grise, que le témoin direct avait décrit. D'autres témoignages se télescopent. DeLuna est interpellé à l'est tandis que le criminel a été vu s'enfuir vers le nord. Il clame immédiatement son innocence. "Je ne l'ai pas fait mais je sais qui l'a fait", déclare-t-il alors. Et de désigner Hernandez qu'il connaît et dit avoir vu entrer dans la station-service. Il affirme avoir pris la fuite car il avait bu et était en liberté conditionnelle.
Hernandez, connu pour ses attaques au cran d'arrêt, a été plus tard emprisonné pour le meurtre d'une femme avec un couteau identique. Mais au procès, le procureur a prétendu qu'Hernandez était le "fantôme de l'imagination de DeLuna".
Son avocat, "le pire des avocats", payé une somme modique, a aussi jugé "probable que Carlos Hernandez n'ait jamais existé".
Mais en 1986, un journal local a publié la photo d'Hernandez, au lendemain d'un article consacré à l'affaire DeLuna, a rapporté M. Liebman et son équipe. Et "Hernandez a avoué à plusieurs reprises le meurtre" de Wanda Lopez, jusqu'à sa mort en prison d'une cirrhose du foie, a ajouté le juriste.
Au terme d'une procédure "expresse", DeLuna est tué par injection létale en 1989 au Texas, qui exécute quatre fois plus que n'importe quel autre Etat américain.
"Malheureusement, les failles du système qui ont conduit à la condamnation et à l'exécution par erreur de DeLuna continuent aujourd'hui d'envoyer des innocents à la mort", conclut un communiqué accompagnant le rapport.