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Dans leurs photographies, il s’agit d’abord d’une tentative de captation de la lumière, du temps et du vide qui est l’un des éléments fondamentaux de la pratique de la photographie. Les photographes interrogent la notion du vide et son rapport à l’espace : espace réel/virtuel, espace physique/mental, espace privé/social, espace naturel/culturel, espace perceptif/représentatif, etc. Le vide dans la culture populaire marocaine se manifeste sous la forme d’un espace non occupé par des objets, qui entre en interaction avec d’autres éléments esthétiques et les différentes zones de représentation. Un rapport étroit s'est installé entre la création photographique et le territoire urbain qu'ils parcourent. Le caractère immatériel dans les photographies réalisées lors de cette résidence se manifestant sous forme d’espace vacant mis en valeur. Le vide est également considéré comme une condition pour mieux remplir. Un passage du réel à sa photographie où la notion de l’espace est en modification continuelle dans sa structure corporelle et mentale. Une vaste surface vide permet de développer un rapport spirituel et contemplatif au monde. L’exemple des mosquées et des mausolées de saints de la Médina qui relient l’organisation de l’espace culturel de l’Homme au vide photographié par Amine Bouyarmane et Omar Chennafi. L’espace public est soumis aux représentations qui orientent les formes d’appropriation et la perception générale qu’on s’en fait. Les images photographiques recèlent des possibilités argumentatives très importantes dans un monde où les images sont faites pour circuler.
Ainsi, la silhouette de la femme en noir qui porte le niqab, chez Mohamed Thara, se repère en fonction de l’espace qui l’entoure lors de son déplacement au sein de l’espace de la Médina. Entre ombre et lumière, la manière dont la silhouette de l’homme au chapeau de paille blanc est disposée chez Omar Chennafi conditionne le trajet et le rythme de ses mouvements. L’exemple de l’homme en djellaba chez Amine Bouyarmane qui contemple l’espace d’une ruelle vide, ou la jeune fille prise de dos qui court fuyant l’obscurité à la recherche de la lumière chez Hamza Ben Rachad. Dans ces photographies, l’espace est souvent vide ou occupé par des personnes, ou des silhouettes, celles-ci pouvant être situées dans son volume ou à sa surface, voire dans ses différentes dimensions. Les silhouettes peuvent être repérées les unes par rapport aux autres par la mesure de la distance ou de la direction. L’existence et le caractère de l’espace sont conditionnés par le vide, rendu visible par la disposition de cet espace inoccupé dans la photographie. Une lecture de l’espace labyrinthique et conflictuel et ses transformations au fil des saisons entre une Médina qui se développe lentement et l'intervention de l'homme pour tenter de la maîtriser.
Dans toutes les photographies réalisées pendant cette résidence Takafes, les formes se rencontrent dans l’espace, entrent en collision et se fondent plastiquement les unes aux autres. Derrière chaque photographie, il y a toujours une histoire, toute trace étant elle-même un fait de mémoire, aucune image photographique n’est accessible autrement qu’à travers le filtre d’une fiction d’appropriation des choses passées au temps présent. Les photographies s’adaptent aux contraintes de l’espace sur lequel les photographes travaillent, en mettant en évidence les ambiguïtés de la notion d’espace public.
Une série photographique qui dépasse les frontières sociales et historiques pour constituer un témoignage ethnographique et iconographique unique sur la Médina de Fès.
* (Directeur artistique de Takafes, le Centre d’art et de l’innovation culturelle, Fès)