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"Tout est arrangé, mais je ne lui ai pas encore parlé", admet-elle revêtue de l'uniforme de l'armée de l'air pakistanaise. "Nous nous marions dimanche", dit-elle.
Car le lieutenant Ambreen Gul, 25 ans, a beau être l'une des rares femmes à avoir décroché son brevet de pilote de chasse, son mariage avec un ingénieur d'Islamabad a été arrangé par les familles, dans la pure tradition culturelle de cette République islamique.
Selon les Nations unies, seules 40% des femmes adultes savent lire et écrire et nombre d'entre elles sont victimes de violences dans un pays extrêmement conservateur qui ne s'est pas encore doté d'une législation réprimant les violences domestiques à l'encontre des femmes.
Mais les pesanteurs culturelles et le conservatisme n'ont pas empêché sept femmes de forcer la porte du club très fermé des pilotes de chasse, en 2006.
"C'est une passion. Il faut être extrêmement motivé. J'adore voler, j'adore piloter des avions de chasse, accomplir quelque chose d'unique pour mon pays", s'enthousiasme la jeune femme qui gagne 60.000 roupies par mois (700 dollars).
Mais son ascension ne fut pas un parcours de santé.
Seule une poignée de candidates, enrôlées dès l'âge de 18 ans, se sont vu décerner leur diplôme au terme d'un âpre processus de sélection de six mois suivi de trois ans et demi de formation.
"C'était l'époque la plus pénible pour nous", se souvient Ambreen.
Lors d'un vol d'entraînement à bord d'un F-7 chinois, elle se souvient avoir brièvement perdu connaissance avant que ses réflexes de survie ne lui sauvent la vie in extremis.
Sa collègue Nadia Gul, également lieutenant, a été distinguée par un prix académique lors de la cérémonie de remise des diplômes aux pilotes.
"C'était la première fois. C'était historique", se souvient-elle revêtue d'un voile vert bouteille enveloppant quasiment toute sa chevelure et rentré dans sa veste rembourrée de pilote.
Aujourd'hui, le statut de ces deux femmes, qui ont des hommes sous leurs ordres, impose le respect autour d'elles.
"Les familles sont fascinées. Tout le monde est impressionné", raconte Nadia, dont le mari -capitaine dans l'armée- lui a témoigné son "soutien" et s'est montré "fier".
Aucune femme pilote n'a été cependant associée, à ce jour, aux opérations dans les zones tribales où l'armée combat les talibans alliés à Al-Qaïda alors que certains doutent de la capacité de ces pionnières d'atteindre les sommets de la hiérarchie.
Mais pour Nadia la reconnaissance est bien là.
"L'aviation pakistanaise nous donne cette chance sur la base de l'équité. Le Pakistan n'est pas du tout un pays conservateur. C'était audacieux de recruter des femmes pilotes", assure-t-elle.