On aura tout vu ! Ni salafisme ni soufisme dans l’enceinte universitaire


Par Mounir Zouiten
Mercredi 25 Avril 2012

On aura tout vu ! Ni salafisme ni soufisme dans l’enceinte universitaire
Récemment, à l’amphithéâtre Meziane Belafqi de la Fondation Mohamed VI des œuvres sociales de l’Education nationale, sur le campus universitaire à ‘’Madinat Al Irfane’’ à Rabat, une conférence, portant sur ‘’Soufisme et Société’’, a été organisée par les adeptes de la ‘’Tarika Al Boutchichia’’. Cette conférence fut modérée par le journaliste Fahd Yata et animée par Bariza Khiari, originaire d’Algérie et vice-présidente du Sénat français. Dans l’assistance, on pouvait distinguer quelques personnalités dont un ancien secrétaire d’Etat à l’Intérieur, le responsable du Festival des musiques sacrées de Fès et le célèbre chanteur de ‘’Kitar Al Hayat’’, Abdelhadi Belkhayat.
Avant la prise de parole par la conférencière, la cérémonie a débuté par la lecture du Coran et des chants religieux, animés par une chorale de jeunes hommes habillés tout en blanc dans un décor parfumé d’encens.
La sénatrice-conférencière maîtrise parfaitement le discours moderniste de la République française, celui de l’ouverture, de la tolérance et des valeurs de citoyenneté. Les organisateurs ne pouvaient pas trouver un meilleur profil pour animer leur conférence. Ils ont fait le choix le plus judicieux eu égard à l’assistance composée d’un grand nombre d’universitaires. Dans un français impeccable, elle a su capter l’attention de l’assistance en développant un argumentaire en faveur du soufisme et de ses vertus dans la société. Il faut dire que les personnes conviées à cette rencontre étaient bien ciblées. Ce sont, en général, des personnes apolitiques ou mécontentes des pratiques des politiques ou encore des personnes qui se cherchent. L’objectif des organisateurs est de les fidéliser à leurs rencontres et les faire adhérer, éventuellement, à leur confrérie.
S’adressant à l’assistance, la conférencière avait un message clair à faire passer. Elle s’est notamment attaquée à ceux qui  instrumentalisent l’islam à des fins politiques. Elle visait les adeptes de la mouvance salafiste qui envahissent l’espace public y compris celui de l’université. Pour elle, ceux-là n’accordent aucune importance à la notion du temps et veulent appliquer les préceptes de l’islam tels qu’ils ont été révélés il y a plus de quatorze siècles. A ses yeux, le soufisme, lui, prend en compte la dimension temporelle, d’où son adaptation à l’évolution de la société et son rejet du dogmatisme religieux. Pour défendre sa chapelle, la conférencière n’a cependant pas oublié de souligner qu’il n’est pas inutile, lorsqu’on est convaincu de cette vision du monde, d’avoir un référentiel spirituel. Ici, il faut entendre la ‘’Tarika Al Boutchichia’’ et son maître Cheikh Hamza.
Ce qui paraît inopportun et peut poser problème dans ce genre de rencontres, c’est le lieu choisi pour organiser de telles manifestations. L’espace public universitaire ne devrait pas accueillir ce genre d’événements. L'université devrait rester en dehors de ces démarches prédicatrices tant pour les salafistes que pour les soufistes. Elle n’a pas besoin de voir se développer en son sein des expressions et discours sur l’islam, ni hard ni light. Elle devrait être exclusivement réservée aux manifestations à caractère plutôt scientifique. Les enseignants et étudiants devraient avoir, durant le temps qu’ils passent dans les universités, comme seule préoccupation : l’acquisition des connaissances scientifiques. Les manifestations que l’on peut organiser en leur faveur devraient viser l’approfondissement des connaissances et l’épanouissement culturel. C’est pour cette raison que les manifestations religieuses ou spirituelles devraient, elles, plutôt être organisées en dehors de l’enceinte universitaire.


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1.Posté par El Aoud le 25/04/2012 17:01
Je partage le point de vue de M. Zouiten

2.Posté par nawfal le 26/04/2012 10:56 (depuis mobile)
Je ne partage pas du tout votre avis. Les Universités sont le lieu de tous les échanges, tous les débats d'idées, de la promotion de toute culture et religion. Je viens de France et c'est ce que j'aime dans les grandes facs françaises.

3.Posté par mohammed le 02/05/2012 11:47
Le Fikr est une connaissance nécessaire pour toutes les autres connaissances...

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