Nouveau protocole sanitaire pour les voyageurs en provenance d'Abu Dhabi, Dubaï, Doha et Manama

Test PCR, au décollage, mais aussi un contrôle médical et un test de dépistage rapide à l’arrivée


Libé
Jeudi 6 Mai 2021

L’UE envisage d’alléger les mesures d’entrée sur son territoire

Épargnés parla décision des autorités marocaines de suspendre les liaisons aériennes avec près de 40 pays dans le monde, les passagers en provenance d'Abu Dhabi, Dubaï, Doha et Manama auront désormais à satisfaire un nouveau protocole sanitaire pour accéder au territoire national. Jusqu’ici, les passagers désirant voyager au Maroc devaient être uniquement en possession d’un test PCR Covid-19 négatif ne dépassant pas 72 heures. Désormais, la donne a quelque peu changé.

Test antigénique et quarantaine
Selon l’Office national des aéroports (ONDA), un nouveau protocole sanitaire est entré en vigueur le 5 mai.En conséquence, les passagers en provenance d'AbuDhabi et deDubaï (Emirats arabes unis), de Doha (Qatar) et de Manama (Bahreïn) auront non seulement à satisfaire un test PCR négatif avant de décoller, mais aussi passer un contrôlemédical et un test de dépistage rapide à l'arrivée.En cas de test positif à l'atterrissage surle sol national, le passager en question sera soumis à une quarantaine dans un hôpital désigné”, précise l’ONDA. Cette modification du protocole sanitaire soulève plusieurs interrogations.D’abord,si isolementil y a après un test positif, qui paiera la facture de la quarantaine ? Ensuite, le coût des tests antigéniquessera-t-il inclus dans le prix des billets d’avion ? Pour rappel, le test rapide antigénique (TRA) est officiellement utilisé par les autorités sanitaires marocaines dans le cadre de la stratégie nationale de riposte et de gestion de l’épidémie. Utiles pour la détection des cas de charge virale élevée, et à même de réduire de manière considérable la propagation du virus (voir notre édition du vendredi 23 avril), les TRA promettent des résultats en seulement quinze à vingt minutes et non plus deux jours, comme c’est le cas des tests PCR. Cependant, ilssont moins sensibles que les PCR. D’où l'intérêt de combiner les deux.

L’ajout d’un test antigénique et la menace d’une quarantaine en cas de test positif, ne sont pas de nature à effrayer les voyageurs concernés. Et pour cause, lesEmirats arabes unis, le Qatar et Bahreïn font partie des pays les plus avancés dans le monde en matière de vaccination. Les UAE (2ème) sont sur le podium du classement des doses administrées par 100 habitants. Le Bahreïn n’est pas loin derrière (4ème), tout comme leQatar (8ème). Et dans quelques mois, il est fort probable que les tests PCR fassent place nette au certificat vaccinal et autre passeport vaccinal dans les protocoles sanitaires au Maroc et ailleurs.

L’UE entrouvre ses portes
En Europe, l’idée fait son chemin. Lundi dernier, la Commission européenne a proposé d’élargirla liste des ressortissants étrangers autorisés à séjourner dans l’UE aux voyageurs ayant reçu un vaccin dont la procédure d’enregistrement pour une utilisation d’urgence est achevée auprès de l’OMS. 4.326.873 Marocains ont pour le moment reçu deux doses de vaccin anti-Covid.Ilssont donc directement concernés par cette proposition. Par ailleurs, ladite commission a également émis l’idée de relever le seuil relatif au nombre de nouveaux cas de Covid-19 utilisé pour établir une liste de pays et à partir desquels tous les voyages devraient être autorisés, de 25 à 100 cas pour 100.000 personnes. Là encore, une bonne nouvelle pour les citoyennes et citoyens marocains puisque l’incidence dans le pays est de 1 cas par 100.000 habitants. Mais cette seconde proposition n’est pas de nature à durer. Le passeport vaccinalrisque d'être indispensable dans peu de temps.

L’Espagne plaide pour "le certificat numérique vert"
De l’autre côté de la Méditerranée, la ministre espagnole de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, Reyes Maroto, a assuré que le gouvernement ibérique ambitionne d'être pionnier dansle lancement d’un “certificat numérique vert". Un document qui fera à la fois office de certificat de vaccination, mais il listera également touteslesinformationssanitairesliées à la Covid-19. Avec pour objectif de relancer un secteur touristique en souffrance. Reyes Maroto entend ainsi promouvoir l’Espagne comme une destination "sûre".Nul doute que la formule va faire des émules principalement au sein des pays du Sud de l’Europe dont l’économie est dépendante du tourisme.

Le Pr. Jaâfar Heikal : Les médicaments disponibles permettent de gérer la souche classique et les autres variants

Les médicaments disponibles actuellement permettent de gérer la souche classique et les autres variants du coronavirus, a indiqué l'épidémiologiste et spécialiste en maladies infectieuses Pr. Jaâfar Heikal. La stratégie nationale de vaccination doit continuer, car le principal virus en circulation au Maroc est la souche classique et le variant indien est pour l'instant extrêmement limité (2 cas enregistrés jusqu'à présent), a-t-il affirmé dans une déclaration à la MAP, appelant à rester prudent et vigilant. "Nous sommes sur le bon chemin et sur la bonne voie et nous devons maintenir la surveillance épidémiologique pour éviter tout impact sur la stratégie vaccinale", at-il dit, soulignant que les vaccins disponibles au Maroc (Sinopharm ou AstraZeneca ) ont un niveau d’efficacité et d'efficience assez élevé entre 70% et 80% selon le schéma et les populations. Revenant sur le variant indien, M. Heikal a fait savoir qu'il a des caractéristiques particulières notamment sa double mutation puisqu'il rentre plus facilement dans les cellules infectées et donc se transmettre plus facilement, ainsi qu'il échappe aux anticorps c'est à dire à "notre système immunitaire qui nous protège". "Sur le plan scientifique, le variant se transmet beaucoup plus rapidement comparativement à la souche classique sauvage, et ce avec une capacité de transmissibilité de 28% supplémentaire", a-t-il relevé, notant que les données scientifiques n'ont pas tranché s'il est plus dangereux ou plus grave ou s’il entraîne plus de complications et plus de cas critiques nécessitant la réanimation. Par ailleurs, selon les premières données, les variants sud-africain, brésilien ou indien semblent encore une fois donner des résultats moins forts que par rapport au variant britannique ou variants classiques mais cela reste à démontrer, a tenu à préciser l'épidémiologiste. Selon l'expert marocain, le déclenchement du varient indien est dû principalement aux conditions favorables réunies pour sa transmission, notamment les grands rassemblements populaires pour des raisons politiques, sociales, culturelles et religieuses. Aussi, le système de santé indien n’est pas suffisamment réactif et résilient et il n’a pas suffisamment de capacité de prise en charge des flux de patients avoisinant les 400.000 nouveaux patients par jour, a-t-il estimé. M. Heikal a relevé, par ailleurs, que les études sont en cours pour déterminer si les vaccins actuels et les éléments du diagnostic (PCR) vont permettre de diagnostiquer ce variant et le mettre hors d'état de nuire. Au terme de son intervention, le Professeur Heikal n'a pas manqué de rappeler les meilleures mesures à prendre pour éviter "une débâcle" sanitaire. "Pendant que nous continuons la stratégie vaccinale, il évident qu’avant d’atteindre l'immunité collective qui doit être de 60 à 80% de la population cible, il faut maintenir de façon importante les mesures barrières à savoir le port du masque, la distanciation physique (1,5 à 2 m), le lavage régulier des mains", a-t-il insisté. Pour M.Heikal, ces éléments sont très importants pour arriver plus rapidement à l'immunité collective acquise et permettre, dans les prochains mois, à un retour à la vie normale surtout sur le plan social et économique


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