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En cette soirée du dimanche 28 juin, à Rabat, ils se sont donné rendez-vous devant le Parlement. Activistes du mouvement féminin, défenseurs des droits humains, militantes de partis politiques, figures de l’amazighité, artistes, journalistes, ils ont donné de la voix pendant près de 2 heures.
«Non aux tribunaux de daesh au Maroc», «Pas de place à l’obscurantisme», «Jamais sans ma jupe», «Ramid dégage». Les slogans se sont succédé révélant une même inquiétude : la dérive obscurantiste qui s’empare du Maroc depuis mai dernier. Du film «Much loved» censuré en dehors de toute procédure au concert de Jennifer Lopez voué aux gémonies par le chef du gouvernement lui-même en passant par la condamnation à de la prison ferme de deux jeunes hommes pour homosexualité, le Maroc a mal à ses libertés. Et des milliers de Marocains sont sortis ce week-end dans les rues pour le crier haut et fort.
C’est la dernière affaire en date, celle des deux jeunes femmes d’Inezgane dont le procès débutera le 6 juillet prochain pour avoir porté des robes légères qui a provoqué une véritable onde de choc au sein de la société civile. Les réseaux sociaux se sont mobilisés. Une pétition en ligne «Mettre une robe n’est pas un crime a déjà recueilli plus de 17.000 signatures.
Le discours de la haine
nourrit la violence
« Les craintes se sont plus encore exacerbées depuis l’attentat de Sousse. Ce qui s’est passé en Tunisie a été un choc terrible. Cela commence par l’intolérance, la haine, le « no bikini» sur une plage d’Agadir, les porteuses de robes lynchées et ça se termine par 38 morts. Le discours de la haine nourrit la violence. Il ne faut surtout ni minimiser ni banaliser ces actes d'intolérance commis derrière l’étendard bien commode des moeurs et de la pudeur. Ces actes ne sont pas ordinaires. Ils sont porteurs de haine. Cela commence comme à Agadir et Inezgane et finit en tragédie comme à Sousse», fait valoir cette figure du mouvement féminin.
Devant le Parlement, des pancartes ont été brandies et toujours la même revendication, celle d’une liberté chèrement payée, conquise après de longs combats et que des esprits obscurs, des camelots vendeurs de foi et autres gardiens du temple auto-proclamés veulent aujourd’hui confisquer. «Ma robe est ma liberté», «Je ne suis pas un corps, je suis une citoyenne», «Quel Etat de droit? Porter une jupe est un crime. Le harcèlement ne l’est pas», «Halte à l’intégrisme», les bannières signifiaient toutes une seule chose, la défense d’un Maroc qui respire, bouge, respecte les différences des uns et des autres.
«Une chose est sûre. Benkirane, Ramid et tous les autres ne sont pas seuls. La résistance s’organise. Qu’ils se le disent!», s’exclame ce défenseur des droits de l’Homme.
Au même moment à Casablanca, ce dimanche, une foule très nombreuse s’est retrouvée place des Nations unies en soutien aux deux jeunes femmes d’Inezgane. «Le pari n'était pas gagné d'avance: mobiliser un soir de Ramadan n'étant pas chose facile...Or ce pari, il a été très largement gagné...Beaucoup de monde, des personnalités, des stars, des militants... mais aussi -mais surtout- la foule, toutes générations confondues -la grande participation des jeunes étant une réelle satisfaction- pour dire non à cette atteinte aux libertés...et c'est là que ce rassemblement prend tout son sens, puisque ce dimanche soir ''LA ROBE DEVINT SYMBOLE'' ! Le symbole d'un sursaut, le symbole d'une prise de conscience, le symbole d'un combat. Ce dimanche soir à Casa, dans la chaleur étouffante, ces femmes et ces hommes, symboles d'une vraie société civile -celle qui milite- ont fait que l'air était soudainement devenu plus léger!», témoigne l’un des principaux organisateurs de ce rassemblement, Ahmed Ghayet.