Moscou et Pékin crient à l'escalade militaire après l’essai d’un missile américain


Mercredi 21 Août 2019

Moscou et Pékin crient à l'escalade militaire après l’essai d’un missile américain
La Russie et la Chine ont condamné mardi le premier essai par les Etats-Unis d'un missile de portée intermédiaire depuis la Guerre froide, dénonçant le risque d'une "escalade des tensions militaires" et d'une relance de la course aux armements.
Ce test américain marque la mort du traité de désarmement INF qui abolit l'usage - par la Russie et les Etats-Unis seuls - des missiles terrestres d'une portée de 500 à 5.500 kilomètres, officiellement suspendu par les deux puissances rivales il y a moins d'un mois. L'essai, réussi, a été effectué dimanche depuis l'île de San Nicolas, au large de la Californie (ouest), à 14H30 (21H30 GMT), selon le Pentagone, qui a précisé qu'il s'agit d'une "variante d'un missile de croisière d'attaque sol-sol Tomahawk".
Des images publiées par l'armée américaine montrent le missile tiré à proximité du rivage, depuis un système de lancement vertical Mark-41. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a regretté mardi une "escalade des tensions militaires" tout en assurant que Moscou "ne cédera pas à la provocation".
La Chine a de son côté déploré "une escalade des confrontations militaires" qui "aura de graves conséquences négatives pour la sécurité régionale et internationale". Elle a accusé Washington de chercher "la supériorité militaire unilatérale". Après six mois d'un dialogue de sourds, la Russie et les Etats-Unis avaient pris acte début août de la fin du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), dont la signature à la fin de la Guerre froide en 1987 avait mis un terme à la crise des euromissiles, déclenchée par le déploiement en Europe des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires. Le traité avait été dénoncé par le président américain Donald Trump le 1er février, puis par Moscou le lendemain, les deux pays s'accusant mutuellement de le violer.
Les Américains mettent notamment en cause le missile russe 9M729 d'une portée selon eux de 1.500 km, ce que Moscou dément, insistant sur le fait que son nouveau missile a une portée maximale de "480 kilomètres". La Russie dénonce de son côté le système de défense antimissile américain Aegis Ashore déployé en Pologne et en Roumanie. Les Etats-Unis déploient depuis longtemps des missiles de croisière de moyenne portée embarqués, et ils sont généralement tirés depuis des systèmes Mark-41. Ce qui est nouveau avec le test de dimanche, c'est que le système de lancement était installé au sol. Le missile est conventionnel, mais tout missile peut, par la suite, être équipé de tête nucléaire.
Selon M. Riabkov, le "délai extrêmement serré" qu'il a fallu aux Etats-Unis pour procéder avec succès à ce test d'un nouveau missile après la fin du traité INF démontre que Washington s'était préparé de longue date à la mort de l'accord. D'après le diplomate, l'usage du Tomahawk et du Mark-41 signifie que "ces systèmes seront utilisés pour le lancement non seulement de missiles intercepteurs, mais aussi de missiles de croisière", qui disposent d'une longue portée. En visite en France lundi, le président russe Vladimir Poutine a accusé les Américains de ne pas "écouter" Moscou. "Les Européens ont intérêt à ce qu'on nous écoute et à réagir", a-t-il lancé.
Début août, M. Poutine avait déjà appelé Washington à un "dialogue sérieux" sur le désarmement pour "éviter le chaos". Il avait alors proposé un moratoire sur le déploiement des armes nucléaires prohibées par le traité INF.
M. Poutine a donné fin février l'ordre de mettre au point de nouveaux types de missiles terrestres dans les deux ans, notamment en adaptant des engins de portée intermédiaire déjà existants mais déployés en mer ou dans les airs uniquement. Il avait également menacé de déployer de nouvelles armes "invincibles" mises au point par son pays pour viser les "centres de décision" dans les pays occidentaux.
Il ne reste désormais en vigueur qu'un seul accord nucléaire bilatéral entre Moscou et Washington: le traité START, qui maintient les arsenaux nucléaires des deux pays bien en deçà du niveau de la Guerre froide. Il doit arriver à échéance en 2021.


Lu 977 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Chronique | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe









L M M J V S D
  1 2 3 4 5 6
7 8 9 10 11 12 13
14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27
28 29 30 31      





Flux RSS
p