Il y a un an, le Londonien affirmait qu'il pouvait terrasser Usain Bolt.
Est arrivée la finale des Mondiaux de Berlin en août, course la plus rapide de l'histoire, close en 9 sec 58 par le Jamaïcain et terminée avec une blessure au mollet et une 6e place pour Chambers (10.00).
"Aux 60 m, je me suis dit: Il est parti", se souvient Chambers. "A l'arrivée, j'ai regardé son temps et j'ai ri", poursuit-il. En 2009, quinze athlètes des Etats-Unis et des îles caraïbes ont été plus rapides que lui. "Cela ne sert à rien de courir après des rêves fous", dit aujourd'hui Chambers.
Suspendu deux ans pour dopage en 2003, le Britannique a compris que s'il restait le meilleur européen, il ne pouvait plus rivaliser avec les plus rapides sur la scène estivale. Mais en salle, où les Bolt et autres Tyson Gay ne s'aventurent guère, il reste une force qui compte.
L'an passé, il a remporté les championnats d'Europe avec un record continental (6.42). Cette année, il talonne le meilleur performeur de la saison, l'Américain Ivory Williams (6.50 contre 6.49).
Le nez pincé de Coe. Ces performances n'ont pas gagné le respect du "parrain" de l'athlétisme britannique Sebastian Coe qui continue de se "pincer le nez" quand il voit Chambers courir.
Pas plus qu'elles n'ont ouvert au sprinteur les portes des sponsors et des grands meetings alors qu'il doit rembourser 115.000 dollars de prix remportés durant ses années de dopage, somme qu'il doit aller chercher dans des réunions de second ordre.
Mais son retour et son repentir lui ont valu un retour d'affection du public britannique qui a acclamé sa victoire aux sélections. "Il n'y a plus cette animosité. La plupart des gens ont décidé de passer à autre chose", se réjouit Chambers.
Quand plusieurs refusaient de lui serrer la main, il force désormais l'admiration de certains de ses pairs, comme le jeune Harry Aikines-Aryeetey, 21 ans, espoir du sprint britannique qui l'accompagnera à Doha.
"Le voir se détacher après 20 ou 30 m, c'est véritablement un spectacle étonnant", explique l'ancien champion du monde juniors. "OK, le gars s'est dopé, OK le gars a triché. Mais il est aussi un très bon technicien et il a beaucoup à m'apprendre"", dit Aikines-Aryeetey, rapporte l’AFP.
Chambers a aussi reçu le soutien public de l'entraîneur des Britanniques, Charles van Commenee. "Ce sont des gens que je respecte énormément, qui ne pensent pas qu'à donner des coups", dit le sprinteur.
"Je réalise désormais ce que j'ai presque perdu, je veux mettre la controverse derrière moi", poursuit un Chambers "détendu", "retombé amoureux de (son) sport", réconcilié avec lui-même. "Le passé est le passé. Mais l'avenir est radieux", conclut-il.