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Innovation, recherche
et entrepreneuriat font-ils bon
ménage ? C’est sans aucun doute. Déjà, dès le milieu du siècle dernier, les économistes faisaient de
l’entrepreneur-innovateur l’acteur nodal de l’économie. Aujourd’hui,
le développement des nouvelles
technologies de l’information et de la communication aidant, les initiatives innovantes ne manquent pas dans
différents secteurs et notamment
dans l’informatique, les
télécommunications et l’industrie. Actuellement, les entreprises
n’attendent plus de leurs cadres
d’être de simples exécutants mais bien plus… Il leur est demandé d’être
innovants et entreprenants.
Mohamed Nabil Srifi est professeur
et chercheur à l’Université Abdelmalek Essaâdi, à Tétouan. Il s’est distingué en remportant le Prix du public lors de la finale de l’émission Challengers 2009. Une victoire personnelle portée par le pays et également celle de l’Université marocaine où les concepts «innovation» et «entrepreneuriat» ont désormais toute leur place.
Libé : Tout d’abord, avez-vous un message à l’adresse des Marocains qui ont massivement voté pour vous lors de la finale de l’émission Challengers ?
Nabil Srifi : Permettez-moi, tout d’abord, de remercier tous ceux qui ont voté pour mon projet. Ce vote, étant massif comme vous l’avez signalé, est une preuve que les Marocains sont conscients, d’une part, de la nécessité de la valorisation de la recherche scientifique au Maroc et d’autre part, de l’importance des nouvelles technologies comme vecteur de développement de notre pays dans un climat mondial marqué par l’économie du savoir. Cette conscience constitue une véritable garantie pour le progrès de notre nation.
Pour que le Maroc ait sa place parmi les pays développés, nous sommes tous appelés à nous mobiliser. Tout d’abord, il faut croire aux compétences marocaines et à leur aptitude à exceller dans les différents domaines, y compris dans le développement des technologies de pointe. De plus, il nous faut indéniablement lutter contre un certain comportement que je juge passif porté exclusivement sur la simple consommation, pour instaurer et consolider un autre comportement, plus actif, basé sur la productivité. C’est ainsi que nous pourrons promouvoir, de manière efficiente, l’esprit de l’innovation et de la créativité, surtout chez les jeunes. Ce sont ces conditions sine qua non qui nous permettront d’adopter une politique économique axée sur les nouvelles technologies et alimentée par la recherche scientifique.
Que représente pour vous cette victoire ?
Ce n’est pas seulement « ma » victoire… C’est une victoire pour tous les chercheurs marocains, de l’Université marocaine et de l’enseignement public au Maroc. Cette victoire est une reconnaissance populaire de la recherche scientifique au Maroc. Ce qui est un point important à noter. Elle exprime une conscience collective qui nous aidera forcément à nous libérer d’un certain complexe d’infériorité que nous ressentons vis-à-vis des pays développés dans les domaines technologiques.
Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste votre projet ?
Notre projet a pour principale ambition de créer un centre de développement technologique au sein de l’Université Abdelmalek Essaâdi, à Tétouan. L’activité de notre centre porte sur la conception, la fabrication et la commercialisation des systèmes de télécommunications (antennes, radars, systèmes d’imagerie micro-ondes…).
Notre centre vise, tout d’abord, à donner à la recherche scientifique au sein de l’Université marocaine sa dimension entrepreneuriale mais également à contribuer à la promotion de la politique nationale en matière de nouvelles technologies et ainsi contribuer à la diversification des économies du Maroc. L’objectif du projet étant de contribuer à l’amélioration et à la réduction des coûts de diagnostic et de traitement de certaines maladies par micro-ondes comme le cancer du sein. Nous visons également à contribuer à la création et à la consolidation de la société de l’information au Maroc, et au développement national d’une technologie de pointe et compétitive à l’échelle internationale dans les domaines des nouvelles technologies.
Derrière le centre « Wireless Technologies », existe tout un groupe de rechercheurs qui compte plus de vingt ans d’expérience dans le domaine des systèmes de communications mobiles et sans fil. Il s’agit du groupe d’électronique et micro-ondes de la Faculté des sciences de Tétouan dirigé par le Professeur Mohammed Essaidi.
Désormais, quelles sont les prochaines étapes pour mettre en place ce centre de développement « Wireless Technologies » ?
Après avoir enregistré notre centre, nous allons chercher les modalités de financement et de subvention adéquates. Ainsi, on s’adressera aux différents départements publics et privés, notamment le ministère des Nouvelles technologies, les opérateurs en télécoms au Maroc ainsi que les banques. Nous souhaiterions démarrer notre activité au début de 2010. A noter que « Wireless Technologies » sera installé au sein de l’Ecole nationale des sciences appliquées de Tétouan, à la Faculté des sciences de Tétouan, et que notre Université fera partie de ce projet. Sa contribution sera de l’ordre de 40%. A ce propos, je salue vivement l’appréciable volonté du président de l’Université Abdelmalek Essaâdi, Mustapha Bennouna qui m’a soutenu tout au long de la compétition. Je remercie également Abderrahmane Elkamili, le doyen de la Faculté des sciences de Tétouan pour l’intérêt et l’appui qu’il m’a accordés.
L’Université, peut-elle devenir une pépinière d’entreprises ?
Le Maroc a toujours eu du mal à transformer la capacité intellectuelle résultante de la recherche scientifique en capacité économique. Ce déphasage est patent dans le domaine des nouvelles technologies. Il est temps donc d’exploiter notre savoir-faire issu de la recherche scientifique dans les Universités marocaines et le mettre au service de l’économie et l’industrie nationales, et ce dans les différents secteurs et disciplines. De ce fait, l’Université, pépinière d’entreprises, est la bonne formule pour valoriser la recherche scientifique et approfondir davantage la dimension innovatrice et entrepreneuriale dans le champ universitaire marocain, pour que cette dernière puisse réussir son rôle de locomotive du développement. Cette vision contribuera à la promotion de la diversité de l’économie nationale et à l’amélioration de sa compétitivité à l’échelle internationale. A mon avis, l’innovation, la recherche scientifique et l’entrepreneuriat devront être les piliers de toute vision stratégique de développement économique.
A rappeler d’ailleurs que les universités marocaines, suite à la loi 01 – 00, peuvent prendre des participations dans des entreprises publiques et privées.
Lors de votre prestation à l’émission Challengers, vous avez mis l’accent sur la nécessité pour le Maroc d’être exportateur de nouvelles technologies. Pensez-vous que cela soit toujours possible, vu le marché concurrentiel mondial ?
Effectivement. A mon avis, ce n’est plus un choix, c’est une obligation pour bien se positionner dans un monde qui évolue rapidement. Il suffit de prendre l’exemple du Japon et de l’Inde. L’expérience de ces deux nations nous montre clairement l’importance des nouvelles technologies et leur rôle dans l’accroissement économique. Le secteur des télécommunications et des nouvelles technologies est un secteur porteur en pleine émergence. L’investissement dans ce domaine est très rentable et permettra au Maroc de rapatrier des devises. Le point principal pour monter et réussir de tels projets, dans le secteur des nouvelles technologies, c’est l’innovation. C’est aussi la motivation et la volonté, c’est l’esprit créatif, c’est l’idée qui compte avant tout autre chose. Bien sûr, il faut avoir les moyens nécessaires, l’infrastructure et le climat favorable pour concrétiser et valoriser ces idées. Croyez-moi, les Marocains sont prêts et capables de relever le défi, et le Maroc pourra intégrer le club des puissances économiques mondiales si nous unissons nos efforts et si les politiques sectorielles s’adaptent pour que les investissements dans le domaine des nouvelles technologies soient d’ordre prioritaire dans les programmes et les plans économiques adoptés à court et à long termes. Quant à la concurrence mondiale, elle ne doit pas présenter de souci, tant que l’innovation est l’élément-clé. Et lorsqu’il s’agit d’innovation, ce sont les « cerveaux » qui font la différence.
Que vous a apporté cette participation à Challengers ?
Lors de cette compétition, la chaîne 2M et Médiation nous ont proposé un programme d’accompagnement très riche. J’ai eu le plaisir d’apprendre de nouvelles notions dans le domaine de la gestion des entreprises, la communication, le marketing, entres autres. Et ce grâce à un effort considérable des professionnels qui nous ont offert le fruit de leurs expériences. Je souhaiterais citer nos parrains de l’ALISCA de l’Ordre des experts comptables de Casablanca, et les cadres de la FBP de la création d’entreprise.
Pour ma part, c’était une occasion de découvrir le monde de l’entreprise de près et d’apprendre ses mécanismes de base. D’autre part, cette participation m’a permis de partager avec tous les Marocains une idée qui m’a toujours animé et un rêve qui m’a toujours suivi ; celui de voir notre pays développer sa propre industrie technologique, pour qu’il passe d’un pays importateur des nouvelles technologies à un pays exportateur de ces technologies. Et c’est justement dans ce cadre que notre projet s’inscrit.
et entrepreneuriat font-ils bon
ménage ? C’est sans aucun doute. Déjà, dès le milieu du siècle dernier, les économistes faisaient de
l’entrepreneur-innovateur l’acteur nodal de l’économie. Aujourd’hui,
le développement des nouvelles
technologies de l’information et de la communication aidant, les initiatives innovantes ne manquent pas dans
différents secteurs et notamment
dans l’informatique, les
télécommunications et l’industrie. Actuellement, les entreprises
n’attendent plus de leurs cadres
d’être de simples exécutants mais bien plus… Il leur est demandé d’être
innovants et entreprenants.
Mohamed Nabil Srifi est professeur
et chercheur à l’Université Abdelmalek Essaâdi, à Tétouan. Il s’est distingué en remportant le Prix du public lors de la finale de l’émission Challengers 2009. Une victoire personnelle portée par le pays et également celle de l’Université marocaine où les concepts «innovation» et «entrepreneuriat» ont désormais toute leur place.
Libé : Tout d’abord, avez-vous un message à l’adresse des Marocains qui ont massivement voté pour vous lors de la finale de l’émission Challengers ?
Nabil Srifi : Permettez-moi, tout d’abord, de remercier tous ceux qui ont voté pour mon projet. Ce vote, étant massif comme vous l’avez signalé, est une preuve que les Marocains sont conscients, d’une part, de la nécessité de la valorisation de la recherche scientifique au Maroc et d’autre part, de l’importance des nouvelles technologies comme vecteur de développement de notre pays dans un climat mondial marqué par l’économie du savoir. Cette conscience constitue une véritable garantie pour le progrès de notre nation.
Pour que le Maroc ait sa place parmi les pays développés, nous sommes tous appelés à nous mobiliser. Tout d’abord, il faut croire aux compétences marocaines et à leur aptitude à exceller dans les différents domaines, y compris dans le développement des technologies de pointe. De plus, il nous faut indéniablement lutter contre un certain comportement que je juge passif porté exclusivement sur la simple consommation, pour instaurer et consolider un autre comportement, plus actif, basé sur la productivité. C’est ainsi que nous pourrons promouvoir, de manière efficiente, l’esprit de l’innovation et de la créativité, surtout chez les jeunes. Ce sont ces conditions sine qua non qui nous permettront d’adopter une politique économique axée sur les nouvelles technologies et alimentée par la recherche scientifique.
Que représente pour vous cette victoire ?
Ce n’est pas seulement « ma » victoire… C’est une victoire pour tous les chercheurs marocains, de l’Université marocaine et de l’enseignement public au Maroc. Cette victoire est une reconnaissance populaire de la recherche scientifique au Maroc. Ce qui est un point important à noter. Elle exprime une conscience collective qui nous aidera forcément à nous libérer d’un certain complexe d’infériorité que nous ressentons vis-à-vis des pays développés dans les domaines technologiques.
Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste votre projet ?
Notre projet a pour principale ambition de créer un centre de développement technologique au sein de l’Université Abdelmalek Essaâdi, à Tétouan. L’activité de notre centre porte sur la conception, la fabrication et la commercialisation des systèmes de télécommunications (antennes, radars, systèmes d’imagerie micro-ondes…).
Notre centre vise, tout d’abord, à donner à la recherche scientifique au sein de l’Université marocaine sa dimension entrepreneuriale mais également à contribuer à la promotion de la politique nationale en matière de nouvelles technologies et ainsi contribuer à la diversification des économies du Maroc. L’objectif du projet étant de contribuer à l’amélioration et à la réduction des coûts de diagnostic et de traitement de certaines maladies par micro-ondes comme le cancer du sein. Nous visons également à contribuer à la création et à la consolidation de la société de l’information au Maroc, et au développement national d’une technologie de pointe et compétitive à l’échelle internationale dans les domaines des nouvelles technologies.
Derrière le centre « Wireless Technologies », existe tout un groupe de rechercheurs qui compte plus de vingt ans d’expérience dans le domaine des systèmes de communications mobiles et sans fil. Il s’agit du groupe d’électronique et micro-ondes de la Faculté des sciences de Tétouan dirigé par le Professeur Mohammed Essaidi.
Désormais, quelles sont les prochaines étapes pour mettre en place ce centre de développement « Wireless Technologies » ?
Après avoir enregistré notre centre, nous allons chercher les modalités de financement et de subvention adéquates. Ainsi, on s’adressera aux différents départements publics et privés, notamment le ministère des Nouvelles technologies, les opérateurs en télécoms au Maroc ainsi que les banques. Nous souhaiterions démarrer notre activité au début de 2010. A noter que « Wireless Technologies » sera installé au sein de l’Ecole nationale des sciences appliquées de Tétouan, à la Faculté des sciences de Tétouan, et que notre Université fera partie de ce projet. Sa contribution sera de l’ordre de 40%. A ce propos, je salue vivement l’appréciable volonté du président de l’Université Abdelmalek Essaâdi, Mustapha Bennouna qui m’a soutenu tout au long de la compétition. Je remercie également Abderrahmane Elkamili, le doyen de la Faculté des sciences de Tétouan pour l’intérêt et l’appui qu’il m’a accordés.
L’Université, peut-elle devenir une pépinière d’entreprises ?
Le Maroc a toujours eu du mal à transformer la capacité intellectuelle résultante de la recherche scientifique en capacité économique. Ce déphasage est patent dans le domaine des nouvelles technologies. Il est temps donc d’exploiter notre savoir-faire issu de la recherche scientifique dans les Universités marocaines et le mettre au service de l’économie et l’industrie nationales, et ce dans les différents secteurs et disciplines. De ce fait, l’Université, pépinière d’entreprises, est la bonne formule pour valoriser la recherche scientifique et approfondir davantage la dimension innovatrice et entrepreneuriale dans le champ universitaire marocain, pour que cette dernière puisse réussir son rôle de locomotive du développement. Cette vision contribuera à la promotion de la diversité de l’économie nationale et à l’amélioration de sa compétitivité à l’échelle internationale. A mon avis, l’innovation, la recherche scientifique et l’entrepreneuriat devront être les piliers de toute vision stratégique de développement économique.
A rappeler d’ailleurs que les universités marocaines, suite à la loi 01 – 00, peuvent prendre des participations dans des entreprises publiques et privées.
Lors de votre prestation à l’émission Challengers, vous avez mis l’accent sur la nécessité pour le Maroc d’être exportateur de nouvelles technologies. Pensez-vous que cela soit toujours possible, vu le marché concurrentiel mondial ?
Effectivement. A mon avis, ce n’est plus un choix, c’est une obligation pour bien se positionner dans un monde qui évolue rapidement. Il suffit de prendre l’exemple du Japon et de l’Inde. L’expérience de ces deux nations nous montre clairement l’importance des nouvelles technologies et leur rôle dans l’accroissement économique. Le secteur des télécommunications et des nouvelles technologies est un secteur porteur en pleine émergence. L’investissement dans ce domaine est très rentable et permettra au Maroc de rapatrier des devises. Le point principal pour monter et réussir de tels projets, dans le secteur des nouvelles technologies, c’est l’innovation. C’est aussi la motivation et la volonté, c’est l’esprit créatif, c’est l’idée qui compte avant tout autre chose. Bien sûr, il faut avoir les moyens nécessaires, l’infrastructure et le climat favorable pour concrétiser et valoriser ces idées. Croyez-moi, les Marocains sont prêts et capables de relever le défi, et le Maroc pourra intégrer le club des puissances économiques mondiales si nous unissons nos efforts et si les politiques sectorielles s’adaptent pour que les investissements dans le domaine des nouvelles technologies soient d’ordre prioritaire dans les programmes et les plans économiques adoptés à court et à long termes. Quant à la concurrence mondiale, elle ne doit pas présenter de souci, tant que l’innovation est l’élément-clé. Et lorsqu’il s’agit d’innovation, ce sont les « cerveaux » qui font la différence.
Que vous a apporté cette participation à Challengers ?
Lors de cette compétition, la chaîne 2M et Médiation nous ont proposé un programme d’accompagnement très riche. J’ai eu le plaisir d’apprendre de nouvelles notions dans le domaine de la gestion des entreprises, la communication, le marketing, entres autres. Et ce grâce à un effort considérable des professionnels qui nous ont offert le fruit de leurs expériences. Je souhaiterais citer nos parrains de l’ALISCA de l’Ordre des experts comptables de Casablanca, et les cadres de la FBP de la création d’entreprise.
Pour ma part, c’était une occasion de découvrir le monde de l’entreprise de près et d’apprendre ses mécanismes de base. D’autre part, cette participation m’a permis de partager avec tous les Marocains une idée qui m’a toujours animé et un rêve qui m’a toujours suivi ; celui de voir notre pays développer sa propre industrie technologique, pour qu’il passe d’un pays importateur des nouvelles technologies à un pays exportateur de ces technologies. Et c’est justement dans ce cadre que notre projet s’inscrit.