MALI, le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles, revient au-devant de la scène. Il organise le 1er février prochain un sit-in à Rabat pour défendre le droit des femmes à avorter. Une question dont il a fait son cheval de bataille.
En agissant ainsi, le Mouvement s’inscrit dans une démarche véritablement pro-choix quant à l'autonomie des femmes et des filles. « Nous défendons le droit à l’interruption volontaire de grossesse pour toutes, et non dans certaines circonstances » est-il indiqué dans un communiqué publié sur Internet. L’interdiction ou toute autre restriction légale n’a pas d’effet dissuasif sur le recours à l’avortement. Cela ne fait que reléguer les avortements dans la clandestinité. L’illégalité de l’avortement constitue une violence faite aux femmes. Permettre à toutes les femmes l’accès à l’avortement sécuritaire est également une question de justice sociale.
Ils expliquent ainsi que les droits en matière de sexualité et de procréation découlent des droits fondamentaux et que par conséquent, les droits sexuels font partie intégrante de la santé. Cette position, ils estiment qu’elle leur a été imposée de par les conditions indicibles que vivent bon nombre de femmes acculées à mettre fin à leur grossesse. A ce propos, les chiffres avancés sont effarants. Elles seraient quelque 800 femmes victimes d'avortements clandestins par jour au Maroc. Des avortements souvent pratiqués dans des conditions insalubres et qui concernent, dans la majorité des cas, des femmes issues d’un milieu social défavorisé. Les conséquences n’en sont que dramatiques. Et pourtant, elles n’ont pas pour autant interpellé les responsables politiques. A cet effet, le Mouvement déplore que la question de l'avortement soit absente du projet du plan égalité femmes-hommes, présenté en juillet dernier par la ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social. Certaines voix associatives et féministes semblent s'élever afin d'aboutir à un assouplissement de la loi mais uniquement dans certains cas (inceste, viol…)
Par ailleurs, il faut rappeler que de par le monde, un climat bouillonnant entoure la question du droit à l’avortement des femmes. Les conservateurs haussent le ton en France, en Espagne ou en Pologne, et battent le pavé aux Etats-Unis. Au Maroc, ni le choix de la date ni celui du lieu de l’organisation de la manifestation ne sont innocents. En effet, ce sit-in qui s’inscrit dans le cadre de la campagne «My body is mine», se déroulera le même jour qu’une manifestation organisée à Madrid contre le projet de loi anti-avortement proposé par le gouvernement espagnol. L’actualité espagnole sert aussi de justificatif quant au lieu du sit-in qui se tiendra devant l'Institut Cervantès.