Autres articles
-
Gisèle Pelicot : Une victime debout, devenue icône de la cause des femmes
-
Nicolas Sarkozy. Un boulimique de la politique englué dans les affaires judiciaires
-
Paul Watson. L'éco-pirate qui fait des vagues
-
François Bayrou. Vétéran politique et soutien de la première heure de Macron
-
Yoon Suk Yeol. De procureur superstar à président déchu
Angela Merkel, 64 ans dont 13 au pouvoir, a longtemps paru inoxydable. Mais des crises à répétition au sein de sa coalition et les critiques contre sa politique migratoire ont fini par fragiliser irrémédiablement la chancelière allemande.
Elle en a tiré de premières conséquences lundi, au lendemain d'un énième revers électoral, dans la région de Hesse, en annonçant à ses troupes qu'elle quitterait en décembre la présidence de son parti de centre-droit CDU afin de préparer sa succession, tout en restant chancelière, selon l'agence allemande DPA. Un premier pas vers la fin de sa carrière politique.
Le quatrième mandat qu'elle a entamé dans la douleur en mars, après d'interminables tractations pour former un gouvernement, se révèlera probablement comme celui de trop.
La recette du compromis permanent concoctée sous l'égide de la chancelière, entre son camp conservateur et les sociaux-démocrates, a fini par lasser les électeurs dans un monde politique allemand atomisé et électrisé par l'irruption de l'extrême droite antimigrants.
En conflit répété sur la politique d'asile avec son ministre de l'Intérieur et patron de la droite bavaroise, Horst Seehofer, Mme Merkel voit son étoile pâlir depuis des mois. Un déclin qui aiguise les ambitions dans son camp et libère des rancoeurs accumulées parfois depuis des années.
Les soutiens se font rares à l'égard de la plus ancienne dirigeante en exercice en Europe.
Celle que les Allemands surnommaient affectueusement "Mutti" n'est "plus aussi incontestée qu'elle l'a été au cours des trois législatures précédentes", vient ainsi de lâcher son ancien ministre des Finances Wolfgang Schaüble.
Sous la pression de frondeurs de son parti, elle avait déjà nommé début 2018 comme numéro 2 de son parti une proche, Annegret Kramp-Karrenbauer, chargée de préparer un "renouveau". Et elle s'est vu imposer récemment un nouveau président de son groupe parlementaire, plus critique.
Depuis un an, rien ne se passe comme prévu. Tout d'abord, sa famille politique conservatrice a enregistré lors des législatives de 2017 un score historiquement bas et vu une partie de ses électeurs préférer des formations hostiles à sa politique d'immigration longtemps généreuse, l'extrême droite et les Libéraux.
C'est à l'automne 2015 que tout a basculé, lorsque Angela Merkel décide d'ouvrir son pays à des centaines de milliers de demandeurs d'asile. Malgré les inquiétudes de l'opinion, elle promet de les intégrer et de les protéger. "Nous y arriverons!", assure-t-elle. Peut-être la phrase la plus marquante prononcée au pouvoir par Mme Merkel, rétive aux discours enflammés.
Jusqu'alors, cette docteure en chimie qui porte toujours le nom de son premier mari avait toujours cultivé une image de femme prudente voire froide, simple, qui aime les pommes de terre, l'opéra et la randonnée.
Pour expliquer sa décision historique sur les migrants, prise sans vraiment consulter ses partenaires européens, ont été évoquées ses "valeurs chrétiennes".
Ce logiciel, celle qui est née sous le nom d'Angela Kasner le tient de son père, un pasteur austère parti vivre avec toute sa famille volontairement dans l'Allemagne de l'Est communiste et athée pour prêcher l'évangile. Angela Merkel y grandit, s'accommodant du système mais sans perdre la foi.
Fin 2015 donc, celle qui fut un temps dépeinte en nazie en Grèce pour son inflexibilité financière face à Athènes, se transforme en "mère Teresa" des réfugiés.
Un an plus tard, après le séisme Donald Trump, médias et politiques la proclament "leader du monde libre" dans un contexte de montée des populismes.
Mais la crise migratoire inquiète, la peur de l'islam et des attentats s'installent, et l'électorat conservateur se détourne en partie vers l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Un tabou de l'après-guerre est brisé quand en septembre 2017, la formation d'extrême droite fait une entrée historique au Parlement.
En Europe aussi, la politique migratoire de la chancelière a conduit à son affaiblissement.
Elle reste néanmoins un animal politique aussi singulier que redoutable, que les grands noms de l'Allemagne contemporaine ont presque tous sous-estimé. A commencer par Helmut Kohl qui lui a mis le pied à l'étrier tout en la qualifiant de "gamine".
En 2000, elle profite d'un scandale financier au sein de son parti pour prendre la CDU. La débutante sans charisme double alors tous les hiérarques masculins.
Le 18 septembre 2005, c'est face au chancelier social-démocrate Gerhard Schröder qu'elle arrache une victoire électorale sur le fil, suscitant l'incrédulité de son adversaire.
Ironie de l'Histoire, la seule femme à avoir dirigé l'Allemagne a largement tiré parti des réformes économiques impulsées par son prédécesseur.
Et ses adversaires jugent que sa seule véritable décision d'avenir, la sortie du nucléaire décidée en 2011 après la catastrophe de Fukushima, avait surtout été prise pour satisfaire une opinion publique effrayée.
Elle en a tiré de premières conséquences lundi, au lendemain d'un énième revers électoral, dans la région de Hesse, en annonçant à ses troupes qu'elle quitterait en décembre la présidence de son parti de centre-droit CDU afin de préparer sa succession, tout en restant chancelière, selon l'agence allemande DPA. Un premier pas vers la fin de sa carrière politique.
Le quatrième mandat qu'elle a entamé dans la douleur en mars, après d'interminables tractations pour former un gouvernement, se révèlera probablement comme celui de trop.
La recette du compromis permanent concoctée sous l'égide de la chancelière, entre son camp conservateur et les sociaux-démocrates, a fini par lasser les électeurs dans un monde politique allemand atomisé et électrisé par l'irruption de l'extrême droite antimigrants.
En conflit répété sur la politique d'asile avec son ministre de l'Intérieur et patron de la droite bavaroise, Horst Seehofer, Mme Merkel voit son étoile pâlir depuis des mois. Un déclin qui aiguise les ambitions dans son camp et libère des rancoeurs accumulées parfois depuis des années.
Les soutiens se font rares à l'égard de la plus ancienne dirigeante en exercice en Europe.
Celle que les Allemands surnommaient affectueusement "Mutti" n'est "plus aussi incontestée qu'elle l'a été au cours des trois législatures précédentes", vient ainsi de lâcher son ancien ministre des Finances Wolfgang Schaüble.
Sous la pression de frondeurs de son parti, elle avait déjà nommé début 2018 comme numéro 2 de son parti une proche, Annegret Kramp-Karrenbauer, chargée de préparer un "renouveau". Et elle s'est vu imposer récemment un nouveau président de son groupe parlementaire, plus critique.
Depuis un an, rien ne se passe comme prévu. Tout d'abord, sa famille politique conservatrice a enregistré lors des législatives de 2017 un score historiquement bas et vu une partie de ses électeurs préférer des formations hostiles à sa politique d'immigration longtemps généreuse, l'extrême droite et les Libéraux.
C'est à l'automne 2015 que tout a basculé, lorsque Angela Merkel décide d'ouvrir son pays à des centaines de milliers de demandeurs d'asile. Malgré les inquiétudes de l'opinion, elle promet de les intégrer et de les protéger. "Nous y arriverons!", assure-t-elle. Peut-être la phrase la plus marquante prononcée au pouvoir par Mme Merkel, rétive aux discours enflammés.
Jusqu'alors, cette docteure en chimie qui porte toujours le nom de son premier mari avait toujours cultivé une image de femme prudente voire froide, simple, qui aime les pommes de terre, l'opéra et la randonnée.
Pour expliquer sa décision historique sur les migrants, prise sans vraiment consulter ses partenaires européens, ont été évoquées ses "valeurs chrétiennes".
Ce logiciel, celle qui est née sous le nom d'Angela Kasner le tient de son père, un pasteur austère parti vivre avec toute sa famille volontairement dans l'Allemagne de l'Est communiste et athée pour prêcher l'évangile. Angela Merkel y grandit, s'accommodant du système mais sans perdre la foi.
Fin 2015 donc, celle qui fut un temps dépeinte en nazie en Grèce pour son inflexibilité financière face à Athènes, se transforme en "mère Teresa" des réfugiés.
Un an plus tard, après le séisme Donald Trump, médias et politiques la proclament "leader du monde libre" dans un contexte de montée des populismes.
Mais la crise migratoire inquiète, la peur de l'islam et des attentats s'installent, et l'électorat conservateur se détourne en partie vers l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Un tabou de l'après-guerre est brisé quand en septembre 2017, la formation d'extrême droite fait une entrée historique au Parlement.
En Europe aussi, la politique migratoire de la chancelière a conduit à son affaiblissement.
Elle reste néanmoins un animal politique aussi singulier que redoutable, que les grands noms de l'Allemagne contemporaine ont presque tous sous-estimé. A commencer par Helmut Kohl qui lui a mis le pied à l'étrier tout en la qualifiant de "gamine".
En 2000, elle profite d'un scandale financier au sein de son parti pour prendre la CDU. La débutante sans charisme double alors tous les hiérarques masculins.
Le 18 septembre 2005, c'est face au chancelier social-démocrate Gerhard Schröder qu'elle arrache une victoire électorale sur le fil, suscitant l'incrédulité de son adversaire.
Ironie de l'Histoire, la seule femme à avoir dirigé l'Allemagne a largement tiré parti des réformes économiques impulsées par son prédécesseur.
Et ses adversaires jugent que sa seule véritable décision d'avenir, la sortie du nucléaire décidée en 2011 après la catastrophe de Fukushima, avait surtout été prise pour satisfaire une opinion publique effrayée.