Mehdi Mezouari : L’USFP vit depuis deux mois au rythme d’ une dynamique préparatoire unique, intégrée, transparente, ouverte, cohérente et rayonnante

L’enjeu sur le plan politique concerne essentiellement le renouvellement de la ligne politique du parti en ayant à l’esprit l’ensemble des mutations géosociales au niveau régional mais aussi international


Libé
Dimanche 23 Janvier 2022

El Mehdi Mezouari, membre du Bureau politique de l’USFP, président-fondateur de l’Institut national de la jeunesse et de la démocratie et membre de l’instance nationale de la régulation de l’électricité, dans un entretien accordé à nos confrères du quotidien arabophone «Assabah», a livré une analyse aussi rationnelle qu’exhaustive de la situation du parti, sa position sur l’échiquier politique national, son état organisationnel et structurel à la veille de la tenue de son 11èmeCongrès national, ses visions, ses conceptions, son action et ses perspectives d’avenir.

Interrogé sur son appréciation de la coexistence au sein de l’USFP de « deux dynamiques, l’une à l’intérieur du parti, ayant trait à la discussion des projets de documents et l’autre, de l’extérieur menée par des candidats et des militants ayant, auparavant déserté les rangs du parti », le responsable ittihadi a affirmé que l’USFP vit depuis deux mois «au rythme d’une dynamique préparatoire unique, intégrée, transparente, ouverte, cohérente et rayonnante».

Quant aux candidatures, il a indiqué qu’elles constituaient une partie intégrante de cette dynamique du fait qu’elles ont été annoncées par une militante et des militantes à l’horizon du 11èmeCongrès du parti, qu’elles ont été envoyées à une adresse bien déterminée et déposées auprès de l’administration du parti et sa direction actuelle de manières différentes et que le Bureau politique les a actées et transmises à la présidence du Congrès qui les soumettra, à son tour à la commission de validation conformément à la procédure en vigueur.

Mezouari a, par ailleurs, souligné qu’il ne s’agit point d’un phénomène particulier comme le décrivent d’aucuns, avec une certaine ambivalence de la préparation du Congrès. Et si l’on avance dans ce contexte qu’il s’agit d’un quelconque phénomène, a-t-il développé, en ajoutant que l’on fait peut-être allusion au « phénomène ittihadi », en soi, dont les affaires suscitent un intérêt sensationnel et dur de la part de l’opinion publique nationale. « Nous ne demanderons pas aux gens d’être cléments dans leur amour impitoyable car cela demeurera pour nous une source de fierté et demotivation quant à poursuivre, tout disposés, l’action d’assumer la charge de la responsabilité qui nous incombe », s’est-il rejoui.

D’autre part, à la question de savoir si la polémique qui s’est focalisée autour du volet organisationnel délaissant le débat politique préconisé pourtant primordial au sein d’un parti tel que l’USFP ne reflète pas un certain recul de l’aspect politique de l’action de la formation, le président de l’Institut de la jeunesse et de la démocratie s’est interrogé sur la signification du soi-disant recul en répliquant : « Est-ce que vous pensez que l’USFP s’est muée en une association culturelle ou un groupement de souches ? Il est certain que celui qui pense que la politique s’est déperdue dans le parti n’observe pas suffisamment les développements des préparatifs du 11ème Congrès de l’USFP. Ce n’est pas de notre faute si d’aucuns ne sont pas capables de lire les documents qui regorgent d’idées politiques, de suivre le débat autour des idées et des principes organisationnels et n’écoutent pas tout ce qu’expriment les dirigeants de l’USFP à travers les médias quant à leurs convictions et leurs conceptions afférentes à l’Etat et aux institutions et à la participation ou l’opposition, à la révolution numérique et la globalisation. Il n’est ainsi pas sérieux de prétendre qu’il y a recul de la politique chez l’USFP pour la simple raison que l’on est attiré par « l’éclair des étoiles » et les courses des courtes distances ».

Là-dessus, en réaction à l’interpellation selon laquelle, des voix de « dirigeants » se sont élevées contre les projets de documents du Conseil national les confinant dans ledit troisième mandat, signifierait qu’il n’existe pas de divergence au sujet du document politique et doctrinaire, Mezouari a rappelé que les projets de documents du Conseil national sont soumis au vote au sein du même Conseil national et s’est interrogé s’il faudrait se référer aux votes exprimés lors de la réunion du Conseil national en toute transparence et démocratie et en présence de la presse ou rechercher l’impact des voix hostiles en marge des instances décisionnelles. Il convient, relève-t-il, de rappeler que le Conseil national du parti, tenu le 18 décembre, avait voté en faveur de deux décisions et d’une plateforme d’encadrement préparée par la Commission organisationnelle issue de la Commission préparatrice du congrès, à une majorité écrasante, 201 membres ayant voté au profit desdits projets contre 9 membres s’étant abstenus.

Par ailleurs, nombreuses ont été les questions d’acuité conjoncturelle abordées lors de cet entretien, dont la majorité se focalisaient sur la problématique organisationnelle, la légitimité opportune des candidatures aux différents postes de responsabilité des instances nationales et locales du parti, les règles de la démocratie internes à la lumière des grandes mutations socio-politiques tant au niveau national que régional et international et les enjeux essentiels du congrès de même que les perspectives d’avenir.
L’enjeu sur le plan politique concerne essentiellement le renouvellement de la ligne politique du parti en ayant à l’esprit l’ensemble des mutations géosociales au niveau régional mais aussi international
Ainsi, en réaction au séminaire organisé par les candidats au Premier secrétariat qui aurait suscité des remous et critiques et qui pourrait être considéré comme une déclaration de leur attachement à leur appartenance au parti et de ce fait leur priorisation quant à l’ouverture et la réconciliation, le membre du Bureau politique de l’USFP a estimé que les militantes et les militants, candidats à ce poste de responsabilité n’ont pas besoin de tenir un séminaire pour exprimer leur attachement à leur appartenance au parti car cette question n’a jamais fait l’objet de discussions dans ce contexte. Là-dessus, il a indiqué que le Premier secrétaire, en annonçant officiellement leurs candidatures devant le Conseil national, a déclaré, de fait, les candidatures d’une Ittihadie et d’Ittihadis au poste de Premier secrétaire et le Bureau politique en prenant acte de leurs candidatures dans la procédure de validation les a traités comme des Ittihadis au même-titre que le reste des autres militants du parti.

Quant à la polémique qui s’est déclenchée autour de certains venus au parti, consacrés coordinateurs régionaux et la question de l’adhésion au parti et les critères des charges de responsabilité, El Mehdi Mezouari a évoqué le cas « unique » de la région de Guelmim Oued Noun qui opté pour cette procédure pour des considérations particulières et a indiqué que «même s’il y avait un autre ou deux autres cas, cela relève des attributions du Premier secrétaire du parti qui peut choisir celui qu’il estime à même de prendre en charge l’opération de coordination au niveau de la région ou la province dans le cas où il y aurait un vide organisationnel, notamment dans le contexte de la mobilisation préconisée pour mener les batailles électorales », Et d’ajouter qu’il est certes vrai que cette question se pose quant à l’adhésion et à l’appartenance au parti mais autant l’USFP tient à la consolidation de son identité politique, de son référentiel des valeurs, autant le parti est ouvert sur les potentialités et compétences dont regorge notre société, le temps est révolu, a-t-il souligné, où le citoyen peinait à obtenir les accréditations avant de jouir d’une carte de membre d’un parti de gauche.

C’est que de nos jours, explique-t-il, l’appartenance à un parti est un droit de tous les citoyens en vertu de la loi organique des partis, pourvu qu’ils soient convaincus de ses principes et qu’ils adoptent ses programmes et qu’ils observent ses règlements.

« Notre conception de l’appartenance à l’USFP n’a rien à voir avec les conceptions des sectes doctrinaires condescendantes. C’est la conception d’une institution partisane ouverte qui pratique la politique sur des bases réalistes et rationnelles », a-t-il conclu à cet égard.

S’agissant, d’autre part, des préparatifs du 11èmeCongrès, le responsable ittihadi amis en exergue le lancement de ces travaux en affirmant que le déploiement y afférent est inédit dans l’histoire des congrès nationaux et a affirmé que la préparation de ces assises se déroule, dans des locaux ouverts aux militantes et militants et que les réunions se tiennent dans des conditions normales et dans un climat de grand enthousiasme positif, sachant que le compte à rebours est désormais déclenché, surtout avec l’achèvement par les régions et provinces de l’élection de leurs congressistes. Et si le congrès se tient dans les délais qui lui ont été impartis par ses instances décisionnelles, a-t-il indiqué, toutes les conditions sont favorables à sa réussite dans le processus de réconciliation, d’ouverture et de progression vers l’avenir. Quant à la question de la «différence dans le cadre de l’unité », a-t-il martelé en outre, c’est une question ambiguë et foncièrement erronée car elle provient de la pensée frontiste qui se fonde sur une mentalité sectaire. « Nous ne sommes pas un large front politique ni une alliance de factions indépendantes pour que nous divergions dans le cadre de l’unité.

Nous sommes un parti politique à l’instar de tous les partis démocratiques à travers le monde. Nous nous activons en tant que parti politique conformément à une ligne politique et un programme d’action bien définis, un parti qui garantit la liberté d’expression à l’ensemble de ses membres et qui prend toutes les décisions en harmonie avec la règle démocratique universelle basée sur l’alignement disciplinaire de la minorité sur la majorité », a développé, par ailleurs Mezouari.

Enfin, le membre du Bureau politique a souligné que l’enjeu sur le plan politique concerne essentiellement le renouvellement de la ligne politique du parti en ayant à l’esprit l’ensemble des mutations géosociales au niveau régional mais aussi international, tout en intégrant les différents défis auxquels est confronté notre pays en matière de gestion de la crise pandémique, de même que l’étude des conditions propices de notre engagement dans le processus de d’activation du nouveau modèle de développement quant à tout ce qui assoit une justice sociale, garantit l’intégration des jeunes et des femmes et enracine les piliers de la stabilité politique et de la cohésion sociale. C’est ainsi, précise-t-il que l’enjeu politique central du prochain congrès, c’est l’enjeu de la clarté politique de notre action dans la société et notre rapport à l’Etat, aussi bien à partir de notre position dans l’opposition parlementaire qu’à partir de celle dans notre participation gouvernementale. Et cela nécessite davantage de précision de notre conception politique et d’exactitude de nos options stratégiques afin d’optimiser l’opportunité de notre action au service des intérêts suprêmes de notre pays.

Quant au niveau organisationnel, El Mehdi Mezouari a indiqué que parmi les priorités comme avéré à travers les travaux de la commission préparatoire figure le lancement du chantier de la modernisation du parti et le développement des outils de son action. Ainsi l’enjeu principal à ce propos, c’est d’intégrer l’organisation ittihadie dans une sorte de rationalité fonctionnelle s’appuyant sur la force de la loi et les règles d’une bonne gouvernance et non sur la logique des humeurs et du fait accompli imposé via les issues du confit infini et stérile à seule fin de faire mainbasse sur les instances du parti.

« Aussi, l’enjeu organisationnel, se rapporte-t-il à notre capacité, en tant que parti social-démocrate de matérialiser notre identité moderniste et d’être convaincus que la modernité politique suppose une condition essentielle, la rationalité juridique qui définit l’appartenance, garantit les droits, précise les obligations et tranche les différends», a-t-il développé.

Rachid Meftah


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