Médiacratie ou médiocratie ? 


PAR Maagouz Brahim
Mardi 9 Octobre 2012

Médiacratie ou médiocratie ? 
Les avocats de Khalid Alioua l'ont souvent sollicité pour réagir à la diffamation et aux campagnes systématiques de dénigrement qui n'ont d'autre objectif que  d'influencer le cours de la procédure. Certains croient pouvoir manipuler l'opinion publique, la chauffer à blanc et ce faisant, soumettre l'appareil judiciaire à la pression de la rue et les soustraire au respect du Droit. Khalid a refusé , jusqu'à présent , de recourir à la justice pour mettre un terme à cette "besogne de fossoyeur de la Vérité". La raison de ce refus d'ester en justice est simple : le respect du métier qu'est le journalisme, métier qu'il a exercé à partir de 1976 à Libération, Al Moharrir, Lamalif et Al Ittihad Al Ichtiraki en tant que directeur de la rédaction. 
Mais au nom de la solidarité corporatiste , peut-on se taire et par le silence laisser les négociants de la presse mercantiliste séquestrer les consciences , soumettre  à la logique du commerce la plume et la quête de la vérité? Vendre son âme est aussi méprisable qu'acheter la plume de pseudo-journalistes véreux. Prenons garde aux personnes qui croient pouvoir établir une médiacratie sur la base de la médiocratie. 
La médiacratie n'est constitutive de la démocratie que si les médias se plient, eux-mêmes, à une éthique...celle de s'interdire de manipuler l'opinion publique , à dessein, pour servir des intérêts particuliers et , comme dit Naom Chomsky, "fabriquer le consentement à travers la propagande". 
Il est navrant de constater qu'en matière d'éthique , il n'existe aucune autorité que celle du Code de la presse et du Code pénal (article 263) qui puissent veiller au respect des limites de l'expression journalistique. Nous pensions tous que, à l'instar des professions qui assurent une mission d'encadrement de la société, (médecins, architectes, avocats, notaires...), les journalistes peuvent faire respecter une éthique au sein de leur corporation ... mais on ne peut qu'être déçu au vu de l'impuissance du Syndicat national de la presse marocaine à rappeler à l'ordre ceux qui font fi des statuts de leur organisation, qui bafouent le droit des individus, qui font feu de tout bois dans le but de créer le sensationnel, de vendre plus, d'encaisser plus, de...salir plus !
Khalid, par l'intermédiaire de son avocat , a saisi il y a près de deux mois le SNPM , exposant le cas de deux organes de presse qui ont outrepassé les dispositions de la Charte déontologique de la presse. A ce jour, aucune réponse ! Le SNPM est comme tétanisé dès lors qu'il s'agit de rappeler à l'ordre les esprits malveillants que rien ne refrène : ni présomption d'innocence, ni respect de la vie privée, ni quête de la vérité ! Si le sensationnel n'existe pas, on le crée. Si la Justice n'a pas encore dit son mot, on s'empresse de le faire en suggérant même le niveau de la sentence . Si un accusé subit l'arbitraire, on le présente comme un délinquant, on invente des " histoires" pour l'accabler davantage.  A titre d'exemple : faire un montage photo de  Khalid devant une voiture Jaguar , écrire sur cinq colonnes à la une que c'est un cadeau reçu lors de l'exercice de ses fonctions. Quand la défense dément, cette presse "hargneuse", qui a pour nom Akhbar Al Youm, ne daigne même pas publier de démenti! Et comme si cet acharnement n'était pas suffisant, ce journal décide de publier un "feuilleton"  prétendant qu'il s'agit des PV de l'audition de Khalid par la BNPJ. Le journal Akhbar Al Youm peut-il nous expliquer par quel miracle il a obtenu ces documents que la défense n'a toujours pas obtenus et qui sont censés être scellés dans les coffres du juge d'instruction? 
La loi est claire : quiconque viole le secret de l'enquête est passible de sanction. Pourtant, ce journal défie la loi. 
Un prévenu est juridiquement placé sous la protection du juge d'instruction et du parquet, ce sont eux qui veillent sur ses droits ! Pourquoi, dans une affaire aussi médiatisée que celle-là, le parquet observe-t-il un mutisme total ? N'est-il pas le protecteur du secret de l'enquête ? ... Que de zones d'ombre dans ce dossier ! Impunité pour ceux qui agissent en flagrant délit de violation de la loi  et sévérité contre ceux qui sont dans la présomption d'innocence.
Que dire de la manchette du quotidien Al Massae sur une prétendue crise d'hystérie qui aurait frappé Khalid au point de défoncer une porte blindée!. ... Quelle est la source de cette "information" ? .....
Si Khalid devait faire des démentis, il lui faudrait un secrétariat pour ce faire : c'est  quotidien . 
Soyons philosophes , le tort de Khalid : un sujet qui vend bien !  Mais sa "robe est large" comme dit le dicton marocain ! 
Gare aux surprises, les apprentis sorciers sont souvent pris dans le sort qu'ils veulent jeter sur autrui.


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