Maroc-ONU : Toute une histoire


Par Abdellatif Jebrou
Mardi 22 Mars 2016

Maroc-ONU : Toute une histoire
Le vendredi 27 mai 1960, feu Abderrahim Bouabid avait déclaré lors d’un meeting populaire à Rabat : « Notre pays n'a pas recouvré sa souveraineté, ni obtenu son indépendance par le biais de l'Organisation des Nations unies. Le Maroc a été libéré grâce à l’héroïsme de ses combattants dans les villes, de ses résistants dans les montagnes et grâce à son peuple qui s’est levé comme un seul homme contre le colonialisme ».
En effet, pendant plusieurs années, les Marocains ont cru qu’on pouvait compter sur l'Organisation des Nations unies pour mettre fin au système colonial dans notre pays, en particulier lorsque le régime colonial s’est permis d’exiler Feu Mohammed V en août 1953. A l'époque, le bloc arabo-asiatique avait demandé au Conseil de sécurité d’examiner une plainte contre la France.
Le Conseil de sécurité s’était en effet réuni, mais rien n’a été décidé pour une solution équitable de l’affaire marocaine.
C’est pourquoi le peuple marocain n’a compté que sur lui-même pour réagir à l'injustice coloniale, en déclenchant la Révolution du Roi et du peuple, qui a triomphé  par le retour du Roi sur son Trône et la reconnaissance par la France de l'indépendance du Maroc sans la médiation de l'Onu.
Après l'indépendance, il a été nécessaire de continuer la lutte pour la libération et la décolonisation des régions du Sud, qui sont demeurées durant des années sous occupation espagnole. Encore une fois, le Maroc a pensé qu'il pouvait compter sur l'Organisation des Nations unies pour la liquidation du colonialisme dans le Sahara marocain. La Quatrième Commission des Nations unies chargée de la décolonisation a en effet tenu plusieurs réunions pour discuter des mémorandums soumis à l'ONU par le Maroc, mais l’organisation onusienne n’a rien entrepris pour faire avancer le dossier jusqu’à l’été 1974, date à laquelle le Maroc a lancé une mobilisation nationale populaire pour récupérer son Sahara, et un an plus tard, une marche populaire pacifique a mobilisé des centaines de milliers de Marocains qui ont marché vers le Sud et traversé les frontières artificielles érigées entre le Maroc et le Sahara, ce qui a constitué la solution définitive dans la bataille décisive pour le retour du Maroc à son Sahara et le retour du Sahara à son Maroc.
Il était possible que ce problème prenne fin après la signature des accords entre le Maroc et la Mauritanie sur le Sahara, accords qui avaient été publiquement soutenus par l’ancien président algérien Houari Boumediene, mais qui a changé d’avis plus tard après que Rabat et Nouakchott ont réussi à entrer en négociation avec Madrid à propos du Sahara, ce qui a provoqué la réaction des dirigeants algériens qui ont tenté de faire avorter ces négociations tripartites, mais sans succès, après que ces accords ont été couronnés de succès, et cette victoire enregistrée dans les annales des Nations unies.
Boumediene ne s’est pas contenté d’exprimer son opposition aux négociations tripartites et des accords qui en ont découlé, mais il a mis à exécution les menaces proférées contre le président mauritanien Mokhtar Ould Dada lors de leur rencontre dans la ville de Béchar le 10 novembre 1975, quand le président algérien a déclaré qu'il était prêt à mobiliser une centaine de milliers de volontaires pour faire la guerre au Sahara.
Et c’est ainsi que les Forces Armées Royales marocaines se sont retrouvées impliquées dans une guerre qui était imposée par les dirigeants algériens par les agents séparatistes interposés.
Plus tard, quand les dirigeants algériens ont eu la conviction que leurs opérations militaires ne réussiraient pas à changer l'équilibre des forces dans la région et qu’elles n’auraient aucune incidence sur la présence du Maroc au Sahara, ils étaient contraints à travers leurs agents d’accepter un cessez-le-feu et de laisser aux Nations unies le soin d’assurer le règlement du dossier du Sahara Marocain.
A ce stade, le Maroc a déclaré qu’il était prêt à accepter toute solution éventuelle dans le cadre de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud.
En 2007, le Maroc a proposé une solution au conflit dans le cadre d’une large autonomie des provinces du Sud. Cette position marocaine a été accueillie de manière positive tant sur le plan international qu’au niveau des instances de l'Onu, qui ont considéré qu’il s’agit d’une proposition raisonnable de nature à contribuer à un règlement équitable du conflit.
Mais les dirigeants algériens ont maintenu leur intransigeance et continué leur conspiration destinée à ébranler l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc. Le secrétariat général de l'ONU a adopté un semblant de neutralité dans le traitement du différend sur le Sahara, jusqu’à l’arrivée de Ban Ki-moon   dans la région pour révéler   son vrai visage et sa partialité en faveur des dirigeants Algériens.
Alors que son mandat à la tête de l’Onu arrive à son terme, Ban Ki-moon, à ce stade de sa gestion du dossier du Sahara marocain, est allé loin dans cette partialité et son rapprochement avec les dirigeants algériens et des thèses séparatistes. Lors de sa visite dans la zone tampon située entre le mur de sécurité et la frontière algérienne, il est allé même jusqu’à courber l’échine devant un drapeau qui n’est pas reconnu par l'Onu, et dans le même temps, il a ignoré le problème des souffrances des Sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf, ou plutôt il a ignoré les causes profondes de ces souffrances qui relèvent de la responsabilité des séparatistes et des dirigeants algériens.
Ces prises de position allaient inévitablement provoquer la colère du peuple marocain. Dimanche 13 mars 2016, à travers une marche populaire des plus retentissantes, ce dernier a confirmé qu’au Maroc, la question du Sahara est la cause du peuple, alors qu'en Algérie c’est une affaire de dirigeants. Pour preuve, une réunion supposée être consacrée à la solidarité avec ce qu'ils appellent le peuple sahraoui et qui a eu lieu à Alger, a réuni une centaine de participants, 200 tout au plus.
Ce qui signifie tout simplement que le peuple algérien ne s’intéresse nullement à cette affaire artificielle, imposée par les dirigeants d’Alger.



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1.Posté par othmans le 21/03/2016 19:02 (depuis mobile)
J''aime votre texte sobre et bien dit. Merci.

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