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«C’est un grand honneur pour moi d’annoncer que le sénateur Marco Rubio, de Floride, est nommé secrétaire d’État des Etats-Unis. Marco est un dirigeant très respecté et une voix très puissante pour la liberté», a souligné Trump dans un communiqué officiel, ne laissant aucune ambiguïté quant aux attentes placées en ce nouvel homme fort de la diplomatie américaine.
Connu pour sa fermeté envers les régimes autoritaires et son soutien indéfectible aux alliés stratégiques des Etats-Unis, sa nomination au poste de secrétaire d’Etat marquerait un virage décisif en faveur du Maroc et sans doute un revers pour une Algérie en mal d’alliés influents. Dans une région en proie à des tensions géopolitiques et des rivalités anciennes, ce réalignement pourrait bien dessiner de nouveaux rapports de force – avec un Maroc en partenaire privilégié et une Algérie en position d’isolement croissant.
A 53 ans, Marco Rubio incarne donc une vision musclée des affaires étrangères. Trump lui-même l’a décrit comme «un fervent défenseur de notre nation, un véritable ami de nos alliés et un guerrier courageux qui ne reculera jamais devant nos adversaires». Des mots qui résonnent déjà comme une feuille de route pour Rubio.
Pourquoi le Maroc ?
Le Maroc, par sa stabilité politique et son engagement dans des réformes ambitieuses, est devenu une pièce maîtresse dans la géopolitique nord-africaine. Avec une vision de long terme qui allie développement économique, coopération régionale et lutte contre le terrorisme, le Royaume a su séduire les décideurs de Washington. Pour Rubio, ce choix n’est pas seulement rationnel : il relève d’un pragmatisme éclairé par les valeurs partagées et par une volonté commune de stabiliser le Maghreb, un pivot stratégique dans la lutte contre l’extrémisme et le crime organisé. En privilégiant le Maroc, Rubio appuie la fiabilité et l’efficacité, deux qualités qui semblent faire défaut à l’Algérie, laquelle s’accroche à des alliances du passé et à une posture idéologique figée.
Alors que le monde se réinvente, Alger semble, en effet, déterminée à ignorer les évolutions géopolitiques, refusant de reconnaître la montée de nouveaux défis et des opportunités de coopération qui pourraient pourtant la tirer de son isolement. Ce blocage idéologique ne fait qu’accentuer son décalage par rapport à un Maroc tourné vers l’avenir et engagé dans des réformes de fond.
L’heure des comptes
En Algérie, l’establishment militaire continue de diriger, fort d’un appareil sécuritaire tentaculaire, mais déconnecté des aspirations populaires et des impératifs modernes. Aux Etats-Unis, cette réalité n’a pas échappé à Rubio, qui voit dans le régime algérien un obstacle majeur à la stabilité régionale. Le pays, embourbé dans une crise économique chronique malgré ses ressources naturelles, n’a guère fait preuve d’ouverture ou de volonté de transformation. Sa politique étrangère se résume à des rancunes d’un autre âge, maintenues artificiellement en vie par une élite qui redoute les réformes.
La nomination de Rubio devrait rompre avec une certaine indulgence dont bénéficiait jusqu’ici Alger. Elle soulignerait l’échec des régimes autoritaires dans leur capacité à jouer un rôle constructif dans un monde de plus en plus multipolaire. Rubio, au contraire, prône une ligne claire : soutenir les alliés qui favorisent la stabilité et les réformes et isoler ceux qui s’y opposent.
Partenaire privilégié, allié stratégique
Pour Washington, le Maroc est bien plus qu’un simple allié : c’est un partenaire stratégique, apte à promouvoir un modèle de développement et de stabilité dans une région souvent marquée par les tensions. À travers une coopération économique, sécuritaire et culturelle, le Maroc a su instaurer un partenariat de confiance avec les Etats-Unis. Ce lien, que Rubio entend renforcer, repose sur une convergence de valeurs : un engagement pour la paix, une volonté de réformes sociales et économiques et une ouverture sur le monde.
De plus, le Maroc a su évoluer pour devenir un modèle de stabilité dans un Maghreb tourmenté, s’imposant comme un pilier de la lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord et dans le Sahel. Son pragmatisme économique, illustré par la mise en œuvre de projets d’infrastructure majeurs et une stratégie de diversification des partenariats, montre sa capacité à agir comme un catalyseur de développement pour toute la région.
Un Maghreb à repenser
L’arrivée de Marco Rubio au Département d’Etat incarne un choix fort pour les Etats-Unis : abandonner une diplomatie d’attentisme en Afrique du Nord pour une approche proactive, où les partenaires stratégiques sont privilégiés et les régimes autoritaires confrontés à leurs contradictions. Dans cette optique, l’Algérie se trouve face à un dilemme historique : persister dans son isolement ou revoir en profondeur sa politique étrangère pour renouer avec une diplomatie crédible et constructive.
Le régime algérien, habitué à compter sur l’épouvantail des ennemis imaginaires pour asseoir son pouvoir, devra faire face à une Amérique déterminée à favoriser la coopération avec des Etats comme le Maroc qui s’engagent dans des partenariats à long terme. Le pari de Rubio sur le Maroc est celui de la stabilité, de la transparence et de la coopération, autant de principes qui, aujourd’hui, échappent au régime algérien.
La nomination de Rubio inaugure, en somme, une ère de recomposition des équilibres au Maghreb. En favorisant le Maroc, Washington pourrait encourager les autres Etats de la région à revoir leur modèle de gouvernance et à adopter des approches plus inclusives et ouvertes. Il reste à voir si l’Algérie, confrontée à ce tournant diplomatique, saura saisir l’opportunité de moderniser sa diplomatie et d’ouvrir le dialogue ou si elle continuera de s’isoler dans une posture qui semble aujourd’hui obsolète.
Alors que le Maroc continue d’ouvrir des perspectives et d’inspirer de plus en plus confiance, l’Algérie, elle, risque de voir se refermer les rares portes qui lui restent. Il est temps, pour Alger, de comprendre que l’avenir de la région ne repose plus sur des slogans, mais sur des choix. Et avec Rubio, ces choix pourraient bien déterminer le visage du Maghreb pour les décennies à venir.
Mehdi Ouassat