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"Rejoignez-nous, ne nous regardez pas, aujourd'hui c'est le jour pour dire stop à la violence à Marseille": au son d'un mégaphone, une marche blanche s'est déroulée samedi pour Soucayna, fauchée chez elle début septembre, victime collatérale des trafics de stupéfiants.
La centaine de personnes venues marcher portaient presque toutes des tee-shirts à l'effigie de cette jeune femme de 24 ans à la longue chevelure brune touchée dimanche 10 septembre dans sa chambre, par une rafale de kalachnikov tirée à l'aveugle, à proximité d'un point de deal dans le quartier Saint-Thys (10e arrondissement).
"On a besoin de communiquer cette douleur et faire prendre conscience aux gens que ça peut arriver à tout moment, à n'importe qui. Soucayna était tout simplement dans sa chambre, en pyjama, et elle a reçu une balle qui a traversé un mur fragile", explique à l'AFP Najet Arabi, cousine de la mère de la victime.
Portant des drapeaux blancs ou des panneaux avec des fusils barrés de rouge, les participants ont traversé le centre-ville de Marseille dans une ambiance grave. Le silence était parfois interrompu par les femmes du Collectif des familles, au mégaphone: "Il fait beau, vous faites vos courses. Ici il y a une petite qui est morte il y a un mois, rejoignez-nous, ne nous regardez pas".
"Ça m'a fait de la peine son histoire", admet une passante, sans pour autant rejoindre le cortège. Les quelques personnes qui s'y sont jointes sont elles chaleureusement applaudies.
"C'est ma cité d'enfance Saint-Thys. Pour moi, l'ascenseur social a marché. Soucayna était l'espoir de cette réussite sociale. Et elle a été arrachée dans cet appartement qui est le témoin tous les jours pour sa famille de cette injustice", confie Hervé Menchon, adjoint au maire de Marseille, qui a dû mal à contenir son émotion.
"Faut éduquer la jeunesse, la mettre sur les rails très tôt, les sensibiliser à l'appât du gain rapide, aux risques encourus" par le trafic de stupéfiants, poursuit l'élu.
Pour le député Renaissance de la circonscription, Lionel Royer-Perreaut, il faut plutôt renforcer la présence policière et les moyens de la police judiciaire. Il pense également à la création "d'une brigade territoriale mélangeant des policiers et d'anciens militaires pour s'inscrire dans le temps long".
Avec cette mort, "on a atteint le degré ultime" des violences liées au narcobanditisme, avait estimé l'ex-procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens. Depuis janvier, ces violences ont déjà fait trois victimes collatérales à Marseille, pour environ 45 morts au total.
Dans le cortège, où sont aussi passés des députés LFI, dont Manuel Bompard, la mère de Soucayna et sa soeur de 14 ans sont très entourées et se cramponnent à leurs proches.
"C'était une jeune fille calme, polie, on la voyait entrer et sortir, pas plus. La maman, elle, n'a pas envie de rester là-bas, la chambre est fermée, elle ne l'ouvre pas", explique une voisine, Amel Samaali, 65 ans.
Nassim, qui vient juste d'avoir 18 ans, se désespère de "la malheureuse histoire de Marseille": "Ils tirent pour un rien, c'est plus comme avant".