Autres articles
-
Nicolas Sarkozy. Un boulimique de la politique englué dans les affaires judiciaires
-
Paul Watson. L'éco-pirate qui fait des vagues
-
François Bayrou. Vétéran politique et soutien de la première heure de Macron
-
Yoon Suk Yeol. De procureur superstar à président déchu
-
Kevin "Vladimirovitch" Johnson: Un Américain qui boxe pour la Russie de Poutine
Lokman Slim, tué jeudi, était un militant sans concession envers le Hezbollah et le reste de la classe politique du Liban, mais aussi un intellectuel voulant transcender les clivages confessionnels et réconcilier les mémoires d'un pays meurtri par la guerre civile. Issu de la haute bourgeoisie chiite, fils d'un avocat de renom et d'une mère égyptienne, ce partisan acharné de la laïcité était une des rares voix dissidentes au sein de sa communauté. En costume cravate, le crâne dégarni, arborant une barbe poivre et sel ou rasé de près, sur les plateaux de télévision, il assénait méthodiquement et calmement ses critiques incisives envers le Hezbollah chiite, qu'il qualifiait de "milice". Mais cet ancien étudiant en philosophie à Paris, mort à l'âge de 58 ans, était aussi un penseur prolifique et touche à tout, essayiste, réalisateur de documentaires et militant des droits humains.
Derrière les murs de la cossue villa Slim dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, le chercheur travaillait sur des problématiques en lien avec la mémoire, la justice transitionnelle et les disparus de la guerre civile (1975-1990). Avide lecteur, amoureux de la langue arabe classique, polyglotte, il avait installé les bureaux de son association dans la maison familiale, où se tenaient régulièrement conférences, expositions photos et projections de film. Cofondée avec son épouse allemande Monika Borgmann, son association Umam documentation et recherche avait lancé un ambitieux projet d'archivage et de documentation de la guerre civile. Pourfendeur d'un système politique miné par le confessionnalisme, il partait du principe que le Liban ne pourrait jamais aller de l'avant sans avoir confronté les démons du passé. Sur les réseaux sociaux, au Liban et à l'étranger, les hommages se sont multipliés de la part de chercheurs, de journalistes, de militants, mais aussi des chancelleries occidentales. Hana Jaber, une amie, se rappelle des remarques de son frère qui fut le professeur d'histoire de Lokman Slim au lycée.
Il "ne tarissait pas d'éloge sur l'érudition et l'esprit critique de cet élève très à part (...) Lokman comme personne se résumait en un mot: la noblesse d'âme", a raconté à l'AFP cette chercheuse associée à la chaire de l'histoire du monde arabe contemporain au Collège de France. Considéré par les partisans du Hezbollah comme un agent des Américains, Slim assurait à son entourage qu'il n'était pas inquiet pour sa sécurité. Car il pensait que s'il venait à être assassiné, le coupable serait trop facilement désigné. Le portail de sa maison était toujours ouvert, sans mesures de sécurité. "Je lui demandais tout le temps: +Lokman, tu n'as pas peur d'exprimer aussi librement ton opinion?+ Il me répondait: +La mort ne me fait pas peur+", a raconté jeudi à l'AFP sa sœur Rasha al-Ameer. "Il ont tué un être exceptionnel", a-telle ajouté. Après des études à Paris dans les années 80, il ouvre au Liban Dar al Jadeed, une maison d'édition qui veut encourager de jeunes auteurs aux idées novatrices. Il fera traduire pour la première fois en arabe les écrits de l'ancien président iranien réformateur Mohammad Khatami. Plus récemment, il a coréalisé avec son épouse deux documentaires. Le premier, Massaker, sur les massacres en 1982 dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila, récompensé en 2005 à la Berlinale.
Dans le second, réalisé en 2016, d'anciens prisonniers libanais en Syrie racontent les sévices qu'ils ont vécus dans la tristement célèbre prison de Palmyre. "Lokman Slim était à l'avant-garde de la lutte contre l'impunité dans le Liban d'après-guerre, défendant activement le droit à la justice et à la vérité des familles de disparus", a rappelé Amnesty International. "Aujourd'hui, il est la victime d'un schéma vieux de plusieurs décennies et qui a toujours garanti l'impunité pour les (auteurs des) assassinats ciblés de militants, de journalistes et d'intellectuels", a ajouté l'ONG. Fin 2019, en plein mouvement de révolte contre la classe politique, jugée corrompue et incompétente, Lokman Slim avait signalé avoir reçu des menaces en raison de ses positions hostiles au Hezbollah.
Derrière les murs de la cossue villa Slim dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, le chercheur travaillait sur des problématiques en lien avec la mémoire, la justice transitionnelle et les disparus de la guerre civile (1975-1990). Avide lecteur, amoureux de la langue arabe classique, polyglotte, il avait installé les bureaux de son association dans la maison familiale, où se tenaient régulièrement conférences, expositions photos et projections de film. Cofondée avec son épouse allemande Monika Borgmann, son association Umam documentation et recherche avait lancé un ambitieux projet d'archivage et de documentation de la guerre civile. Pourfendeur d'un système politique miné par le confessionnalisme, il partait du principe que le Liban ne pourrait jamais aller de l'avant sans avoir confronté les démons du passé. Sur les réseaux sociaux, au Liban et à l'étranger, les hommages se sont multipliés de la part de chercheurs, de journalistes, de militants, mais aussi des chancelleries occidentales. Hana Jaber, une amie, se rappelle des remarques de son frère qui fut le professeur d'histoire de Lokman Slim au lycée.
Il "ne tarissait pas d'éloge sur l'érudition et l'esprit critique de cet élève très à part (...) Lokman comme personne se résumait en un mot: la noblesse d'âme", a raconté à l'AFP cette chercheuse associée à la chaire de l'histoire du monde arabe contemporain au Collège de France. Considéré par les partisans du Hezbollah comme un agent des Américains, Slim assurait à son entourage qu'il n'était pas inquiet pour sa sécurité. Car il pensait que s'il venait à être assassiné, le coupable serait trop facilement désigné. Le portail de sa maison était toujours ouvert, sans mesures de sécurité. "Je lui demandais tout le temps: +Lokman, tu n'as pas peur d'exprimer aussi librement ton opinion?+ Il me répondait: +La mort ne me fait pas peur+", a raconté jeudi à l'AFP sa sœur Rasha al-Ameer. "Il ont tué un être exceptionnel", a-telle ajouté. Après des études à Paris dans les années 80, il ouvre au Liban Dar al Jadeed, une maison d'édition qui veut encourager de jeunes auteurs aux idées novatrices. Il fera traduire pour la première fois en arabe les écrits de l'ancien président iranien réformateur Mohammad Khatami. Plus récemment, il a coréalisé avec son épouse deux documentaires. Le premier, Massaker, sur les massacres en 1982 dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila, récompensé en 2005 à la Berlinale.
Dans le second, réalisé en 2016, d'anciens prisonniers libanais en Syrie racontent les sévices qu'ils ont vécus dans la tristement célèbre prison de Palmyre. "Lokman Slim était à l'avant-garde de la lutte contre l'impunité dans le Liban d'après-guerre, défendant activement le droit à la justice et à la vérité des familles de disparus", a rappelé Amnesty International. "Aujourd'hui, il est la victime d'un schéma vieux de plusieurs décennies et qui a toujours garanti l'impunité pour les (auteurs des) assassinats ciblés de militants, de journalistes et d'intellectuels", a ajouté l'ONG. Fin 2019, en plein mouvement de révolte contre la classe politique, jugée corrompue et incompétente, Lokman Slim avait signalé avoir reçu des menaces en raison de ses positions hostiles au Hezbollah.