-
Réquisitoire retentissant de Omar Hilale contre la politique déstabilisatrice du régime algérien dans la région du Sahel
-
Le ministère répond aux revendications des étudiants en médecine pour rétablir la normalité académique
-
SM le Roi félicite le Président chinois à l’occasion de la fête nationale de son pays
-
Synthèse du rapport annuel du CSEFRS: Bilan et perspectives de l’action du Conseil en 2023
-
Lutte antiterroriste: Antony Blinken salue les efforts de l’Africa Focus Group
Ainsi, ce sont des milliers d’employés qui se retrouveront sur le pavé. C’est la ville des fleurs, en l’occurrence Mohammedia où grouillaient commerce et échanges, qui fanera forcément et ce, sans parler de l’économie nationale qui en pâtira incontestablement…En effet, la liste des conséquences de la situation de la Samir est loin d’être exhaustive.
En effet, à Mohammedia, le marché de l’emploi est déjà mal en point avec un taux de chômage urbain qui est de 14,2%, soit quatre points de plus qu’à Casablanca. Pis encore, c’est le taux le plus élevé dans tout le Grand Casablanca. «L’entreprise a mis fin aux contrats avec plusieurs sous-traitants, de facto, des milliers d’emplois ont été perdus à Mohammedia», avait annoncé officiellement Houssine Yamani, du collectif syndical à la Samir, en ouverture du meeting organisé dans la ville des fleurs, le 13 février dernier par le Front local pour le suivi de la crise de la Samir. Et ce n’est pas tout. La mise en liquidation d’une entreprise porteuse d’une dette estimée à plus de 40 milliards de dirhams (MMDH), capitale aussi sur le plan industriel national et cotée à la bourse de Casablanca, est, sans contexte, un cataclysme pour l’économie et les finances nationales, fussent-elles privées ou publiques. En clair, la Cour, qui a considéré que la situation de l’entreprise est tellement critique qu’elle ne peut plus être sauvée, a opté pour une décision, apparemment logique suite à la banqueroute financière de l’entreprise dont l’actionnaire est le groupe saoudo-suédois Corral en sus de l’arrêt de l’activité de la raffinerie depuis août 2015, mais qui demeure aux répercussions considérables.
Néanmoins, même s’il est vrai que le tribunal de commerce de Casablanca a tout de même autorisé le raffineur à poursuivre son activité pendant trois mois et que le secteur des hydrocarbures ne devrait pas être impacté par cette opération vu les capacités des distributeurs à importer les produits de l’étranger, il n’en demeure pas moins que l'effet domino sur les créanciers du raffineur semble, pour sa part, inévitable. En décodé, d’un côté, l’on a tous les créanciers de la Samir qui seront dans la panade en subissant la perte sèche de leurs créances et de l’autre, il est évident que la Samir étant liquidée, le lobby des importateurs de carburants emporte automatiquement la mise en attendant que celui de l’immobilier prenne le relais.
En effet, sur le plan financier, le secteur bancaire souffrira, eu égard, primo, à son exposition aux risques de la SAMIR, d’ores et déjà, évalués à plusieurs milliards de DH et secundo, l’éventualité de ne jamais récupérer son dû, vu que les créances envers l’Etat sont déjà très douloureuses puisque ce dernier est un créancier de première main…
Pavé dans la mare, cette liquidation renseigne sur un flop patent d’une privatisation très mal conduite à coups de malversations et intrigues de toutes sortes, dénoncées en temps opportun par la presse nationale certes, mais qui ont tout de même débouché sur un désastre incommensurable. Assurément, l’actuel Exécutif se doit d’essayer de prendre les mesures idoines afin de sortir de l’ornière, toutes les malheureuses victimes de cet état de fait, tout en évaluant les dégâts réels que cet arrêt risque de provoquer sur l’économie nationale.
Dans une réaction à chaud, le député USFP de Mohammédia, Mehdi Mezouari, a qualifié le jugement du tribunal de commerce de Casablanca de «mise à mort de la ville» puisqu’il «jettera plus de 6.000 cadres et employés à la rue et fera du pays une proie facile pour les nouveaux spéculateurs du secteur des hydrocarbures ». Et de souligner que cette décision de justice a condamné à mort ce symbole qu’est la SAMIR sans inquiéter outre mesure les responsables de ce désastre qui ont accumulé des fortunes colossales qu’ils ont détournées vers l’étranger au vu et au su de tout le monde. Il a également annoncé qu’il demandera au gouvernement de s’excuser de ne pas avoir tenu ses engagement et de faire accroire que la SAMIR ne sera pas liquidée, que les droits de ses employés seront garantis et que le raffinage du pétrole constitue un choix stratégique pour le Maroc.
Tout un symbole...
En 1958, Abderrahim Bouabid, alors ministre de l'Economie nationale et de l'Agriculture au gouvernement Ahmed Balafrej, signe un accord qui allait, par la suite, permettre la mise sur pied de la SAMIR.
Celle-ci a été créée en 1959 par l'Etat marocain, représenté par le Bureau des études et des participations industrielles (BEPI) et l'Office italien des hydrocarbures (Ente Nazionale Idrocarburi (ENI) en joint-venture avec la compagnie AGIP.
Sa création répond ainsi à une volonté politique d'émancipation de l'économie marocaine et elle a pu voir le jour notamment grâce à la volonté de l'industriel italien Enrico Mattei alors dirigeant d’ENI, qui a offert un partenariat à 50/50, très différent des formes de concession normalement proposées par les grandes compagnies pétrolières (15/85).
En 1997, l'entreprise est privatisée.
En août 2015, elle croule sous les dettes et suspend ses activités.