Les tensions vives à Hong Kong dans l'attente du dialogue

Scènes tendues entre manifestants et habitants exaspérés


AFP
Samedi 4 Octobre 2014

Les tensions vives  à Hong Kong dans l'attente du dialogue
La tension restait vive vendredi à Hong Kong, où des militants  prodémocratie se sont heurtés à la police devant le siège du pouvoir local, malgré l'accord conclu entre les autorités et les étudiants pour ouvrir un dialogue.
La plupart des manifestants qui s'étaient rassemblés en masse dans la nuit devant les bâtiments abritant le siège du conseil législatif et l'exécutif local étaient rentrés chez eux vendredi matin mais une centaine de protestataires déterminés restaient en place. Le siège du pouvoir, dans un quartier central de l'ancienne colonie britannique, est devenu le point de ralliement des protestataires descendus depuis dimanche par dizaines de milliers dans les rues.
Le mouvement prodémocratie réclame l'instauration d'un suffrage universel plein et entier ainsi que la démission du chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying, qu'il considère comme la marionnette de Pékin.  De nombreux manifestants sont sceptiques quant aux chances de réussite des négociations: "C.Y", comme est surnommé à Hong Kong le chef de l'exécutif, a réaffirmé qu'il ne démissionnerait pas tandis que Pékin a assuré qu'il ne bougerait pas d'un pouce sur les exigences de libertés démocratiques des protestataires.
Leurs demandes "ne sont ni légales, ni raisonnables", a averti le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste au pouvoir, dans un éditorial sévère.
Les manifestants sont vent debout contre la décision de la Chine, annoncée en août, d'accorder le suffrage universel pour l'élection du chef de l'exécutif en 2017 tout en gardant le contrôle des candidatures, en violation, selon eux, des engagements pris par Pékin en 1997 après 150 ans de présence britannique. 
Leurs manifestations vont à "l'encontre des principes légaux et sont vouées à l'échec" et Pékin ne fera aucune concession, a souligné le Quotidien du peuple.
Les relations entre policiers et manifestants se sont dégradées depuis que les premiers ont fait usage dimanche de gaz au poivre et de gaz lacrymogène contre des protestataires souvent très jeunes, munis seulement de parapluies pour se défendre. Et la vision de policiers en train de décharger des caisses de balles de caoutchouc jeudi soir n'était pas de nature à apaiser les angoisses.
L'exaspération d'une partie des habitants face à la paralysie à Hong Kong a commencé à se faire sentir vendredi dans l'ancienne colonie britannique, où des heurts se sont produits avec des manifestants prodémocratie dans des quartiers commerçants. Environ 200 manifestants ont fait face à un groupe plus important de contre-manifestants sur l'un des sites secondaires de la mobilisation qui a vu depuis dimanche des dizaines de milliers d'habitants descendre dans les rues. Le ton est monté à Mong Kok, quartier très commerçant et très densément peuplé de Kowloon, face à l'île de Hong Kong, sur le continent, lorsque des contre-manifestants ont tenté de démanteler des barricades. "Rendez-nous Mong Kok! Nous les Hongkongais, on a besoin de manger", s'est écrié l'un d'entre eux. La police a dû intervenir pour séparer les deux groupes en déployant un cordon.
 A Causeway Bay, autre temple du shopping et autre centre secondaire de la mobilisation, des escarmouches ont également opposé environ 25 manifestants à une cinquantaine de personnes.
 "Ce n'est pas ça la démocratie, on doit nourrir nos enfants", a hurlé l'une d'elle. Des passants ont applaudi au démantèlement de certaines barricades.
 Les habitants de l'ancienne enclave britannique passée sous tutelle chinoise en 1997 ont repris le travail vendredi après deux jours fériés.
Depuis six jours, les principales artères de la ville, considérée comme un havre du capitalisme financier international, sont bloquées. A l'instar des transports publics, des quartiers entiers sont paralysés, en particulier autour du site principal de la contestation, le quartier du siège du pouvoir, dans le centre de Hong Kong. Les activités économiques sont fortement perturbées.
Le mouvement prodémocratie réclame l'instauration d'un suffrage universel plein et entier ainsi que la démission du chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying, qu'il considère comme la marionnette de Pékin. Un dialogue doit s'ouvrir entre le mouvement estudiantin, fer de lance de la mobilisation, et les autorités locales. Les manifestants avaient donné au chef de l'exécutif jusqu'à jeudi à minuit pour démissionner. Peu avant l'expiration de l'ultimatum, C.Y a refusé sans surprise d'accéder à cette exigence tout en proposant aux étudiants l'ouverture d'un dialogue avec la secrétaire en chef de son gouvernement.
Même si ce geste apparaît comme une concession significative, le gouvernement refusant toute discussion jusqu'alors, nombre de protestataires sont méfiants.
"A partir de maintenant, je vais rester la nuit", a dit à l'AFP Abigail Hon, 19 ans. "Nous espérons que Leung prendra la mesure du problème et répondra à nos demandes immédiatement".
Occupy Central, principal mouvement prodémocratie, a salué lui l'opportunité de dialoguer avec les autorités, espérant que les discussions soient l'occasion "d'un tournant dans l'impasse politique actuelle".
La date du début des discussions n'était pas connue dans l'immédiat.
En attendant, les activités économiques sont fortement perturbées et la Bourse a reculé de 1,16% à sa réouverture vendredi après deux jours fériés.
La "révolution des parapluies", comme elle a été baptisée par les réseaux sociaux, connaît un fort retentissement à l'étranger et des rassemblements de soutien se sont déroulés dans plusieurs pays.
Mais soumise à de fortes pressions médiatiques et diplomatiques, la Chine a prévenu Washington qu'il ne fallait pas se mêler de cette crise politique, tandis que l'Union européenne a fait part de sa "préoccupation".
Le Japon a dit vendredi espérer "fortement" que Hong Kong garde un système "libre et ouvert", une déclaration qui pourrait être modérément appréciée par Pékin. 
La Chine marche sur les oeufs alors que le président Xi Jinping a resserré l'étau sur la dissidence et cherche par tous les moyens à se prémunir d'une contagion démocratique.
Trahissant sa nervosité face aux manifestants qui occupent la rue à Hong Kong, le Parti communiste chinois a durci comme jamais sa censure contre les réseaux sociaux. Une dizaine de personnes ont été arrêtées pour avoir apporté leur soutien aux manifestants hongkongais, selon des associations de défense des droits de l'Homme. 


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