Les frappes israéliennes au Liban se poursuivent: Tel-Aviv rejette un appel international au cessez-le-feu


Libé
Jeudi 26 Septembre 2024

Israël a promis jeudi de combattre le Hezbollah au Liban "jusqu'à la victoire", rejetant un appel international à un cessez-le-feu de 21 jours pendant que les frappes aériennes massives se poursuivent sur l'est et le sud du pays.

Pour la quatrième journée consécutive, l'armée israélienne a mené des dizaines de frappes contre le mouvement islamiste, soutenu par l'Iran, qui a annoncé avoir visé des installations de production militaire près de Haïfa, le grand port du nord d'Israël.
Les bombardements, qui ont fait plus de 600 morts depuis lundi, dont de nombreux civils, ont jeté plus de 90.000 personnes sur les routes au Liban, selon l'ONU, fuyant vers Beyrouth ou la Syrie
Des bombardements intenses ont notamment visé l'est du Liban, l'un des fiefs du Hezbollah, où une frappe a fait au moins neuf morts et 11 blessés à Younine, une localité proche de Baalbeck, selon les autorités libanaises.

"C'était indescriptible, parmi les pires nuits que nous ayons vécues. On se dit qu'il n'y a qu'une seconde entre la vie et la mort", a raconté à l'AFP Fadia Rafic Yaghi, une femme de 70 ans propriétaire d'un petit magasin à Baalbeck.

"Il y a des choses qui volent au-dessus de vos têtes et vous ne savez pas si elles vont vous tomber dessus ou pas", a-t-elle témoigné. Elle a ajouté qu'il y avait "encore des gens sous les décombres", alors que les secouristes continuaient à chercher des survivants.

Jeudi, l'armée a annoncé que son aviation avait attaqué 75 objectifs militaires du Hezbollah pendant la nuit, dans le sud du Liban et dans la plaine de la Békaa, dans l'est.
Selon l'armée, 45 "projectiles" ont été tirés depuis le Liban vers Israël.
 
Les bombardements, qui ont fait plus de 600 morts depuis lundi, dont de nombreux civils, ont jeté plus de 90.000 personnes sur les routes au Liban, selon l'ONU, fuyant vers Beyrouth ou la Syrie.

Face à cette escalade qui menace d'entraîner le Proche-Orient dans la guerre, la France et les Etats-Unis, rejoints par des pays arabes, occidentaux et européens, ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" pour "donner une chance à la diplomatie".
"Il est temps de parvenir à un règlement à la frontière israélo-libanaise qui garantisse la sécurité et permette aux civils de rentrer dans leurs foyers", ont écrit les présidents français et américain, Emmanuel Macron et Joe Biden.

Mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'armée poursuivrait son combat contre le Hezbollah "avec toute la force nécessaire". "Il s'agit d'une proposition américano-française à laquelle le Premier ministre n'a même pas répondu", a indiqué son bureau.

Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a affirmé qu'il n'y aurait "pas de cessez-le-feu dans le nord". "Nous continuerons à lutter contre le Hezbollah de toutes nos forces jusqu'à la victoire et jusqu'au retour en toute sécurité des habitants du nord dans leurs foyers", a-t-il déclaré sur X.
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, d'extrême droite, a lui aussi rejeté tout cessez-le-feu, affirmant que l'objectif restait "l'écrasement du Hezbollah".

En guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le "centre de gravité" de ses opérations vers le nord du pays, le long de la frontière libanaise, pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés, dans cette région visée par des tirs de roquettes du Hezbollah depuis près d'un an.

Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.
Le Hezbollah, allié du Hamas, a promis de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".

Mercredi, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible offensive terrestre, réveillant le souvenir de la dernière guerre entre Israël et le puissant mouvement islamiste en 2006.

"Nous attaquons toute la journée (...) pour préparer la zone à la possibilité de votre entrée (...) et continuer à frapper le Hezbollah", a-t-il déclaré à des soldats à la frontière avec le Liban, alors que l'armée a annoncé le rappel de deux brigades de réserve qui seront déployées dans le nord.

Joe Biden, dont le pays est le principal allié d'Israël, a de nouveau averti du risque d'une "guerre généralisée" au Proche-Orient, même si le Pentagone a jugé qu'une offensive terrestre n'apparaissait pas "imminente".

L'armée israélienne a affirmé mercredi avoir frappé "plus de 2.000 cibles" du Hezbollah depuis lundi. Selon le gouvernement, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d'un an.

Le Qatar, un des pays médiateurs dans la guerre à Gaza avec les Etats-Unis et l'Egypte, a affirmé jeudi ne pas avoir connaissance d'un "lien direct" entre les négociations sur une trêve dans le territoire palestinien et les efforts internationaux en faveur d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. Son offensive militaire à Gaza a fait jusqu'à présent 41.495 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.


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