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Tacots japonais et modèles européens, datant d’avant l’arrivée au pouvoir des généraux en 1962, circulent toujours dans les rues de Rangoun.
Rien à voir avec les sanctions occidentales, qui n’interdisent pas les exportations de véhicules vers la Birmanie: ce sont les coûts prohibitifs des importations sous l’ancien régime militaire qui ont plombé le parc.
Mais le nouveau régime, qui a multiplié les réformes depuis la dissolution de la junte en mars 2011, a depuis assoupli les règles.
“Le gouvernement offre une chance aux propriétaires d’obtenir une voiture d’occasion importée s’ils échangent leur vieille voiture, ce qui est une bonne idée”, commente Than Htay, 52 ans, en vérifiant le moteur de sa Mercedes des années 1950.
“Mais beaucoup de Birmans sont pauvres et n’auront toujours pas les moyens d’acheter des modèles plus récents”.
En septembre dernier, le gouvernement a en effet annoncé que les propriétaires de voitures âgées de plus de 40 ans pourraient les échanger contre des permis d’importer des véhicules d’occasion, très difficiles à obtenir.
Cette politique, qui a causé une flambée des prix des épaves, devrait être étendue progressivement jusqu’aux voitures de 20 ans au moins. Mais même avec cette offre, en comptant taxes et droits de douane, une occasion coûte plus de 10.000 dollars, une petite fortune dans un des pays les plus pauvres du monde.
Jusqu’à récemment, les permis d’importation étaient un luxe réservé aux proches des militaires, plus souvent aperçus au volant d’une Mercedes ou d’une Ferrari que d’une vieille Toyota.
Aujourd’hui, les journaux publient des sections spéciales dans leurs petites annonces. Les concessionnaires proposant des Japonaises d’occasion ont fleuri à Rangoun et des petites Chinoises aux couleurs tape-à-l’oeil ont fait leur apparition.
Beaucoup s’en réjouissent, mais des milliers d’autres qui vivent de la réparation des épaves ont peur de perdre leur gagne-pain. Comme Soe Min Latt, expert autodidacte en vieilles voitures.
“Nous pouvons redonner vie à tout ce qui est monté sur quatre roues”, assure le mécanicien de 32 ans, dont le magasin dans la zone industrielle de Bayint Naung, à Rangoun, s’est révélé une affaire.
Jusqu’à ce que le business s’effondre fin 2011. “Ceux qui avaient de vieilles voitures les ont échangées contre des permis d’importation, au lieu de les faire entretenir ou d’acheter des pièces”.
Than Htay, lui, ne prévoit pas de vendre sa vieille Mercedes, à mi-chemin entre l’orange et le rouille. A moins d’une offre alléchante d’un compatriote en quête de permis, ou d’un expert en restauration qui se risque à affronter une bureaucratie corrompue pour l’emporter à l’étranger.
Sa voiture est passée de main en main mais il affirme qu’elle appartenait il y a plus de cinquante ans à un homme politique. Il l’a trouvée il y a des années dans un garage, couverte de poussière mais avec pièces d’origine.
Elle porte toujours fièrement, quoique rouillé, le célèbre sigle de la marque allemande sur le capot. Et aurait même fière allure, n’était cette odeur persistante de moisissure qui a envahi l’habitacle.
“Elle vire mal mais elle me conduit où je veux aller”, tranche-t-il. En Birmanie, “les voitures ne meurent pas vraiment, elles sont ressuscitées et recyclées”.