-
L’AS FAR aux quarts de finale de la LDC de la CAF: Chances hautement compromises pour le Raja
-
Plus de 15.000 participants attendus au 35ème Marathon international de Marrakech
-
Botola Pro D1: Le Chabab s’enfonce de plus belle
-
CHAN-2024: Annulation du stage de l’EN
-
Coupe d'Angleterre: Bilal El Khannouss décisif face aux QPR
Gary Speed, retrouvé pendu à son domicile dimanche, le Français Pierre Quinon, champion olympique de saut à la perche en 1984 disparu cet été ou Robert Enke le gardien de but international allemand qui s'est donné la mort il y a deux ans... Ces suicides de champions choquent invariablement ceux qui associent au sport des vertus sanitaires et aux sportifs une image indestructible, comme ils confortent ceux qui attribuent à la compétition des effets anxiogènes, voire générateurs de dépression.
"La prévalence des troubles psychologiques est inférieure, pour les sportifs, à celle de la population: moins de 1% de cas de dépression majeure, contre 2,6%", explique Karine Schaal, chercheuse de l'Institut de recherche médicale et d'épidémiologie du sport qui a conduit une étude sur 2000 sportifs.
Addiction et dépression
Psychiatre reconnue dans le domaine du sport, Claire Carrier a une vision moins quantitative. "Lorsque l'on est sportif de haut niveau, il faut tuer le corps naturel pour faire place au corps sportif. Cela pervertit la relation à la mort, explique-t-elle. Après une carrière, le corps sportif ne représente plus rien de valable. Réactiver son corps naturel au moment où son image est irréversiblement détruite est un pari impossible".
Les troubles du comportement (anorexie), les addictions (toxicomanie, dopage) et les comportements suicidaires sont à ranger dans cette relation viciée au corps, outil de travail. Un fait démontré par la célèbre étude du Pr William Lowenstein établissant la surreprésentation d'ex-sportifs de haut niveau parmi une population de toxicomanes.
Le docteur Jean-Christophe Seznec, ancien psychologue des équipes de France de cyclisme, insiste également sur les dangers de l'après-carrière. "L'enjeu pour l'homme, c'est d'apprendre à être. Ce n'est pas parce que l'on sait faire que l'on sait être... A la fin d'une carrière, on se retrouve avec les mêmes questions existentielles sans avoir franchi les mêmes étapes que les autres".
Le suivi psychologique
dans la loi
"Il faut imaginer la violence de l'arrêt. Vous avez travaillé pendant des années pour un objectif, avec un entourage dévoué et omniprésent, et vous devenez quoi? Gardien de stade, maître-nageur? Beaucoup de sportifs disent +Avant, tout le monde me reconnaissait+", poursuit le psychiatre, arguant d'une "fragilité narcissique dépressive chez les sportifs qui compensent leur difficulté à être en faisant".
Longtemps sujet tabou, l'équilibre psychologique du sportif de haut niveau est devenu une préoccupation. En France, la loi de 2006 introduit l'obligation d'un suivi médical comprenant un bilan psychologique biannuel.
Sur le plan international, le CIO s'intéresse depuis une dizaine d'années à la prévention des troubles psychologiques induits par le sport. "On travaille en amont sur tous les facteurs qui provoquent ces troubles", explique le Dr Patrick Schamasch, directeur de la commission médicale. "Puis nous établissons des consensus sur des thèmes comme le comportement alimentaire, l'image corporelle, l'entourage, l'après-vie sportive et nous émettons des recommandations aux fédérations".
Il appartient ensuite à chaque entité, fédération ou comité olympique national, d'établir un suivi. Un suivi disparate et souvent confié à un personnel mal formé. Un suivi qui ne concerne surtout que les sportifs actifs, abandonnant les "ex" à leurs démons.