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Tel est le cas des annonces faites récemment tant par le chef du gouvernement que par le ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle concernant de probables résultats du dialogue social qui pourraient être annoncés à la veille de la prochaine Fête du travail.
Saâd Dine El Otmani a ainsi affirmé, jeudi en conseil de gouvernement, que de «bonnes nouvelles» seront annoncées prochainement dans ce cadre.
Pour sa part, Mohamed Yatim a annoncé, le lendemain, qu'un accord collectif avec les partenaires sociaux est imminent et que son département, les syndicats et la Confédération générale des entreprises du Maroc, souhaitent réaliser, d'ici début mai, de nouveaux acquis au profit des employés et de la classe ouvrière marocaine et répondre à leurs revendications.
Bref, tout est bien dans le meilleur des mondes. Et comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, force est de rappeler que ledit dialogue social a été mis en stand-by depuis le gouvernement Benkirane qui avait, bien entendu, laisser filer la courbe des prix vers la hausse et maintenu le pouvoir d’achat dans une position de portion congrue que de enquêtes et études du HCP ont pointée du doigt. Force aussi est de rappeler que l’actuel Exécutif avait fait quelques propositions d’amélioration des salaires qu’il voulait faire passer au forceps n’eût été le niet catégorique des syndicats.
Il aura fallu l’entrée en lice du ministre de l’Intérieur pour débloquer la situation. Le contenu de la proposition gouvernementale qu’il a soumise aux partenaires sociaux a été éventée par le secrétaire général de la CDT.
Selon Abdelkader Zaer, elle consisterait en une augmentation des salaires des fonctionnaires de 500 dirhams pour toutes les échelles en dessous de l’échelle 10, échelon 5 et une hausse de 400 dirhams pour les échelles au-dessus de l’échelle 10, échelon 5.
Cette revalorisation sera répartie en trois tranches et étalée sur 18 mois dont la première tranche sera versée dès le 1er mai, sachant que le reliquat sera déboursé avant janvier 2020.
Le gouvernement aurait aussi proposé une hausse de 100 dirhams des allocations familiales pour les trois premiers enfants et une hausse de 10% du SMIG et du SMAG versée en deux tranches.
De fait, cette nouvelle ne peut être que bien accueillie par les fonctionnaires malgré son impact sur le budget général de l’Etat.
Dans ce cadre, il convient de rappeler que la Cour des comptes a récemment tiré la sonnette d’alarme à ce propos.
Selon cette juridiction financière, le poids de la masse salariale dans le PIB devrait passer de 11,84% en 2016 à 12% en 2018, avant de baisser légèrement à partir de 2019 au cas où le statu quo ante serait maintenu pour s'établir à 11,5% en 2021.
Faisant état d'un poids « élevé » de celle-ci, elle rappelle qu’elle est passée entre 2008 et 2016 de 75,4 à 120 milliards de dirhams et qu’elle a progressé de 5,3% en moyenne, contre un taux de croissance annuel moyen de 3,92% pour le PIB.
Dans le détail, le salaire mensuel net moyen a ainsi atteint, dans la fonction publique, 7.700 dirhams en 2016, avec une évolution de 51,6% par rapport à 2006, alors que le salaire net minimum s’élève à 3.000 dirhams, marquant une évolution de 89,2% par rapport à 2007. Et de noter que ces niveaux élevés sont "de loin supérieurs" aux moyennes du secteur privé où, en 2015, le salaire mensuel net moyen a atteint 4.932 dirhams et le salaire minimum s’élève à 2.568 dirhams.
Comparé à la richesse nationale, le salaire net moyen dans la fonction publique représente environ 3 fois le PIB par habitant, contre 1,2 fois en France, et 1 fois en Espagne, révèle le rapport, qui explique ce niveau élevé du salaire moyen au Maroc, par la faiblesse du PIB marocain comparativement à ceux des pays cités en référence, mais également, par "les multiples revalorisations des salaires décidées dans le cadre du dialogue social".
Concernant le SMIG, la prochaine revalorisation sera la 22ème depuis 1980.
En 1981, le salaire minimum est, en effet, passé à 490 DH. Il a franchi la barre des 1.000 DH en 1990 et celle des 2.000 DH en 2009. La dernière augmentation a été décidée en 2014 et appliquée en deux tranches. Elle était de 10%, faisant passer le SMIG de 2.337 à 2.570 DH actuellement.
En près de quarante ans donc, le salaire minimum a plus que quintuplé (+424%). Mais en face, le coût de la vie a également tellement augmenté qu’il n’a pu le rattraper. D’où ce hiatus qui ne cesse de tarauder chaque jour davantage l’esprit des travailleurs dont beaucoup n’ont pas l’heur de le toucher. Et cerise sur le gâteau : en dehors du secteur informel où les salaires inférieurs au minimum légal sont légion, dans celui qui est présenté comme formel, 39% des salariés déclarés ne touchent pas le SMIG mensualisé, selon la CNSS et nombre d’entre eux ne cumulent pas les 191 heures de travail par mois qui y donnent droit, sans parler de la sous-déclaration qui est monnaie courante comme en attestent les résultats des contrôles de ladite caisse.
Autre fait qu’il convient de rappeler préalablement à l’annonce des résultats du dernier round du dialogue social, aucune mention n’y est faite des retraités, même si la quasi-totalité des patrons des syndicats qui les ont négociés appartient à cette catégorie socioprofessionnelle. Et ce, malgré le fait que nombre d’allocataires de la CNSS ne perçoivent que 1000 DH par mois et que les plus chanceux atteignent l’indépassable pic des 4.200 DH mensuels. Des montants tellement ridicules au regard des simples bails pratiqués dans des villes comme Casablanca, Rabat, Marrakech, etc, qu’ils portent en eux l’un des témoignages les plus patents du peu d’intérêt que le Maroc accorde à ses travailleurs qui, ayant atteint la limite d’âge, se trouvent confrontés à des problèmes de logement, de santé et de vie tellement budgétivores qu’ils ne peuvent les solutionner qu’en faisant la manche ou en tendant la main aux leurs.
Mais à la différence de ceux d’autres pays comme la France, ils n’ont jamais eu l’intelligence ou l’outrecuidance de battre le pavé pour réclamer une vie plus digne et des retraites plus conséquentes.