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Quelques heures après la clôture du scrutin, qui s'est déroulé sans incident majeur, l'opposant historique Pierre Mamboundou s'est présenté comme le vainqueur, parlant de «victoire finale», alors qu'aucun chiffre n'avait encore été communiqué, ni par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap) ni par le ministère de l'Intérieur, qui co-organisent les élections.
Peu après, le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) déclarait son candidat Ali Bongo, fils du défunt président Bongo, «gagnant» de l'élection, sans avancer de chiffres.
Dans la foulée, l'ancien ministre de l'Intérieur André Mba Obame, affirmait à l'AFP qu'il serait «proclamé président de la République» sur la foi de résultats recueillis par son équipe de campagne.
«Au Gabon, on ne s'autoproclame pas président», expliquait alors «AMO», comme il est surnommé, mais «lorsque le processus électoral sera allé jusqu'au bout, la Cour Constitutionnelle proclamera le candidat André Mba Obame président de la République».
«C'est une tendance lourde qui manifeste la volonté profonde du peuple gabonais pour la rupture. Donc, sauf « miracle », nous ne pouvons pas être rattrapés», a affirmé Mba Obame qui se dit en tête dans 4 des 9 provinces gabonaises, représentant 62% du corps électoral.
Selon l'ex-ministre de l'Intérieur, Mamboundou est arrivé en tête dans trois provinces sur neuf (25% des électeurs) et Ali Bongo dans deux provinces (16% du corps électoral). «Ce ne sont pas des sondages mais des résultats», a assuré André Mba Obame.
Les Gabonais ont voté en masse dimanche, lors d'un scrutin à un tour émaillé d'un coup de théâtre avec l'annonce du désistement d'un favori et de tensions dans la capitale.
Les opérations de vote, de 07H00 à 18H00 (06H00 à 17H00 GMT) dans plus de 3.000 bureaux au Gabon et à l'étranger, ont commencé avec beaucoup de retard dans de nombreux bureaux, en raison notamment de l'absence de matériel électoral et de certains agents électoraux. De nombreuses files d'attente étaient visibles devant les bureaux de vote qui ont fermé progressivement à partir de 19H00 (18H00 GMT).
Pendant la campagne, Ali Bongo, 50 ans, investi par le PDG a pu profiter de la machine électorale fondée en 1968 par son père. Officiellement, le PDG a remporté toutes les élections nationales depuis l'avènement du multipartisme en 1990.
Ali Bongo faisait face à 22 candidats jusqu'à l'annonce, vendredi, du désistement de cinq d'entre eux en faveur d'André Mba Obame, laissant 18 candidats en lice.
La journée de dimanche a été marquée par le désistement de Casimir Oyé Mba, autre favori, sans consigne de vote, deux jours après avoir démenti son ralliement à André Mba Obame.
Cassimir Oye Mba s'est d'ailleurs retiré de la compétition sans pour autant soutenir un autre candidat. Il a dit avoir renoncé à se présenter « pour ne pas être responsable de ce qui va se passer » ensuite.
Le candidat d'opposition Bruno Ben Moubamba, 42 ans, qui s'est mis en grève de la faim pendant deux semaines, pour protester contre ce qu'il a qualifié de « coup d'Etat électoral » d'Ali Bongo et de son parti, a déclaré s'attendre à des émeutes si Ali Bongo était annoncé vainqueur. « Après 41 ans, les gens sont fatigués. Ils veulent du changement. Nous sommes dans une situation de violence latente. Comme si le pays tout entier était aspergé d'essence », a-t-il mis en garde.
De nombreux autres observateurs et candidats avaient affirmé craindre des troubles post électoraux, comme 21 intellectuels qui ont appelé samedi à l'apaisement.
«Le Gabon est un pays de paix, nous sommes habitués à organiser les élections régulièrement», a estimé la présidente intérimaire Rose Francine Rogombé. «La démocratie, c'est (...) accepter le succès comme la défaite».
La plupart des candidats ont néanmoins choisi de ne pas s'exprimer dimanche, devant le million et demi de Gabonais du pays, dont 816.000 appelés aux urnes. Des groupes d'électeurs ont précisé avoir collecté des preuves de votes multiples pour certains citoyens gabonais. René Aboghe Ella, qui préside la Commission électorale, a reconnu que les listes d'électeurs semblaient avoir été gonflées mais il a affirmé que des membres de la sécurité avaient empêché les gens de voter plus d'une fois.
Plus de 300 observateurs nationaux et internationaux étaient accrédités pour surveiller le scrutin. Les résultats complets devraient être annoncés mercredi, selon une source gouvernementale.