Les prothèses mammaires PIP, une affaire aux ramifications mondiales


Libé
Samedi 24 Décembre 2011

Les prothèses mammaires PIP, une affaire aux ramifications mondiales
Les prothèses mammaires fabriquées par la société française Poly Implant Prothèse (PIP), au cœur d'un vaste scandale en France, étaient surtout vendues à l'étranger, notamment en Amérique du Sud et en Grande-Bretagne où 250 femmes ont déjà porté plainte. Avant la liquidation de l'entreprise en mars 2010, les ventes "export" de PIP, qui produisait environ 100.000 prothèses par an et fut un temps numéro trois mondial du secteur, représentaient environ 84% de son activité, précise le jugement de liquidation judiciaire du tribunal de commerce de Toulon (sud-est), consulté mercredi par l'AFP.
Les implants étaient alors exportés par une soixantaine de distributeurs dans plus de 65 pays, auprès des chirurgiens, des hôpitaux et des cliniques.
Parmi ses marchés de prédilection, figurait l'Amérique du Sud (Venezuela, Brésil, Colombie, Argentine...): plus de 58% des ventes à l'exportation en 2007 (50% en 2009).
Dès le printemps 2010 et l'alerte de l'Agence française du médicament (Afssaps) contre un processus de fabrication non conforme, l'organisme de Santé publique du Chili avait ainsi ordonné le retrait des prothèses PIP de son marché.
L'Europe de l'Ouest (outre la Grande-Bretagne, l'Espagne, la Suède, l'Allemagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal, la Suisse...) était l'autre grande région d'exportation (27 à 28%). Au Royaume-Uni, l’Agence de surveillance des produits médicaux estime entre 40.000 et 50.000 le nombre de porteuses d'implants de cette marque. Les appelant à ne "pas paniquer", elle a estimé mercredi qu'il n'y avait pas de preuve d'un lien entre ces prothèses et l'apparition de cancer justifiant qu'on demande aux femmes de se les faire retirer. Plus de 250 Britanniques ont cependant déjà porté plainte contre plusieurs cliniques qui ont procédé à la pose de ces implants.
"Plus de la moitié (des plaignantes) ont eu des ruptures de prothèses et nous représentons aussi d'autres femmes inquiètes des informations qui circulent" sur ces implants, a déclaré à l'AFP leur avocate Esyllt Hughes.
"Nous aurions préféré poursuivre directement PIP, mais cette entreprise est en liquidation judiciaire, et selon nos informations, elle n'était pas correctement assurée. En conséquence, nous engageons des poursuites contre des cliniques", a-t-elle expliqué.
En Espagne, les autorités sanitaires avaient dès mars 2010 ordonné aux chirurgiens de ne plus implanter ces prothèses et conseillent aux femmes d'en vérifier l'état auprès de leur praticien. Certaines d'entre elles, rassemblées sous le nom d'"Afectadas por protesis PIP", réclament aux autorités qu'elles remboursent l'extraction des implants. En Allemagne, aucune campagne de rappel n'est pour l'heure envisagée, dans l'attente de la décision française en la matière en fin de semaine. L'Institut fédéral pour les médicaments avait mis en garde en avril femmes et médecins contre ces produits.
Parmi les autres clients de PIP, figurait l'Europe de l'Est (Bulgarie, Hongrie, Russie, Biélorussie, Pologne, République tchèque), passée de 5,4% des ventes à l'exportation en 2007 à 10% en 2009. La société vendait aussi en Iran, Turquie, Israël, Syrie et dans les Emirats (8,1% en 2009), de même qu'en Australie, Thaïlande, au Japon, à Singapour, en Chine.
Les dernières années cependant, les difficultés s'étaient accumulées pour PIP face à la crise et la baisse du dollar. Placée en procédure de sauvegarde en 2009, l'entreprise, en cessation de paiement, est mise en liquidation judiciaire en mars 2010.
Au même moment, l'Afssaps lance son alerte, faisant état d'un taux de rupture anormal des prothèses, et avise le parquet de Marseille (sud). Les enquêteurs soupçonnent la société d'avoir voulu réduire ses coûts avec des gels de silicone qui lui auraient fait économiser un million d'euros par an.
Depuis, plus de 2.000 femmes ont porté plainte à Marseille, un nombre qui devrait certainement croître selon le parquet.


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