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Promis à une brillante carrière, ce milieu de terrain aujourd'hui âgé de 36 ans avait dû renoncer à ses grandes ambitions en raison d'un problème de diabète. A défaut, il a multiplié les contrats dans de petits clubs à l'étranger, en Israël et Islande notamment, pour gagner sa vie.
A son retour au pays, il s'engage avec le Croatia Sesvete. Mais le club de la capitale croate cesse de lui verser son salaire (quelque 3.000 euros mensuels).
"Un mois ou deux, ce n'est pas un problème, mais je n'avais pas été payé une année entière", confie-t-il à l'AFP.
Petit à petit, sa dette à l'égard de l'Etat, pour des contributions et impôts non payés, atteint 35.000 euros.
"Tu perds alors ta dignité et deviens une cible facile", dit Cizmek, soulignant que les organisateurs de matches truqués visent justement des joueurs "sensibles".
Un tribunal de Zagreb a condamné en décembre quinze joueurs et responsables du football croate, dont Mario Cizmek, pour le trucage de huit rencontres du championnat national, dans le premier procès de ce genre dans le pays.
Cizmek, qui admet avoir empoché entre 2.000 et 3.000 euros par match truqué, a été condamné à 10 mois de prison et il attend le verdict en appel de la Cour suprême.
Il juge que ses difficultés financières ne justifiaient pas son comportement et souhaite que son exemple serve à dissuader des jeunes joueurs d'emprunter le même chemin.
"Tu gagnes un peu et tu peux tout perdre. Tu te sens tellement stupide et misérable et tu te demandes +comment j'ai pu faire ça après vingt ans de carrière honnête+?", dit-il.
Son histoire n'est pas une exception dans le monde. Ainsi en Turquie, une centaine de personnes, dont des responsables et des joueurs de Fenerbahçe, Besiktas et Galatasaray, sont actuellement jugés pour des matches truqués présumés d'au moins 19 matches de première et seconde division en 2010 et 2011.
La justice croate avait ouvert son enquête fin 2009, après avoir reçu des informations de la police allemande sur des trucages de matches et des manipulations de paris sportifs à travers l'Europe.
L'Union européenne de football (UEFA) a lancé en 2009 un système de détection des fraudes liées aux paris sur ses compétitions et les championnats nationaux de première et deuxième division, avec une assistance d'Interpol.
L'UEFA estime que les paris sportifs génèrent, légalement et illégalement, entre 400 et 500 milliards d'euros par an, dont environ 15 milliards d'euros sur des matches truqués.
La Fédération internationale des footballeurs professionnels (FIFPro) note dans son "livre noir" consacré aux joueurs évoluant en Europe de l'Est qu'il y a "un lien évident entre le non-versement des salaires et le trucage des matches".
Plus de 40% des joueurs professionnels dans 12 pays de cette région ne sont pas régulièrement payés, dénonce-t-elle.
"Nous étions huit (du même club impliqués dans le trucage) sur la pelouse. Il suffisait juste de ne pas jouer à 100% de nos capacités", explique Cizmek. Selon Robert Matteoni, un journaliste sportif croate, le football local est dans une situation "plus critique que jamais".
"Le problème principal est la mauvaise gestion de la Fédération nationale de football (HNS) et des clubs, qui sont au bord de l'effondrement financier", dit-il.
Président de la HNS depuis 1998, Vlatko Markovic, 75 ans, vient d'annoncer son départ après l'Euro-2012 (8 juin-1er juillet).