Les “monsieur muscle” de Birmanie reprennent du biceps


AFP
Vendredi 19 Avril 2013

Les “monsieur muscle” de  Birmanie reprennent du biceps
Paré d’un string bleu marine et de plusieurs couches d’huile bronzante, Zarli Tin rêve de devenir le meilleur culturiste de Birmanie. Dans ce pays coupé du monde pendant 50 ans, la discipline y demeure très atypique, mais elle reprend du muscle.
“Je ne suis pas génial, je ne suis pas très célèbre (...). Mais j’y travaille. Je suis sur la bonne voie”, assure ce monsieur muscle de 33 ans, tout sourire, en exhibant un biceps de la taille d’un pamplemousse dans une salle poussiéreuse.
Il appartient à une nouvelle génération de body-builders qui espèrent bénéficier d’un nouvel afflux d’argent dans un sport atrophié, comme tous les autres, par des décennies de dictature militaire.
Depuis la dissolution de la junte il y a deux ans, le gouvernement réformateur a délié les cordons de la bourse pour le secteur sportif, en prévision des Jeux d’Asie du sud-est (SEA Games) organisés en Birmanie en fin d’année et qui sont aussi importants dans la région qu’anecdotiques pour le reste du monde.
Le pays espère ajouter en culturisme plusieurs médailles à une collection déjà conséquente. Car malgré une culture conservatrice et une morphologie plutôt petite, les Birmans ont accumulé les victoires dans cette discipline des plus exhibitionnistes, popularisée par Arnold Schwarzenegger dans les années 1970.
Derrière ce palmarès se cache pourtant un malaise profond, selon les culturistes. Le manque criant de financement ces dernières années les a laissés sans salles décentes, ni programmes d’entraînement ou de nutrition adéquats.
Comme ses concurrents, Tint Lwin a besoin d’un régime hyper-protéiné et de suppléments nutritionnels pour supporter les quatre à six heures d’exercices quotidiens.
Mais “l’argent que je gagne en travaillant n’est pas suffisant pour une seule bouteille des vitamines dont j’ai besoin pour m’entraîner”, souligne ce chauffeur de camion de 32 ans, lors des sélections pour les SEA Games à Rangoun.
“Le sport va grandir (...). Les responsables nous aident à devenir meilleurs. Ça viendra”, poursuit-il pourtant, pendant qu’un assistant applique sur son corps une couche finale d’huile cuivrée nauséabonde, à l’aide d’un rouleau à peinture.
Et si les rumeurs vont vite pour accuser tel ou tel de se doper aux stéroïdes, leur coût très élevé et la difficulté d’en faire venir à Rangoun rendent l’hypothèse pour l’heure assez incertaine.
Il n’est pas de sport birman qui n’ait souffert de la junte. L’équipe nationale de foot a ainsi brillé au niveau régional dans les années 60 et 70 avant de s’effondrer dans l’anonymat et la médiocrité.
La décadence du culturisme a peut-être été moins brutale, parce que partie de moins loin. Mais le déclin a malgré tout été vivement ressenti par ceux qui jadis étaient adulés dans les écoles et les universités, lors de tournées mettant en scène muscles et machisme décomplexé.
Après la révolte étudiante de 1988 réprimée dans le sang, ces spectacles se sont espacés, victimes de la paranoïa de la junte envers les activités de la jeunesse. Et il aura fallu les Sea Games, symboles du retour en grâce international du pays sur la scène régionale, pour que les body-builders refassent leur apparition ces dernières années.
“Les meilleurs culturistes sont très célèbres ici”, relève Oak Tharkyaw, étudiant de 19 ans, qui donne de la voix avec quelque 150 autres fans venus assister aux sélections.
“C’est un sport sain, cela construit la confiance en soi et la force”, dit-il. Comble de malchance, “le seul problème, c’est que les filles ici préfèrent le look petit et maigrichon des stars de la pop coréenne”.


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