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« C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu de morts», nous a confié l’un des habitants de ce quartier populaire. On a vécu une dizaine de minutes d’horreur et de barbarie. Etre témoin direct d’une scène de violence dépasse de loin ce qu’on voit sur nos écrans de Smartphones ou d’ordinateurs ». Pas le temps d’en dire plus. Un autre jeune du même quartier enchaîne : « Nous avons vécu les pires moments de notre vie. Je n’ai jamais eu peur de ma vie autant qu’hier. C’était effroyable », nous a-t-il lancé.
Selon plusieurs témoignages, les affrontements ont commencé vers 17h00 lorsqu’une bande de jeunes a été rattrapée par une autre également armée de couteaux, de sabres et de bâtons. L’un des deux gangs rivaux, le plus nombreux, a commencé à saccager les vitres des voitures avant de lancer l’assaut contre le premier. L’affrontement n’a pas duré longtemps puisqu’une grande partie des membres du premier gang a réussi à prendre la poudre d’escampette sauf un qui n’a pu s’échapper. « Ce jeune homme a échappé à une mort certaine. C’est un miraculé », s’est exclamé l’un des jeunes du quartier. Et de préciser : « Il a reçu plusieurs coups de couteau et de sabre sur les avant-bras et les cuisses. Il a été attaqué à plusieurs reprises et à tour de rôle. La scène a été d’une violence inouïe. Il y avait du sang partout. Je n’arrive pas à comprendre le pourquoi d’une telle barbarie et d’une telle cruauté. Je crois que ce qui est advenu dépasse de loin le simple affrontement entre supporteurs de deux clubs rivaux. D’autant que ces voyous sont encore des adolescents. Ça m’a rappelé les terribles scènes de la guerre des gangs de certains pays de l’Amérique Latine ».
Concernant les causes de cet affrontement sanglant, plusieurs témoins ont évoqué un règlement de comptes ou une vengeance des supporteurs rajaouis après que l’un d’entre eux ait été attaqué quelques heures auparavant dans le même quartier. « Les attaques et les contre-attaques entre ces supporters sont devenues monnaie courante, peu importe le lieu et le temps. C’est un cercle vicieux », a commenté l’un des supporteurs rajaouis. Et d’ajouter : «Les personnes attaquées aujourd’hui vont sûrement se venger demain ou après-demain ».
En attendant un autre drame, les habitants de ce quartier populaire sont remontés contre les autorités locales et ne se sentent plus en sécurité, d’autant que ce drame est le deuxième du genre survenu en l’espace de quelques mois. « Nous avons cru que le pire est passé et que le drame de la dernière fois est derrière nous, mais la menace plane toujours sur nos têtes. On sent qu’on est visé dans notre intégrité physique », nous a expliqué un père de famille qui a vu les vitres de sa voiture brisées par l’une des bandes rivales. Et de poursuivre : « Nous ressentions déjà qu’il y avait de l’insécurité dans notre quartier mais ce qui vient d’arriver complique davantage la situation. Faut-il s’attendre au pire, qu’à Dieu ne plaise ?».
Le cri de détresse des habitants de ce quartier n’est pas le seul. En effet, nombreux sont les Marocains qui demandent l’éradication de ce fléau vu le nombre de morts et de blessés graves qu’il a générés ainsi que son impact sur la sécurité et la sérénité des citoyens. Dans un récent entretien accordé au site d’information huffpostmaghreb, Abderrahim Bourkia, sociologue et enseignant-chercheur à Mundiapolis, estime que la solution de ce problème exige une réflexion profonde impliquant l’ensemble des acteurs de la société (famille, école, associations, supporters).
Selon lui, l’approche sécuritaire (ou politique) visant à contenir les foules a des effets court-termistes qui ne s’attaquent pas aux origines du fléau sans parler du fait qu’il y a un manque de moyens techniques et humains pour aller plus loin dans l’éradication de cette anomie. « On ne peut s’en sortir qu’avec une combinaison de facteurs socioéconomiques à moyen et à long termes. On ne peut pas, non plus, s’attaquer à la violence urbaine (dans les stades ou autres) que d’une manière rationnelle. Il faut impliquer les jeunes, surtout ceux qui sont marginalisés au sein de la société. Et il est tout aussi nécessaire d’élaborer des stratégies dédiées aux jeunes écoliers et aux préadolescents pour leur ouvrir des perspectives leur évitant de se transformer en “caïds de quartiers” qui s’adonnent au “tcharmil” (agression physique violente) », a-t-il affirmé.
Et de conclure : « Il est impératif d’instaurer une justice sociale et de garantir un accès à l’éducation pour tous, ainsi qu’aux activités sportives et culturelles. Cela pourrait paraître un peu démagogique, mais on ne peut s’en sortir qu’avec ce projet de construction d’une société solide et par un investissement gagnant/gagnant pour notre jeunesse et notre pays. Car les causes du fléau sont liées davantage aux contextes socioéconomiques du pays qu’à autre chose. Les actes de violence révèlent une partie des problèmes et des maux qui rongent notre société. C’est le corps social lui-même qui les produit et les nourrit ».