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Les gens cultivés vont à la mosquée, les autres regardent les feuilletonsL’islamiste Bassima Haqqaoui tente de justifier la baisse de popularité du chef du gouvernementNarjis Rerhaye
Mardi 22 Juillet 2014
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«Les gens cultivés vont à la mosquée». Bassima Haqqaoui a franchi le Rubicond, faisant de ceux et celles qui ne se rendent pas à la mosquée en ces temps de Tarrawih au moins des incultes. C’est ce qu’a décrété la ministre islamiste de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, qui était l’invitée de l’émission «Avec ou sans parure», diffusée sur Luxe Radio. Interrogée sur le faible taux d’audience du bilan d’étape à mi-mandat effectué par Abdelilah Benkirane devant les parlementaires –la prestation du chef du gouvernement a été suivie par à peine 5% des téléspectateurs-, Bassima Haqqaoui a puisé ses explications et justifications dans un discours religieux qui a très peu à voir avec la politique et l’action gouvernementale. "Le soir de la déclaration de mi-mandat de Benkirane au Parlement, les gens cultivés et ceux qui s’intéressent à la politique étaient à la mosquée pour accomplir les Tarrawih. Il n'y avait que les fillettes et les bonnes, ce qui explique le faible taux de 5% d'audience", a-t-elle expliqué. On s’en souvient, le chef de l’Exécutif a présenté son bilan gouvernemental à mi mandat devant les parlementaires des deux Chambres réunies le 8 juillet courant, à 22 heures. 5% à peine des Marocains et Marocaines ont regardé Benkirane présenter un bilan qu’il a lui-même qualifié «d’honorable et rassurant». Finie la popularité d’un chef de gouvernement qui crevait l’écran et battait des records d’audience. Pas question pour la ministre islamiste de reconnaître cette baisse de la cote de popularité. Si Benkirane n’a pas été suivi à la télé le jour de son passage au Parlement, c’est qu’il avait un concurrent de taille, «les prières de Tarrawih». «Le PJD est égal à lui-même. Il convoque la religion pour couper court à tout débat. Mme Haqqaoui semble nous dire aujourd’hui qu’il y a Dieu puis Benkirane». Le propos est scandaleux. Et très vite la Toile s’est enflammée. Seules les personnes cultivées vont à la mosquée. Celles censées suivre Benkirane et son bilan d’étape à mi-mandat faisaient leurs prières dans les lieux de culte. Les autres, les incultes, les bonnes et les fillettes, ces catégories innommables, ont préféré suivre des séries (mexicaines?) à la télévision. «Et de toutes les façons, ces incultes qui n’ont pas été à la mosquée ne sont pas concernés par la chose publique. Voilà ce que pense Bassima Haqqaoui qui n’en est pas à son premier dérapage». Après ses déclarations sur les mineures qui doivent épouser leurs violeurs ou encore ces ONG féminines qui portent atteinte à l’image du Maroc, Bassima Haqqaoui est encore plus vraie que nature en faisant de la récupération religieuse. Elle va encore plus loin lorsqu’elle déclare, toujours sur les ondes de Luxe Radio, que ces fameuses personnes cultivées et s’intéressant à la politique qui sont à la mosquée ont enregistré la prestation de M. Benkirane. «Je les connais personnellement», a-t-elle ajouté sans coup férir. «Soit Mme Haqqaoui a un super carnet d’adresses digne des services puisqu’elle connaît tous ceux qui aiment la politique mais accomplissent les Tarrawih, soit elle est prête à dire n’importe quoi pour justifier le fait que le chef du gouvernement a été boudé par les Marocains. Qui a dit que l’enfer était pavé de bonnes intentions?» ironise ce député socialiste. Reste aussi le plus grave. La ministre islamiste a jeté l’anathème sur ceux et celles qui n’accomplissent pas les Tarrawih à la mosquée. Des personnes sans culture, à la foi chancelante, qui préfèrent les feuilletons à la mosquée et à Benkirane. «Comment une responsable gouvernementale peut-elle porter un tel jugement? Qui l’autorise à se faire gardien de nos consciences et de notre foi?», s’interroge cette activiste du mouvement féminin. Si les déclarations de Bassima Haqqaoui sont dangereuses, elles ont le mérite de préciser plus encore les contours du projet de société que portent les islamistes du PJD. Une société où les femmes-lustres sont recluses dans leurs maisons pour élever les enfants, où les personnes cultivées sont à la mosquée et où les fillettes et les bonnes regardent les feuilletons à l’eau de rose. Avec Benkirane et ses ouailles, le Moyen âge, c’est maintenant !
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