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La conclusion de cet accord négocié par le biais d'une médiation du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, a été annoncée par une source proche des négociations avant d'être confirmée par un responsable américain et que le président élu américain Donald Trump annonce "un accord sur les otages au Moyen-Orient".
A Deir el-Balah, dans le centre du petit territoire, des centaines de personnes ont vite manifesté leur joie devant l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa, où tant de morts ont afflué depuis le début de la guerre, en dansant, brandissant des drapeaux palestiniens ou prenant des photos.
Plusieurs rassemblements spontanés ont eu lieu dans d'autres localités, selon des journalistes de l'AFP sur place ou des témoins joints par téléphone avant que le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'annonce que des points restaient à régler, tout en disant espérer boucler les négociations dans la nuit.
La trêve a finalement été confirmée par le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et doit entrer en vigueur dimanche.
Au cours d'une première étape, qui doit durer 42 jours, 33 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas ayant déclenché la guerre seront libérés, a-t-il ajouté.
A Deir el-Balah, un homme et un journaliste portant un gilet pare-balles sont soulevés sur les épaules de la foule pour une interview au-dessus des Palestiniens en liesse.
Alors qu'arrive une ambulance, des "Allahou Akbar !" ("Dieu est le plus grand !") fusent au milieu d'hommes et de femmes tout sourire.
De jeunes enfants, certains semblant perdus au milieu de cette agitation, sont là aussi, au spectacle, déambulant entre les adultes.
Un groupe de jeunes garçons, d'une dizaine d'années, entonne un chant populaire de résistance, aussitôt filmés par une escouade de téléphones portables.
Jointe par téléphone dans le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, Randa Samih, une déplacée originaire de Gaza-ville, peine à contenir son émotion.
"Je n'arrive pas à croire que ce cauchemar qui dure depuis plus d'un an commence à toucher à sa fin", dit cette Palestinienne de 45 ans. "Nous avons perdu tant de monde, nous avons tout perdu."
"Nous avons besoin de beaucoup de repos. Dès que la trêve aura commencé, j'irai au cimetière pour rendre visite à mon frère et à plusieurs parents", ajoute-t-elle.
"Nous les avons enterrés au cimetière de Deir el-Balah sans sépulture convenable. Nous érigerons de nouvelles tombes, sur lesquelles nous inscrirons leurs noms".
Abdelkarim, un habitant de Gaza âgé de 27 ans, dit éprouver "de la joie en dépit de tout ce que nous avons perdu".
"Nous allons revenir à la vie. Je n'arrive pas à croire que je vais enfin revoir ma femme et mes deux enfants qui sont partis vers le sud il y a plus d'un an", ajoute-t-il, disant espérer "que les déplacés seront rapidement autorisés à rentrer".
A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des centaines de personnes se sont rassemblées également, en chantant au son de tambours, selon un photographe de l'AFP qui a constaté la présence d'hommes en armes.
Devant l'hôpital al-Ahli de la ville de Gaza, qui ne fonctionne plus que partiellement en raison des importantes pénuries accablant le territoire, des dizaines de personnes se sont rassemblées, affichant pour beaucoup un large sourire.
Confiant éprouver des "sentiments mêlés", Khamis Al-Assi, un médecin encore vêtu de sa tenue d'hôpital, dit espérer que "la joie se répandra dans toutes les maisons".
A côté, Fadl Naeem liste les proches qu'il a perdus depuis le début de la guerre au cours de laquelle plus de 46.707 personnes ont été tuées, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.
"Je vais installer la tente devant ma maison et j'attendrai la reconstruction", conclut cet homme déplacé par les combats comme la quasi-totalité des habitants de la bande de Gaza.
Les célébrations étaient plus modestes sur la place centrale de Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, où les automobilistes klaxonnaient en passant près d'un petit groupe de personnes distribuant des pâtisseries.
"Ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de victoire se trompent : il y a une victoire incontestable", a déclaré à l'AFP Omar Assaf, un habitant de la ville, "car l'ennemi a échoué dans tous ses objectifs, tandis que la résistance conserve toute sa force".
Ce que l'on sait sur l'accord de trêve entre Israël et le Hamas
Le Hamas doit libérer 33 otages retenus à Gaza en échange de la libération d'environ 1.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël pendant la première étape d'un accord de trêve annoncé mercredi et qui entrera en vigueur dimanche, ont rapporté les médiateurs qatari et américains.
Les médiateurs - Qatar, Egypte, Etats-Unis - ont intensifié les efforts ces dernières semaines pour finaliser un tel accord, après 15 mois de guerre à Gaza entre Israël et le Hamas, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
Le Qatar a affirmé mercredi qu'"un accord a été conclu" entre Israël et le Hamas "pour un cessez-le-feu" dans la bande de Gaza ainsi qu'"un échange d'otages (israéliens) et de prisonniers" palestiniens tandis que les Etats-Unis ont annoncé un cessez-le-feu "entier et total" à Gaza.
"L'accord entrera en vigueur le dimanche 19 janvier", a précisé le Premier ministre du Qatar selon lequel "un mécanisme de suivi sera mis en place, géré par l'Egypte, le Qatar et les Etats-Unis" et "basé au Caire".
Voici les principaux points de l'accord révélé par le président américain sortant, Joe Biden et le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
"La phase un durera six semaines. Elle comprendra un cessez-le-feu complet, le retrait des forces israéliennes de toutes les zones peuplées de Gaza et la libération d'un certain nombre d'otages détenus par le Hamas, y compris des femmes, des personnes âgées et des blessés", a annoncé le président américain.
Lors de cette première phase, "le Hamas libérera 33 captifs israéliens parmi lesquels des femmes (...), des enfants, des personnes âgées, des malades civils et des blessés, en échange de prisonniers détenus dans les prisons israéliennes", a lui affirmé lors d'une conférence de presse à Doha le Premier ministre du Qatar.
"Les forces israéliennes seront ensuite positionnées le long de la frontière de Gaza, ce qui permettra l'échange de prisonniers, ainsi que l'échange de corps et le retour des personnes déplacées dans leurs domiciles", a-t-il précisé.
"En contrepartie, Israël libérera des centaines de prisonniers palestiniens", a indiqué M. Biden.
Israël avait précédemment déclaré qu'il libérerait environ 1.000 prisonniers palestiniens lors de la première phase de cet accord de trêve à Gaza, avaient rapporté mardi des sources israéliennes et palestiniennes.
Les 33 otages font partie des 94 captifs encore détenus à Gaza depuis le 7 octobre 2023, parmi lesquels 34 ont été déclarés morts par l'armée israélienne.
Selon le Times of Israel, les responsables israéliens pensent qu'ils sont tous vivants, mais le Hamas n'a pas encore confirmé.
L'aide humanitaire doit aussi augmenter pendant cette première période, qui doit permettre des négociations en vue d'arriver à la deuxième phase, à savoir "une fin définitive de la guerre", a indiqué Joe Biden.
"Les détails concernant les phases deux et trois seront finalisés lors de la mise en oeuvre de la première phase", a déclaré le Premier ministre qatari tandis que le président américain sortant a affirmé qu'"au cours des six prochaines semaines, Israël négociera les arrangements nécessaires pour passer à la phase deux, qui marquera la fin définitive de la guerre. Je le répète, une fin définitive de la guerre".
Les médias israéliens ont rapporté qu'en vertu de l'accord, Israël maintiendrait une zone tampon à Gaza pendant la première phase.
Les forces israéliennes devraient rester présentes jusqu'à "800 mètres en profondeur de la bande de Gaza, sur une zone allant de Rafah au sud jusqu'à Beit Hanoun au nord", selon une source proche du Hamas.
Israël ne quittera "pas Gaza tant que tous les otages ne seront pas rentrés, les vivants et les morts", avait déclaré un responsable israélien avant l'annonce de l'accord.
"Lorsque la phase deux commencera, il y aura un échange pour la libération des otages restants encore vivants, y compris les soldats hommes, et toutes les forces israéliennes restantes se retireront de Gaza. Le cessez-le-feu temporaire deviendra alors permanent", a affirmé M. Biden.
Les précédentes négociations ont buté sur plusieurs questions: la durée d'un cessez-le-feu, l'ampleur de l'aide humanitaire autorisée à entrer à Gaza, la logistique du retour des déplacés palestiniens, le retrait des troupes israéliennes et la gouvernance de Gaza après-guerre.
On ignore si des compromis ont été trouvés sur ces désaccords.
"En phase trois, les restes des otages décédés (durant leur captivité) seront remis à leurs familles, et un grand plan de reconstruction pour Gaza sera lancé", a affirmé le président américain sans en préciser les modalités.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est fermement opposé à un retrait total des troupes de Gaza et refuse que le territoire soit administré par le Hamas ou l'Autorité palestinienne à l'issue de la guerre.