-
Les communes de Lagouira et Dakar s’engagent à renforcer leur coopération décentralisée
-
Le soutien exceptionnel au secteur de la presse et de l'édition prendra fin mars prochain
-
Appel pour une approche scientifique et juridique bien réfléchie dans l'élaboration du nouveau Code de la famille
-
14ème Conférence des ministres arabes de l’Education à Doha : Adoption d'un document de référence pour renforcer l’enseignement inclusif
-
La Grande Mosquée de Paris antre de la propagande algérienne
La majorité des routes menant vers ce quartier ont été coupées à la circulation et plusieurs commerces ont préféré baisser les rideaux par crainte de débordements.
Tout à côté, des éléments de la police et des forces anti-émeute armés jusqu’aux dents épient les manifestants. De temps en temps, quelques hommes armés échangent avec des manifestants, question de les convaincre de l’illégalité de leur rassemblement. Mais les protestataires n’ont pas l’air d’être convaincus et semblent déterminés à poursuivre leur manifestation sur la voie publique.
Le ton monte d’un cran et les esprits commencent à s’échauffer. Et la réponse des forces de l’ordre n’a pas tardé à se manifester.
Dans l’une des ruelles, des centaines de forces anti-émeute font claquer leurs matraques avant de charger les manifestants qui se sont mis à courir et à crier. Des dizaines de personnes ont été frappées au visage, aux genoux ou au dos. L’intervention policière a été musclée, atroce et dure à supporter. Les dizaines de blessés acheminés vers l’hôpital provincial de Ben M’Sick par les agents de la Protection civile ou aidés par des proches l’attestent.
Beaucoup de blessés ont quitté l’hôpital le soir même avec des pansements sur la tête ou autour des jambes, d’autres avec des douleurs physiques et beaucoup de questions sur le sens d’une telle violence.
Plusieurs journalistes ont été également malmenés voire tabassés par les forces de l’ordre. Certaines rumeurs ont fait état du tabassage de Nabil Ayouch, le cinéaste, mais elles sont difficiles à vérifier. Le blocus imposé par les policiers à l’entrée de l’hôpital a fait de toute tentative de vérification une vraie aventure.
Les dizaines de policiers postés devant les portes de cet établissement interdisant aux journalistes et aux simples citoyens d’y accéder ont fait de cet hôpital une vraie forteresse.
Le Mouvement du 20 février a l’air de perdre son âme et de s’être détourné de ses objectifs initiaux. Les membres d’Al Adl Wal Ihssane semblent avoir réussi à confisquer le mouvement à ses promoteurs. Ils le contrôlent désormais et se considèrent comme son fer de lance.
Pourtant, le fait de déplacer les manifestations vers les quartiers populaires n’aura pas donné les fruits escomptés. Ici, la vie semble poursuivre son rythme normal et les gens ont l’air préoccupés par leur quotidien. C’est le cas de ces jeunes Rajaouis qui fêtaient leur victoire dans la joie et la bonne humeur ou ces hommes d’un certain âge qui jouaient aux dames ou aux cartes alors que la chasse aux manifestants par les forces de l’ordre, battait son plein.
Manifester ne fait pas partie du programme des habitants de ce quartier. Ils se contentent de suivre de loin les manifestations et évitent de trop se rapprocher des policiers. La forme des matraques et l’image de ces derniers, armés jusqu’aux dents, leur font peur.
Comme beaucoup de Marocains, les habitants de Sbata craignent le désordre et le chaos. Les souvenirs pénibles et atroces des émeutes de 1981 hantent encore les esprits. Les douloureux souvenirs des années de plomb sont encore présents dans les esprits et la peur du Makhzen est encore vivace. Tous espèrent certes des changements, mais dans le calme et la sérénité.