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En République démocratique du Congo, des élections présidentielle, législatives, provinciales et municipales sont prévues le 20 décembre.
Le président sortant, Félix Tshisekedi, arrivé au pouvoir en janvier 2019 après des élections controversées, est candidat à sa succession, face à une vingtaine d'autres postulants, dont seuls quelques uns battent réellement campagne, en fonction de leurs moyens et de leur implantation politique.
L'immense pays d'Afrique centrale aux quelque 100 millions d'habitants a une histoire politique agitée, souvent violente, et ses premières élections pluralistes ne datent que de 2006. "Le Congo est en train de consolider sa démocratie", déclarait récemment le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
Depuis le début du processus électoral, le soupçon plane sur sa transparence. La composition de la commission électorale (Céni) et de la Cour constitutionnelle fait polémique, l'opposition accusant le pouvoir d'avoir placé ses hommes dans ces institutions cruciales. Une contestation des résultats est donc à craindre.
Mais au-delà du fond politique du dossier, ces élections sont un réel défi technique et logistique dans un pays de forêts et de cours d'eau de 2,3 millions de km2, qui compte très peu de routes, où le chemin de fer date des colons belges et où l'insécurité transforme certains territoires en zones interdites.
Il y a plus d'un an, le président de la Céni, Denis Kadima, annonçait la date du 20 décembre 2023 pour l'organisation des élections dans les délais constitutionnels et déroulait un calendrier qui, jusqu'à présent, a été globalement tenu. A la surprise de nombre de Congolais, convaincus encore aujourd'hui qu'un "glissement" - un report - n'est pas à exclure.
"Jour J-14", disaient mercredi des messages diffusés par la Céni en réponse aux sceptiques. La veille, une responsable avait fait la tournée de plusieurs "antennes" de la Commission dans la capitale, où des extraits de la liste électorale ont été affichés sur de grands panneaux que peuvent venir consulter les électeurs.
Mais ce n'est pas tant pour scruter ces listes que les électeurs se pressent, que pour obtenir des duplicatas de leurs cartes d'électeur. De décembre à mars derniers a eu lieu l'"enrôlement", c'est-à-dire l'enregistrement des électeurs, assorti de la délivrance d'une carte.
Les Congolais ont patienté dans les centres d'enrôlement, se sont fait prendre en photo et ont obtenu leur carte d'électeur qui, en plus de leur permettre de voter, leur sert de carte d'identité, dans un pays où les derniers spécimens de ce type de document datent de Mobutu Sese Seko, le dictateur renversé en 1997 après 32 ans de règne.
Mais, problème, les photos et écritures se sont effacées depuis lors sur un nombre conséquent de lots défectueux de cartes et les gens doivent, depuis plusieurs semaines, faire des démarches pour en avoir de nouvelles, avec toutes les tracasseries afférentes.
Félix Tshisekedi lui-même déplorait mi-novembre que la délivrance de ces cartes soit monnayée par certains agents indélicats. "Je suis là depuis 09H30", lâche Grégoire-Dieudonné Kaykolongo, agronome de 75 ans, en montrant à l'AFP la carte désormais vierge qu'il vient faire remplacer dans une antenne de la Céni installée dans le bureau communal de Lingwala, dans le nord de Kinshasa.
"Je ne peux pas voter avec une carte pareille", se désole-t-il. Il est 15H00 passées et des dizaines d'autres Kinois attendent, patiemment, de recevoir leur nouveau document. A l'intérieur, des agents s'activent, impriment et collent.
Observant l'affichage des listes et le travail en cours, Joseph Mwendanga, candidat aux législatives, se dit "rassuré". "J'étais inquiet, je ne pensais pas qu'il y aurait des élections...", dit-il.