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«Le nombre des victimes avancé par cette ONG reste improbable, voire inimaginable. D’autant que le rapport donne peu d’informations sur ses sources et sur sa méthodologie », nous a indiqué Said Mchak, chercheur en droit international de la migration. Et de poursuivre : « Ceci d’autant plus que même le dernier rapport annuel du département d'Etat américain sur la traite des personnes a été incapable, malgré les moyens dont ce département dispose, de fournir des statistiques sur ce phénomène. Il s’est contenté de rappeler les chiffres d’une étude menée en 2015 par le gouvernement marocain avec le soutien d'une organisation internationale et afférent à la situation des enfants exploités dans le cadre du travail domestique, de la mendicité et du trafic sexuel ainsi que sur certaines femmes marocaines forcées de se prostituer par des membres de leurs familles ou par d'autres intermédiaires ». En fait, les rédacteurs de ce document ont estimé que malgré la mise en œuvre d’un système interministériel de coordination des politiques et programmes de lutte contre la traite des êtres humains et la création d’une unité spécialisée, il n’en demeure pas moins que le gouvernement marocain n’a rien fait au niveau de la mise en place et du financement des services de protection pour les victimes de cette traite ainsi qu’au niveau de l’identification et de la recherche des victimes, en particulier parmi les migrants irréguliers qui sont très vulnérables à la traite au Maroc et que notre pays est demeuré, au cours des cinq dernières années, une source, une destination et un pays de transit pour les hommes, les femmes et les enfants soumis au travail forcé et au trafic sexuel.
«Même notre ministère de la Justice ne dispose pas de statistiques faibles sur le phénomène. Il y a un vrai problème d’identification des victimes et de différenciation des cas. En fait, ce sujet est très complexe et ses contours sont difficiles à délimiter. De plus, les rapports confondent souvent la traite des êtres humains avec le trafic humain ou avec de simples situations d’exploitation », nous a précisé notre source. Et d’ajouter : « La société civile marocaine ne dispose pas non plus de données chiffrées sur le sujet et elle manque d’expertise en la matière. Les autorités locales ont constaté ce déficit et tentent de le combler en dispensant des formations destinées à renforcer les capacités des ONG en matière d’analyse et d’identification ».
Même évaluation de la part de Hassan Ammari, défenseur des droits de l’Homme et militant d’Alarmphone Watch the Med qui s’interroge, lui-aussi, sur le bien-fondé de ce rapport. « On se demande si ce document a été élaboré sur la base d’une étude de terrain, quels sont ses critères et selon quelle définition du sujet ». Et de poursuivre : «Le rapport parle-t-il du cas des femmes de ménage marocaines dans les pays du Golfe ou de celui des femmes qui font la cueillette des fraises en Espagne ou de qui précisément ? ».
Une situation des plus complexes puisque l’ONG Walk Free ne donne pas de définition claire et précise de l’esclavagisme et se contente de définir les victimes de ce fléau comme des personnes «utilisées et dominées par quelqu’un d’autre pour en tirer profit, exploitation sexuelle ou simple jouissance de domination». Donc, on est face à un phénomène aux formes multiples, mal connu, pas toujours facile à identifier et encore moins à quantifier.
Selon la plateforme d’information humanrights.ch, après l’interdiction de l’esclavage traditionnel, la signification du mot « esclavage » s’est élargie et l’on parle aujourd’hui d’esclavage moderne lorsqu’une personne est contrôlée par une autre dans un objectif d’exploitation économique et que ce contrôle est maintenu par la violence et l’exercice d’un pouvoir. « La notion d’esclavage moderne n’est pas définie de façon restrictive, mais constitue un terme générique regroupant diverses pratiques, telles que le travail forcé, l’esclavage pour dettes, la prostitution forcée, le mariage forcé et le trafic d’êtres humains. C’est pourquoi, plus que d’esclavage moderne, l’on parle de formes modernes (ou contemporaines) d’esclavage. Aussi variées que puissent être les formes d’exploitation regroupées sous cette appellation, elles ont en commun que celles et ceux qui y sont soumis par la menace, la violence, l’intimidation, ou encore par des moyens plus subtils tels que la manipulation des dettes, la rétention des papiers d’identité ou la menace de dénonciation, ne peuvent s’en sortir seul-e-s », a expliqué la plateforme.
L’esclavage en version moderne
La servitude pour dette est quant à elle l’une des formes contemporaines d’esclavage les plus répandues. Dans les pays où elle est pratiquée, notamment en Inde mais aussi dans de nombreux autres pays d’Asie, des propriétaires/entrepreneurs-euses, prêtent des sommes d’argent en échange d’un travail. Les intérêts fixés sont cependant si élevés que les personnes en question ne parviennent jamais à rembourser des montants pourtant dérisoires.
L’esclavage sexuel est également une réalité moderne. D’après un rapport de l’OIT paru en 2017, 4,8 millions de personnes sur terre seraient exploitées sexuellement, dont 99% de femmes. En outre, un peu plus de 20% des victimes sont mineures.
Le mariage forcé compte lui aussi parmi les formes de l’esclavage moderne, bien qu’il constitue une pratique culturelle établie dans de nombreux pays. Les raisons menant à de tels mariages sont multiples. Il s’agit le plus souvent de vendre des jeunes filles pour soulager financièrement ou enrichir la famille, ou encore pour payer des dettes.
Alors que près d’un quart des esclaves sont des enfants, le travail de ces derniers est lui aussi une facette de l’esclavage contemporain. Ils sont le plus souvent utilisés pour des travaux domestiques, comme les très nombreux «restaveks» en Haïti ou dans les champs de cacao et de coton. Sans parler des nombreux mineurs victimes de prostitution forcée. Les enfants soldats constituent aussi une «nouvelle» catégorie d’asservis, notamment au Congo et au Sud Soudan.
Source : www.humanrights.ch/fr