Les cavaliers des Jbalas à l'heure du Festival international “Mata”


Mustapha Elouizi
Vendredi 11 Mai 2018

Le rendez-vous de "Mata" est déjà pris. Du 11 au 13 mai 2018, ce Festival international initié sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, offre à ses fidèles l'occasion  de célébrer les jeux de sports équestres, à l'occasion de la 8ème édition organisée à Zniyed dans la province de Larache.
Placée sous le signe: "Mata, patrimoine civilisationnel, enjeu de développement économique", cette manifestation, créée il y a 8 ans et organisée par l’Association Alamia Laaroussia pour l’action sociale et culturelle, en partenariat avec le Festival international de la diversité culturelle de l’Unesco, a pour objectif de sauvegarder un patrimoine équestre ancestral de la région Nord du Maroc.
Cette compétition contribue, selon un communiqué des organisateurs, au développement économique et touristique ainsi qu’à la promotion des produits du terroir et de l’artisanat de la région du Nord du Royaume, dont les atouts innombrables sont à découvrir et à redécouvrir.
Le “Mata” tel que le pratiquent les cavaliers Jbalas, est une compétition d’honneur où l’enjeu est de voler la poupée “Mata” afin de la ramener à son village. La tactique, la ruse, la force et l’endurance sont nécessaires pour gagner !
Le programme de ce festival, ajoute la même source, comportera, en plus du jeu, des expositions des produits du terroir et d’artisanat, des soirées artistiques ainsi que des rencontres culturelles.
Les organisateurs rappellent également que lors de l’édition précédente, le festival a drainé durant 3 jours près de 150.000 visiteurs venus renouer ou découvrir les traditions et l’héritage ancestral de la région, avec la participation de 220 cavaliers de différentes tribus. Il a également rassemblé 50 coopératives et proposé une programmation musicale réunissant des artistes très populaires tels que Said Senhaji, Fouad Zbadi ou encore Saida Charaf...

“Mata”, un patrimoine mondial
Tout autour du jbel Allam, les paysans accueillaient le printemps en pratiquant ce jeu particulièrement original qui fait appel au courage, à l’adresse, à la souplesse, à la délicatesse, à l’intelligence et à la finesse de ceux qui s’y adonnent. C’est un jeu où cheval et cavalier, en parfaite symbiose, célèbrent une complicité légendaire, mettant en exergue surtout la culture ancestrale d’une région extraordinaire. Ce jeu, les Jbalas l’ont baptisé du nom de “Mata”.
Aujourd’hui encore, et pratiquement tous les ans, la tradition est jalousement préservée par les tribus de Bni Arous et les règles du jeu sont scrupuleusement respectées : après le criblage des champs de blé, au village d’Aznid d’abord, puis dans d’autres, jeunes filles et femmes de la tribu à qui on confie cette opération l’accompagnent de leurs chants, de leurs youyous et de leurs fameux a ‘iyou’, au son des ghaitas et des tambours spécifiques à la région.
Ce sont ces mêmes femmes qui fabriquent, avec des roseaux et des tissus, la poupée que vont se disputer les plus braves cavaliers du pays Jbala ; région où l’art de monter les chevaux, de les élever et de les dresser est une spécificité culturelle. Les cavaliers qui participent au jeu doivent monter  à dos de cheval, habillés de jellabas et amamas ancestraux. Selon la tradition orale, le vainqueur du jeu est celui qui, usant de son adresse et de sa hardiesse, saura arracher la poupée aux autres cavaliers et l’emporter au loin. Une suprême récompense lui est alors attribuée: On le marie à la plus belle fille de la tribu.
Ledit jeu est probablement inspiré du Bouzkachi, un jeu similaire mais plus violent, importé, selon la légende, par Moulay Abdeslam Ibn Mashich lors de sa visite à Ibn Boukhari. Le Bouzkachi pratiqué en Afghanistan a pour enjeu le cadavre d’une chèvre que se disputent les cavaliers dans des joutes brutales qui font souvent de nombreux blessés.
Ce rendez-vous annuel célèbre une culture ancestrale à travers laquelle s’expriment le sens de l’honneur réhabilité, la foi enracinée, le patriotisme comme école soufie, spirituelle et valeur universelle ; tout l’héritage humaniste légué par le grand Quotb Moulay Abdeslam Ibn Mashich aux Chorfas alamiyines, à la Tarika Mashichiya Shadhiliya et aux habitants de cette région exceptionnelle.


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