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Qu’en est-il des causes derrière le déclenchement du feu ? « Sincèrement, je ne sais rien », « J’étais absent du campement hier », « j’étais à Rabat », « J’étais au travail »… Tels ont été les mots d’ordre partagés par les migrants irréguliers interviewés. Certains ont refusé catégoriquement d’en parler. Pourtant, les rares témoins qui ont accepté de s’exprimer ont été unanimes à accuser certains jeunes Marocains qui ont l’habitude de squatter les lieux d’avoir provoqué l’incendie en jouant avec de l’alcool. « Il suffit d’une allumette pour faire des ravages. En effet, les abris sont construits en matière plastique, en carton et en bois, des matières hautement inflammables », nous a précisé un migrant camerounais. Et d’ajouter : « l’intervention des pompiers a permis de maîtriser le feu et de minimiser les dégâts. Sinon, il y aurait eu le pire. Heureusement qu’il n’y a pas eu de morts ou de blessés graves. Le seul cas qu’on a enregistré est celui d’un migrant qui a eu des brûlures au niveau du dos mais rien de grave ».
Pour notre source, l’incendie du dimanche en dit long sur la vulnérabilité et les mauvaises conditions de vie des migrants irréguliers de ce campement improvisé. « On est livré à nous-mêmes sans la moindre assistance de la part des autorités locales ou des ONG. En fait, on vit sous des tentes ou des abris en plastique ; nous n’avons pas accès à l’eau potable ni à l’électricité sans parler de l’absence de sanitaires. Pis, nous sommes interdits d’accès aux sanitaires qui se situent à l’intérieur de la gare routière d’Oulad Zyane et aux cafés alentour», nous a-t-elle raconté. Et de poursuivre : «Si quelqu’un d’entre-nous tombe malade ou s’il est blessé, il n’y a pas de soins sur place et il doit galérer pour se faire soigner. Seule l’église et quelques bienfaiteurs marocains nous prêtent main forte en nous donnant à manger, nous offrent des vêtements et nous facilitent l’accès aux soins».
Une situation qui est appelée à s’aggraver davantage avec l’arrivée de nouveaux migrants irréguliers refoulés de la ville de Fès ou de Nador.
En fait, pas plus tard qu’hier, des centaines d’entre eux ont été refoulés vers l’intérieur du pays après l’évacuation d’un local de l'Office national des chemins de fer (ONCF) jouxtant la gare principale de Fès suite à une décision de justice. « L’opération a été menée la nuit de dimanche vers 3h00 du matin. Elle était attendue par les migrants qui ont pris la fuite soit vers Tanger, Nador, Rabat ou Casablanca. Ceux qui n’ont pas les moyens sont restés sur place ou partis se cacher quelque part dans la ville », nous a indiqué Hassan Ammari, militant des droits de l’Homme et défenseur des droits des migrants. Et d’ajouter : « La décision du tribunal ne date pas d’hier. Une requête a été déposée il y a plus d’un an par l’ONCF afin de rénover ces lieux destinés accueillir un important projet local. Et il y avait une entente entre les autorités locales et les associations prévoyant qu’il n’y aurait pas d’évacuation avant de trouver une alternative pour ces migrants. Pourtant, samedi soir, on a été surpris par les forces de l’ordre qui ont bouclé le quartier et procédé à l’évacuation des lieux sans nous prévenir ».
Les migrants irréguliers de Nador ne sont pas non plus mieux lotis. Ils font depuis quelques mois l’objet de multiples descentes des forces de l’ordre qui démantèlent les camps et refoulent les migrants arrêtés vers l’intérieur du pays. Nombreux sont ceux qui ont été débarqués à Casablanca ou vers Tiznit. Les opérations de refoulement n’ont pas épargné les femmes et les enfants. Certains défenseurs des droits de l’Homme dans la région ont cité des cas de migrants en situation administrative régulière et qui ont été arrêtés et refoulés vers d’autres villes.
A propos de l’incendie de Fès
L'incendie a été circonscrit immédiatement par les éléments de la Protection civile, a affirmé la même source, relevant que 50 abris en plastique ont été consumés par les flammes.
L'incendie a engendré l'explosion de sept petites bonbonnes de gaz que les migrants utilisaient pour cuisiner, selon les autorités locales de la wilaya de la région de Fès-Meknès.
Les autorités, en coordination avec les services de police et la Commission régionale des droits de l'Homme, ont pris toutes les mesures nécessaires en vue de l'évacuation du local en question, a souligné la même source, notant que cette opération s'est déroulée dans des conditions normales.